L'enragé'

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... › Société

Fil des billets

mardi 28 juin 2011

Boutin et ses amis cathos veulent censurer les programmes scolaires

La notion de genre, enfin introduite dans quelques enseignements au lycée, est attaquée par Boutin qui ne se gêne pas pour tenter de la censurer. Ce serait "un parti-pris idéologique", donc par neutralité l'école ne devrait pas l'enseigner. Prochaine étape : qualifier l'évolutionnisme d'idéologie et le concurrencer, comme le font les étatsuniens, par l'enseignement du créationnisme.

Signez la pétition de l’Institut Émilie du Châtelet pour le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre.

mardi 26 avril 2011

Orange, le feu, mais personne ne pense qu'il faut lever le pied ?

On ignore pour l’instant les raisons de son geste. n'a pas peur d'écrire France Info. Ah bon ? On ignore pourquoi il s'est mis le feu, et pourquoi sur le parking de Orange, là où il travaillait ?

jeudi 10 février 2011

Pour Philippe Isnard, la laïcité n'est qu'un escabeau

Philippe Isnard est un professeur de l'enseignement public suspendu pour avoir forcé ses élèves à visionner une vidéo anti-avortement qualifiée de choquante et malhonnête par ceux qui se la sont farcie. Il est en outre accusé de tenir à ses élèves, depuis plusieurs années, un discours anti-avortement, anti-contraception et même de leur soutenir que la capote, encourageant la dépravation, augmenterait le risque d'être contaminé par le SIDA. Bien loin de nier, il se réjouit ouvertement de la publicité qui lui a été faite, se vantant de mettre à profit les loisirs que lui donne cette sanction pour répandre sa venimeuse parole sur le net.

De fait, une recherche sur plusieurs moteurs donnait cet automne des résultats d'à peu près un tiers de soutiens, un tiers d'indignation et le nom étant très porté, un tiers de sites sans lien avec l'affaire. Aujourd'hui, on ne trouve plus que le site prochoix (et, en cherchant bien, deux autres) pour protester contre les agissements de ce moyen-âgeux individu. Il reste toujours un tiers de sites autour d'homonymes (éleveur de chiens, expert-comptable), le reste ayant été phagocyté par les sites cathos défendant le "courageux" professeur, "injustement accusé", ou lui donnant directement la parole.

J'ai peur.

dimanche 23 août 2009

Un luxe

Dans les romans, dans les films, toujours le même luxe ; les personnages principaux sont empreints des manières "nobles" de la classe dominante, bien vêtus, ils évoluent dans des endroits spacieux et confortables, ils se font servir. Tout cela contribue à l'agrément de l'histoire, je le sais. Je m'en souviens : il y a si peu de temps, cela ne m'irritait pas comme maintenant.

Cet air qu'on leur donne, de mériter tout le respect du monde par les avantages "naturels" que confère une éducation privilégiée, justifie aussi qu'ils se permettent toutes sortes d'abus de pouvoir. Ce qui est permis à Jupiter ne l'est pas aux vaches, se lamente Io, mais personne ne l'écoute.

Pourquoi nous autres pouilleux acceptons-nous, désirons-nous qu'il en soit ainsi ? Quel plaisir y a-t-il à contempler de belles choses confisquées au seul profit de seigneurs, à voir commettre d'insolentes injustices ?

J'ai encore à l'oreille le ton de vénération avec lequel une guide prononçait, suçant ce nom comme un bonbon dur : Nicolas Perrenot de Granvelle. Un grand homme, plein de goût et d'idées modernes, qui a bâti un palais. Tout seul ? Oh, presque, il en a eu l'idée. De tous les ouvriers qui ont sué pour satisfaire son caprice, pas un mot. Cette pouilleuse était sous le charme ; tout est fait pour qu'elle le soit.

Une rage me prend, une rage à dévaster des palais d'un coup d'épaule. Tant qu'on acceptera de vivre dans le luxe par procuration, tous les Nicolas Perrenot de Granvelle du monde auront beau jeu de se servir, avec l'élégance que l'on sait, la classe comme on dit si bien.

C'est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.

mardi 28 juillet 2009

La langue riche des riches

C'est comme le bio : c'est mieux mais tout le monde n'y a pas accès, à cette langue précise et claire qui permet d'exprimer ses idées avec justesse, de développer une réflexion poussée, éventuellement pour dire du langage qu'on emploie qu'il est un outil de luxe, souvent hors de portée des mal-né's.

Le foisonnement d'une langue est évidemment réjouissant, je suis l' premier' à défendre l'inventivité langagière comme les cultures minoritaires. La domination culturelle du français classique est bien remise en cause : les patois, les argots, toutes sortes de langues et de langages ont gagné une certaine considération.

Hélas, aucun n'est aussi performant que le français classique. On ne peut pas traduire Judith Butler en créole, sans importer une grande quantité de termes inexistants en créole. Je ne crois pas que l'inverse soit vrai, qu'il existe ou puisse exister un ouvrage important, aussi cruellement intraduisible vers une langue classique.
On ne peut pas non plus dissocier l'excellence d'un outil et les avantages qu'en tirent celleux qui le possèdent.
On peut souhaiter distribuer cet outil à tou's, mais cela revient à soutenir les valeurs dominantes. J'en suis là parce que cela me semble une moins mauvaise solution.

samedi 16 mai 2009

L'urgence des urgences

Je vous engage à lire ce bilan de 18 pages effectué au début de l'année dans de nombreux services d'urgences hospitalières. L'ensemble du document est à l'avenant des extraits ci-dessous. Mais alors pourquoi le lire en entier ? Pour constater que partout la bonne volonté cesse de suffire pour pallier au manque de moyens, pour comprendre que là il est vraiment temps d'agir. Il est temps pour vous d'agir, en rejoignant le personnel hospitalier dans la rue.

Villeneuve saint Georges : Aux urgences du CHIV, nous avons déclenché une alerte d’urgences sous tension à 3 reprises, les 29 et 30 décembre 2008 et le 5 janvier 2009. Le 29 et le 5 pour plus d’une vingtaine de patients hospitalisés aux urgences. Pour la nuit du 29 (la même que celle du problème au SAMU 91), entre 3 et 4h du matin, 3 personnes ont téléphoné à 53 réa en IDF pour une femme de 75 ans décompensation de BPCO intubée ventilée, réponses négatives… nous avons fini par trouver une solution en interne en ouvrant un lit de médecine supplémentaire au 8B (normal une aile de 28 passée à 29), en montant un patient de l’UHCD dans ce lit, en descendant un patient de soins continus de réa à l’UHCD et en montant la patiente de déchoquage dans le lit d’USI transformé en lit de réa. (en fait, notre réa de 10 lits de réa et 5 lits d’USI a fini par monter à 12 lits de réa (patients tous intubés) et 3 lits d’USI.)

Vichy, le 05/01/09 Week-end cataclysmique au SAU de Vichy. 10 patients hospitalisés sur des brancards aux urgences le samedi matin (en plus des 10 patients hospitalisés aux lits portes) devenant rapidement 17 à 20 patients en attente d'hospitalisation sur des brancards au cours de la journée de ce samedi. 21 patients hospitalisés sur des brancards aux urgences le dimanche matin (en plus des 10 patients hospitalisés aux lits portes) devenant rapidement 27 à 30 patients en attente d'hospitalisation sur des brancards au cours de la journée de ce dimanche. Demande de déclenchement du plan hôpital sous tension à la Direction administrative du CH Vichy laissée sans réponse officielle (cela fait trop désordre et serait un aveu de plus de la défaillance hospitalière) même si des actions ont été entreprises en ce sens, c'est à dire réouverture de lit de chirurgie, rappel de personnels et déprogrammation chirurgicale probable. Ce lundi matin 16 patients hospitalisés sur des brancards aux Urgences. (plusieurs décès de personnes âgées et malades dans ces conditions d'accueil.) SMUR débordé : 3 interventions simultanées pour 4 praticiens sur SMUR Urgences entre 90 et 110 entrées/ jour aux Urgences (supérieur à 20 à 30% habituel) Ce lundi matin pas de place en réa Auvergne pour jeune fille de 19 ans récupérée d'arrêt cardiaque suite à une TS. Aucune place à Clermont-fd... Dernière place prise à Montargis. (Administratif prévenu) 3 heures de recherche tractation pour place au CH Montluçon par SAMU 03. (rippage de patients)

Périgueux le 12/01/09 : Ce jour aux urgences du CH Périgueux à 17h00 il y a plus de 25 malades dans le sas des urgences, aucune place de disponible dans l'hôpital (USIC et réa inclus), l'ensemble des brancards sont occupés ainsi que l'ensemble des boxs et salles d'examen du service. Les 2 médecins en postes cherchent des lits (pas des chambres, faut pas rêver) dans l'hôpital pour allonger les patients. L'administration répond : on peut rien faire et refuse de déclencher un plan blanc. Ce soir à partir de 20h30, un seul urgentiste restera à la barre du navire.

Voila la suite de la journée aux urgences du CH Périgueux : Actuellement le second urgentiste de jour (normalement on doit être 3 mais bon vu qu'on a pas besoin d'embaucher on est souvent 2...) a dû rester pour la nuit, en effet il y a actuellement 34 malades admis en UHCD (en plus des consultations) pour un service qui compte normalement 7 lits d'UHCD. L'hôpital est plein et mes collègues ont ouvert une "nouvelle aile" dans le couloir de la stérilisation de 10 lits, comme quoi en s'organisant mieux ça marche. Des personnels paramédicaux ont dû être rappelés. Les services de médecine ont été priés de faire leurs sorties demain matin et les services de chirurgie vont déprogrammer la chir réglée. Mais ce n'est bien sûr pas un plan blanc.

Poitiers, le 13/01/09 : Urgences débordées ( 20 attentes à 14h, 20 patients dans 17 boxes, des malades dans tous les couloirs)... la sécurité des patients n'est plus à l'évidence assurée ni le jour ni la nuit. Pas de lit dans l'hôpital. Ce matin les 17 boxes occupés à 8h30 faute de lits dans l'établissement. Pas de plan blanc. La situation est très précaire et surtout explosive pour les Urgentistes.

lundi 2 mars 2009

La parentalité vue de l'intérieur

Avoir des enfants implique un certain nombre de contraintes, ça tout le monde le sait. Ce que les gens qui ont des enfants ne disent pas aux autres, ne se disent même pas à eux-mêmes, semble-t-il, c'est la portée de ces contraintes.
Avoir des enfants, cela veut dire choisir entre leur vie et la nôtre. Pour élever correctement ses enfants, il faut renoncer à tout. Tout ce qui pourrait être important pour vous, bien sûr, pas votre dose quotidienne de télé, sinon personne n'aurait plus d'enfant. Même en se partageant équitablement le boulot, le temps et l'énergie qu'un enfant a besoin d'obtenir de ceux qui l'élèvent est plus que ce qu'ils peuvent lui offrir en continuant à vivre leur propre vie. Vous êtes leurs parents et personne ne le fera à votre place.
Vous pourriez vous épanouir dans la parentalité. "Mes enfants, c'est toute ma vie." me disait la maman du petit Charlie, quelques jours avant de se tuer avec eux. Je sais, c'est un argument à la Michael Moore. Eh bien faites. Consacrez-leur votre vie et répétez devant la glace pour pouvoir dire un jour "Après tout ce que j'ai fait pour toi..."
Ou alors, le choix existe, on peut assurer l'indispensable et ne pas voir qu'il manque l'essentiel. Des enfants élevés ainsi manqueront de parents, ils ne seront pas aussi heureux qu'ils devraient l'être. Qui peut laisser souffrir ses propres enfants sous ses yeux, jour après jour ? Bon, moi je peux, mais il y faut une bonne dose d'égoïsme et un bel entêtement.
L'un des deux parents au moins (l'une, probablement) devra sacrifier au bas mot une quinzaine d'années de sa vie. Et après quinze ans à ce régime, souvent il ne reste plus rien dans cette vie. Mais rassurez-vous. Si vous regardez la télévision plusieurs heures par jour, tout cela ne vous atteindra pas : vous êtes déjà mort.

samedi 7 février 2009

Enfants de la gauche Télérama

Chers parents,
vous veniez d'un milieu modeste, paysan, ouvrier. On vous fit ce présent : l'accès au savoir. Les livres, des études universitaires, tous ces trésors à qui en voudrait. Vous lûtes, donc, et vous apprîtes. Bourdieu attesta que votre soif avait de l'avenir : le capital culturel, sorte de magot, devait fructifier à travers nous, vos enfants, scellant -pensiez-vous- le destin familial. Vous nous élevâtes en pensant à nos études d'ingénieur, le réconfort de vos vieux jours. Je ricane, ce n'est pas gentil, car voici le rebondissement de l'histoire.
Les précieuses semences grandirent, gavées de science, de kultur et de la certitude de leur réussite prochaine. Sans le savoir, c'est un autre trésor plus précieux encore, dont vous nous comblâtes : nous avions le choix. Vous, c'était l'usine à laquelle vous échappiez. Nous, nous avions accès à tout, absolument tout ce qu'il nous plairait. Que serions-nous allés chercher des lauriers qui nous avaient été attribués par avance ? Que nous serions-nous jetés sur ce sale argent qui vous mettait si mal à l'aise ? Cigales nous naquîmes, de parents fourmis. Nous sommes heureux, nous sommes libres. Merci papa, merci maman. Et si vous arrêtiez de pleurer ?

samedi 10 janvier 2009

Une époque formidable

- Vous avez un emploi, Monsieur Lebowski ?

- Un quoi ?

Je voudrais vous parler de la peur. C'est un sentiment qui a son utilité, mais qui peut nous empêcher prendre de prendre les bonnes décisions. Avoir peur qu'un événement arrive est une chose, avoir peur de ce qui pourrait arriver en est une autre. Quand on a peur de quelque chose sans relativiser, quand on pense juste "Si ça arrive..." sans terminer la phrase, on se comporte comme si ce que l'on redoute était pire que tout.

Il me semble qu'une peur irrationnelle très répandue est celle de la perte d'emploi, ou de la pauvreté. Je ne dis pas que c'est une situation agréable, ni même bénigne. (Loin de moi l'idée de cautionner ainsi un gouvernement qui crée la pauvreté : comme son intérêt est aussi de créer la peur de la pauvreté, j'estime au contraire que je lui casse la baraque.) Mais au-delà d'une peur raisonnée des situations réelles que cela pourrait engendrer, je dis que les gens, beaucoup trop de gens, redoutent d'en arriver là plus qu'ils ne le devraient. Ce billet s'intitule une époque formidable, parce que ce film est un excellent exemple du scénario catastrophe qui prend dans notre esprit la place d'une anticipation rationnelle des conséquences d'une perte d'emploi.

Comment peut-on se suicider à cause d'un boulot de merde, au lieu de simplement démissionner ? Vous trouvez ça stupide ? Oui, ça l'est. Et pourtant ça arrive. J'ai compris comment, après avoir travaillé deux ans dans une ambiance oppressante de stress et de non-dits malsains, incapable de prendre la seule décision sensée : démissionner. Si je suis là pour vous en parler, ce n'est pas parce que j'ai trouvé une solution miracle. J'ai quitté ce travail, et ça n'a pas raté : je suis devenu chômeuse et pauvre. Et alors ? Et alors ? Eh bien rien de plus. Je suis vivante, je vais bien. Pendant six mois, j'ai mangé des pâtes premier prix, fait des trajets à pied pour économiser le ticket de bus, fait la queue dans toutes sortes d'endroits, usé mes vêtements jusqu'à la corde,... et retrouvé le sourire ! Ces tracas ont été un vrai nirvana comparé à mon odieuse situation précédente. Voilà ce que je voulais vous dire : on peut quitter un emploi qui ne nous convient pas. Ce n'est ni stupide ni suicidaire, au contraire. Un travail de merde n'est pas une fatalité, le chômage n'est pas mortel, c'est la peur du chômage qui peut l'être.

La vie est un don merveilleux. La respecter, c'est aussi ne pas accepter n'importe quoi. Surtout quand on a le choix. Vous n'allez peut-être pas me croire, mais vous avez le choix.