Il y a environ un an, en marchant, j'ai eu une idée de texte. Pas de papier, pas de stylo, les mots se bousculaient tandis que je pressais le pas. A l'arrivée, je me suis jeté sur du papier et en deux minutes (que je n'avais pas) j'ai pu sauver le plus gros. Dès que possible, je l'ai relu, retouché, c'était encore frais et c'est devenu l'un de mes textes préférés. Depuis j'essaie d'avoir toujours sur moi le fameux, l'indispensable carnet.
Seulement voilà : l'autre jour, j'étais pressé. Pas le temps de m'arrêter pour écrire. Arrivé en cours, j'ai bien caressé l'idée de noter les grandes lignes de mon texte à la sauvette, entre deux copiages frénétiques, mais ma voisine n'arrivait pas à lire au tableau, et il était difficile de se concentrer. Ce texte n'est toujours pas écrit, il s'éloigne de moi sans que j'aie le courage de me lancer à sa poursuite.
Cette histoire de carnet, on l'exagère beaucoup : il est parfaitement possible de s'asseoir à son bureau et de décider d'écrire. Ce n'est pas toujours facile, pas toujours productif, mais ça marche tout de même assez bien. Mais ces moments où un texte vous tombe dessus, sans effort, et où il a l'air si bien, déjà abouti ! Et il est tentant d'imaginer que c'est plus moi, ce qui sort de mes rêveries, ce qui demande aussi impérieusement à être exprimé.