Le 18 février, notre paisible manif' nocturne du mercredi soir avait été schtroumpfée pour cause de non déclaration en préfecture ; qu'à cela ne tienne, m'étais-je dit, ce n'est pas de gaieté de cœur mais s'il faut la déclarer, déclarons. J'ai donc appelé la préfecture... et mis le doigt dans un engrenage méconnu.
Toute négociation régulière repose sur un échange de bons procédés. Avoir de bons procédés envers le gouvernement, aller au-delà de ce qui est déjà imposé aux manifestants en termes de respect de l'ordre public est une trahison pure et simple. Responsable officiel de la manifestation, j'ai voulu jouer le jeu et faire en sorte que "tout se passe bien".
Formulant enfin mon malaise, je réalise aujourd'hui que censurer des slogans ou donner l'impulsion de départ après quelques minutes d'occupation d'un carrefour, au premier coup de klaxon, n'est rien d'autre que remplir le rôle d'agent de police bénévole, en abusant qui plus est de la confiance des autres manifestants.
J'aime et je soutiens les manif' nocturnes. Si d'autres ont lieu, j'y participerai volontiers. Mais il n'est plus question pour moi de coopérer avec la police, fut-ce pour permettre que la manif' ait lieu.