Si vous m'avez suivi', toutes les femmes sont des salopes, tandis qu'elles ne sont évidemment pas toujours des putains. Être une putain signifie qu'on pratique le sexe contre de l'argent, librement s'entend (les victimes de la prostitution forcée sont des esclaves et ne gagnent pas leur vie) aussi librement qu'on choisit n'importe quel métier, c'est à dire le plus souvent pour obtenir l'argent dont on a besoin.

Peut-on opposer la salope et la putain ? Les lesbiennes, dit Monique Wittig, ne sont pas des femmes. Et si les putains n'en étaient pas non plus ? La salope est pénétrée, c'est ce qui la caractérise. Ou plutôt, la nuance est de taille, pénétrable. Légitimement, par n'importe qui (n'importe quel humain normal, un homme quoi) à quelques détails protocolaires près. Et la putain ? Pénétrable aussi, mais il faut payer. Pénétrable aussi, mais pas "alorsheureusable". (Il faudrait approfondir l'alorsheureusabilité, ce serait peut être intéressant et à coup sûr amusant)

Il faut s'entendre sur ce que signifie ce pénétrable. Si c'est pénétrable tout court, sans qu'importent les conditions, alors la putain est une salope comme les autres. Mais je ne crois pas. On se donne tellement de mal avec ces quelques détails protocolaires, drague, voyage de noce, fidélité conjugale et j'en passe, ce ne doit pas être pour rien. Pénétrable, c'est possédable. Pour un soir ou "jusqu'à ce que la mort vous sépare", c'est pouvoir se dire "cette femme est mienne". Or l'amante se donne, ou la salope se prend, mais la putain se loue. Ne loue, même, que ses services. Dit-on "ma" putain ?

J'en suis là, bientôt (j'espère) la suite !