La douleur est une sensation. C'est un signal qui nous incite à nous soustraire à sa cause, pour nous protéger. La peur aussi est un signal de danger, et pourtant il y a des gens qui se jettent dans le vide accroché's à quelques morceaux de toile et de métal. Et qui volent. Leur peur est une sensation agréable qu'on appellera par exemple "frisson", terme plus positif. Illes aiment voler, dépasser les limites terrestres des humain's, mais aussi éprouver cette peur intense et maîtrisée. Et heureusement pour ces apprenti's oiseaux, personne n'y trouve à redire.

Marcher pieds nus dans l'herbe, manger épicé procure des sensations que certain's aiment et d'autres pas. Les un's ne traitent pas les autres de malades pour autant. Qui glousserait en imaginant les deltaplaneur's dans leur harnais, gigotant sur leur barre pour se diriger ? Qui confondrait leur vertige exquis avec la peur affreuse du conducteur' qui voit arriver droit sur ellui la voiture d'en face ? Qui réduirait leur pratique à la sensation de peur qu'illes en tirent, qu'elle soit comprise ou non ?

C'est à ces réactions vexantes, à ces amalgames ineptes que nous, adeptes du BDSM, sommes sans cesse confronté's. Le plus souvent sans pouvoir rien objecter : nous sommes vivement incité's à ne pas étaler nos pratiques déviantes au grand jour. Question de pudeur. Et aussi : dire, ou plutôt avouer qu'on aime partager des liens, des coups, dans nos jeux amoureux, c'est se classer parmi celleux qu'on sait si mal compris', qu'on vient d'entendre railler ; c'est s'exposer à toutes sortes de plaisanteries douteuses, voire à des comportements déplacés. Puisqu'on "aime ça".

Alors nous nous taisons, nous vous proposons vite un autre sujet de conversation pour ne pas en entendre plus. Ou bien ça ne passe pas. Après avoir grimacé le sourire attendu, nous sortons fumer une clope et nous annonçons bientôt qu'il est tard, qu'on se lève demain, bref qu'on se casse, merci pour la soirée. Grand ras-le-bol du silence imposé, du mépris, de la honte. Je vous demande de ne plus faire comme si "les sado-masos" étaient forcément "les autres", des gens très loin de vous, très différent's, et que vous pouviez rire d'elleux en toute innocence, sans blesser personne.