Voici un mois que je n'ai rien écrit. Depuis que quelqu'un qui se prétendait mon ami m'a agressé' pour la deuxième fois et m'a terrorisé'. Je lutte pour sortir de ce silence, de cette confusion qui plonge mes mots dans un brouillard mortifère. Comme je ne veux parler de rien d'autre, et que je ne veux pas décrire ici, de la manière qui s'imposerait à moi, ce que j'ai vécu, je vais vous parler des livres de Marie-France Hirigoyen.

En manière d'introduction, je vous recopie ce que, m'interrogeant sur le titre que j'ai choisi pour ce billet, j'ai trouvé dans le Robert historique de la langue française.

EMPÊCHER v.tr. est issu (v. 1120, empeschier), comme sa variante ampagier (XIIIe s.) du bas latin impedicare prendre au piège, entraver, dérivé de pedica piège pour prendre les animaux par la patte, lui-même dérivé de pes, pedis (pied).
Le verbe a d'abord eu le sens repris du latin de mettre (qqn) dans l'impossibilité d'agir, entraver et s'empêcher (v. 1160-1174) s'empêtrer, s'entraver, acception qu'il conserve jusqu'au XVIIe siècle. Il signifie parallèlement mettre obstacle à ce qu'une chose ait lieu (1297), toujours en usage, alors que l'expression empêcher le chemin barrer la route (XIVe s.) a disparu. Au XIIIe s. apparaît l'emploi aujourd'hui courant du verbe suivi d'un infinitif : empêcher (qqn) de (faire qqch.) puis, au début du XVIe s., empêcher que (1534), ordinairement suivi de ne et du subjonctif. De là les locutions il n'empêche que, n'empêche que et familièrement n'empêche.
Empêcher qqn a signifié le gêner moralement (1415) et l'occuper (1538). La forme pronominale s'empêcher réapparaît à la fin du XVIe s. (1580, s'empêcher de) avec le sens de s'abstenir, se dispenser de, qui a fait place à celui de se retenir de. EMPÊCHÉ, ÉE adj. a eu des emplois variés, liés à l'idée d'entrave. L'adjectif a signifié accablé (1283), encore au XVIIe s., et être empêché de embarrassé (XIVe s.) s'est maintenu jusqu'au XIXe siècle. ...

Marie-France Hirigoyen a écrit Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien, un livre indispensable, un précieux secours qu'elle a décliné en Malaise dans le travail, harcèlement moral : déméler le vrai du faux et Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple.
Vous en lisez un, dans lequel ce qui vous semblait spécifique à votre cas, ce que vous aviez admis comme découlant d'une situation particulière, de la personnalité de votre tourmenteur' ou encore ce que vous aviez, hélas, attribué à vos propres défauts et insuffisances, est minutieusement décrit par quelqu'un qui ne vous a jamais vu'.
Vous comprenez enfin qu'il ne vous a jamais appartenu de mettre fin à cette situation par un comportement plus conciliant, mais que le plus souvent, seule la fuite pouvait vous délivrer.
Vous réalisez aussi que vous n'êtes pas resté' à subir ça par stupidité mais que cette issue vous avait été barrée par la mise en place d'une emprise psychique, véritable lavage de cerveau dont les techniques dignes d'une secte sont maîtrisées avec une effrayante subtilité par nombre de personnes aux dehors anodins.
Et là, vous êtes en colère.

Mais pour salutaire qu'elle soit, cette colère ne suffit pas à vous sortir du puits dans lequel on vous a jeté'. Une fois tiré' des griffes du sinistre individu, la peur persiste. Impressionné' par ce qu'il a été capable de vous faire accepter, vous continuez à lui prêter des pouvoirs surnaturels et à le redouter au-delà de toute raison. De ça aussi, on guérit, quoiqu'avec une douloureuse lenteur.
Ce n'est pas encore fini.

Une fois dressé' à être une bonne victime, vous devenez une proie de choix pour tous les pervers narcissiques dont vous croiserez la route. C'est là qu'intervient ma récente mésaventure. Or les techniques mises en oeuvre dans l'emprise psychique, outre qu'elles vous paralysent de terreur, sont destinées à vous empêcher de penser et de vous exprimer. D'où ce silence.