Sur l'insistance de ma gynéco, j'ai accepté pendant un toucher vaginal le frottis que je venais de refuser, sachant pertinemment que je ne pourrais pas la laisser me le faire. De fait, je me suis rétracté' aussitôt après ; quelques vilaines expériences de la violence médicale ordinaire m'ont laissé une véritable terreur des instruments gynécologiques. Alors pourquoi avoir accepté, en toute sincérité, si ce n'était pas possible ?

Cet irrationnel acquiescement, d'après ce que j'ai éprouvé à ce moment-là, résultait d'une soudaine docilité, d'une immense bonne volonté, directement causée par le fait d'être pénétré' (et non pas, comme on peut le croire dans d'autres situations, par un quelconque plaisir puisque je n'en éprouvais pas). Voilà ce que j'ai découvert à cette occasion. Être pénétré' rend docile, bien disposé' et coopérati.f.ve. Ce qui m'inspire ces quelques réflexions :

  • Les fouilles intimes, si abondamment pratiquées dans les commissariats hors de toute nécessité apparente, n'ont peut-être pas pour seul but d'humilier celleux qui les subissent.
  • L'expression mal baisée signifie en fin de compte qui n'a pas été rendue docile par la pénétration, et non qui est sexuellement frustrée.
  • Les réconciliations sur l'oreiller, fruits d'un coït particulièrement bref et sommaire (cf Ebichu, hamster domestique, ép.1 si vous n'en avez pas l'expérience) s'expliquent mieux.

Ces trois exemples confirment assez, selon moi, mon affirmation de tout à l'heure. J'aimerais préciser les causes que j'attribue à ce phénomène. Je ne puis infirmer une interprétation en termes de mécanisme favorable à l'espèce, mais n'y souscris pas ; Darwin a bon dos dès qu'une oppression est inscrite dans les corps.

Dans une très large aire culturelle autour de nous, être pénétré', c'est être vaincu', entièrement soumis' à cellui qui pénètre. Le langage en porte, s'il était besoin, maints témoignages. En étant pénétré's nous sommes placé's dans une position symbolique d'infériorité ; l'ordre social nous enseigne assez les obligations impérieuses qui en découlent pour que nous nous adaptions à la situation, adoptant sans même nous en apercevoir la docilité appropriée. Docilité à laquelle nous attribuons quand c'est possible une cause plus présentable, comme le merveilleux plaisir que nous procure l'organe tout-puissant de notre partenaire.

Une conséquence de ce phénomène est de faire accepter une pénétration après coup : lorsque le rapport sexuel qu'il constitue est "acceptable" (notion floue mais beaucoup plus large que "consenti") un viol peut cesser d'être perçu comme tel par la victime, dès les premiers instants où elle est pénétrée ; elle pourra même ensuite être assez convaincue de son consentement pour "oublier" le début. Comme si les hommes avaient en permanence une petite dose de GHB dans la poche ; ce qui ne les autorise évidemment pas à en faire usage, bien au contraire.