L'enragé'

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Tag - études

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lundi 28 septembre 2009

Cocktail : le Double-cursus

Prenez un grand verre bien solide. Sur trente minutes de marche à pied, versez trois bonnes heures d'équadiffs. Ne touillez surtout pas. Laissez poireauter trois quarts d'heure dans la file du RU puis jetez rapidement un repas dans le tout. Ajoutez sans tarder un changement de salle, pulvérisez un siphon de corrigés en surpression, saupoudrez avec une pause sans clope puis faites couler quelques propos perfides bien brûlants. Quand le mélange est presque à ébullition, sortez-le du TD et faites-le sauter dans le bus. Glissez-le discrètement dans un cours entamé et imprégnez-le avec une biblio sur le don. À ce stade le mélange écume et se porte volontaire pour un exposé. Laissez reposer une demi-heure sans ajouter de café. Terminez votre préparation par une lecture calme et copieuse ; surveillez bien le refroidissement pour éviter projections et débordements. C'est prêt ! Ramenez votre cocktail à la maison, buvez, allez vous coucher.

jeudi 24 septembre 2009

Deuxième rentrée

Mon emploi du temps était bien rempli, bien ficelé jusqu'à cette semaine ; maintenant que j'ai mes horaires de socio à y ajouter, il m'évoque un vieux puzzle aux épaisses pièces en bois toutes gondolées d'humidité, qu'il faut emboîter à coups de marteau. Le marteau s'appelle courir-bûcher dans le bus-courir-arriver en retard quand même-emprunter des cours-recopier-bûcher tard dans la nuit. Je sais, pas comme je fais là.

Bon mais l'ubiquité, je connais. Plus qu'à trouver une transversale d'histoire après 18h, un jour où je suis libre après 18h.

vendredi 10 juillet 2009

L'été du gréviste

Voilà, je l'ai mon bout de papier. On vous l'avait dit que les bloqueurs ne sont pas les payeurs.

Espaces fonctionnels : 12. Théorie des groupes : 14. Projet : 16. Confortable.
Calcul différentiel : 4,5. Théorie des probas : 4. Aie.
Hé non, on ne peut pas manifester, aller à deux AG et quarante réunions par semaine, distribuer des tracts, etc, et s'en sortir dans toutes les matières. Ce n'est pas une surprise. Et tu fais quoi l'année prochaine ? Un master ? Ouille !

Dans d'autres domaines, avec des lacunes, on peut continuer à avancer et s'en préoccuper un peu quand on veut. En maths, être plombé dans une matière, c'est être plombé dans au moins une matière l'année suivante.
En outre je me mets à la socio et j'aimerais bien couper à la première année, ce qui implique d'arriver en ayant bossé le cours et lu les auteurs au programme. Hors de question donc, de me tourner les pouces cet été.

Parvenir à cette conclusion est chose aisée ; restait à la mettre en pratique. J'ai eu beau me lancer dans mes révisions dès le lendemain des partiels, mon corps épuisé par l'intense mobilisation de ces derniers mois a protesté (sous forme de jambes impossibles à déplier) et réclamé des vacances.
Le compromis actuel est très confortable : une dizaine d'heures de boulot par semaine. Du repos. Encore deux semaines comme ça et j'aurai vraiment du retard.

vendredi 12 juin 2009

Rentable de jardin

Voilà longtemps qu'on ne me l'a pas posée, cette question qui revenait souvent il y a quelques années : ça sert à quoi les maths ?

Le peuple de Sarkozy tout entier hausse les épaules. Si il y a bien une discipline universitaire dont l'utilité n'est pas remise en cause, c'est les maths. Même la physique peut sembler suspecte d'improductivité, avec ses regardeurs d'étoiles ou de gluons sur le dos du contribuable, mais les maths c'est du sérieux. Tout le contraire de la poésie par exemple. La question ne se pose même pas, d'autant que la réponse risquerait de surprendre.

Aujourd'hui on me demande plutôt : elles servent à quoi tes études, dans le cadre de ton projet professionnel personnalisé d'insertion réussie sur le marché du travail vers un emploi stable et bien rémunéré ? (Je rallonge à peine et ne souscris point à l'implicite évidence d'un tel projet.) La réponse n'a pas changé : à rien m'sieurs-dames, à rien qui serve à quelque chose.

mardi 12 mai 2009

D'autres modes d'action

Demain j'ai un contrôle, qui portera sur des enseignements effectués en présentiel : le DM proposé en ligne a été corrigé en TD. Les cours ont repris depuis une semaine, tout le monde a eu le temps de se remettre dans le bain. Surtout ceux qui ont réchauffé l'eau en boucle pendant le blocage.
Demain, j'ai un contrôle mais aujourd'hui au lieu de réviser : j'étais à la fac de lettres pour le vote de la grève qui risquait de générer des tensions. Ensuite au campus ; j'ai quitté mon cours avant la fin pour aller chercher mon fils à Battant. Il est venu à l'AG avec moi, y a mangé son sandwich pendant que j'aidais les débats à aboutir sur des décisions concrètes, puis je l'ai ramené à l'école (merci Maude !) et suis retournée en cours. Le soir, 35 mails m'attendaient, heureusement que ma boîte était à jour le matin. J'ai passé un moment avec les miens, eu un entretien avec une journaliste, terminé de lire mes mails et d'y répondre. Je m'accorde dix minutes de blog ;-)
Demain, à 7h30 j'ouvre le café solidaire au campus. Je serai devant la présidence de l'université, en ville, à 9h (même si j'ai cours à cette heure-là). Puis au campus à 11h pour mon devoir sur table (Adrienne que pourra). Le midi je fais manger mon fils à Battant, l'après-midi retour au café solidaire. Trois allers-retours au campus, trois heures de marche. Oui, il y a d'autres formes de mobilisation, mais j'ai besoin d'une meilleure paire de chaussures !

lundi 4 mai 2009

Les examens, les étudiants et les enseignants

Que sont les examens pour les étudiants ? Que sont-ils pour les enseignants ?

Depuis longtemps, les enseignants disent ne pas vouloir pénaliser les étudiants, ce qui se comprend. Mais aujourd'hui, ce sont les étudiants qui leur demandent d'aller jusqu'au bout de leur engagement dans cette lutte en ne tenant pas ces examens, et les enseignants refusent. Deux interprétations sont possibles :

Les étudiants, inconscients ou paresseux, ne font pas cette demande en pleine conscience de ce que cela implique pour eux-mêmes. Cette vision paternaliste peut se défendre, mais si les enseignants considèrent que les étudiants ne sont pas lucides et qu'il faut les protéger malgré eux, il n'aurait jamais dû être question d'interrompre les cours en s'appuyant sur la mobilisation étudiante. Avons-nous été utilisés par nos profs, comme certains le prétendent ? Je ne le crois pas.

Les étudiants, déterminés à sacrifier le savoir, le sont aussi à sacrifier... quoi au juste ? Le bout de papier ? Personne n'envisage un semestre blanc. La crédibilité de leurs diplômes ? Aux yeux des personnes non averties, c'est chose faite avec cette longue grève des cours. Aux yeux de ceux qui connaissent bien l'université, l'absence de cours comptera certainement, mais pas le mode d'évaluation. Quelqu'un qui est capable de valider cinq semestres est capable d'en valider un sixième, quel que soit le mode d'évaluation. Alors ? Où est le sacrifice étudiant dans la validation alternative ?

Et si la non tenue des examens, contrairement aux apparences, ne pénalise pas les étudiants, quelle est la cause du refus des enseignants ?

Les examens, d'une autre manière, sont depuis longtemps (depuis toujours ?) aussi une évaluation et un bout de papier pour les enseignants. Les examens attestent que quelque chose a eu lieu, qui n'est pas que parole et craie, un rituel magique qui fonde, semblerait-il, leur légitimité d'enseignants. Aux yeux de qui ? De même qu'un coït interrompu, un semestre sans examens serait perçu comme de moindre importance, voire entièrement nul et non avenu.

Je suis inquiète. Est-ce cela, que vous nous transmettez ? Des diplômes ? Rien d'autre ? Au risque de me répéter, je ne suis pas venue à l'université pour le bout de papier. On en trouve de plus jolis dans n'importe quelle papeterie. On peut s'acheter de faux diplômes à partir de 120 euro sur internet. Claude Condé a rassuré tout le monde en expliquant qu'ils étaient grossièrement imités, mais je suis sûre qu'on peut en trouver de mieux falsifiés pour guère plus cher. Trois, quatre cent euro, pas plus. Si ce mouvement doit cesser pour permettre la fabrication de bouts de papier authentiques, alors oui, les universités gaspillent beaucoup d'argent.

dimanche 29 mars 2009

Hors des cases

Plusieurs costumes : étudiante la journée, j'ôte dans le bus du matin mon costume de super maman pour le remettre le soir. Arriver en cours pour 8h, en amenant mon fils à la gare à moins cinq, c'était mes débuts dans l'ubiquité. Un vélo, ma cape... (note pour ceux qui veulent tenter le coup : prévoir un vélo avec des freins).

Plusieurs casquettes, souvent : étudiante et salariée, j'ai fait ma rentrée pendant mes vacances puis manqué un mois pour finir mon BP. Les profs sont humains, vous savez. C'est aussi pour ça que le gouvernement les hait. Étudiante et prof dans la même promo, mon meilleur gag : des enseignements transversaux m'avaient été confiés ; j'ai repris mes études la même année. Une sorte de casquette de Moëbius.

Plusieurs chances aussi : étudiante et maman, étudiante en maths avec un bac littéraire, je sais mieux que personne pourquoi je suis là. Pour me faire cet immense cadeau : pouvoir apprendre, sans me laisser arrêter par les détails matériels ou les lacunes, sans chercher à rentabiliser ce temps, apprendre simplement parce que c'est ce que je veux vraiment.

Tout ça, juste pour dire que je ne pourrai jamais cocher une seule case. Le monolithe qu'est une personne regardée à travers une grille. C'est absurde. Arrêtez.

samedi 7 février 2009

Enfants de la gauche Télérama

Chers parents,
vous veniez d'un milieu modeste, paysan, ouvrier. On vous fit ce présent : l'accès au savoir. Les livres, des études universitaires, tous ces trésors à qui en voudrait. Vous lûtes, donc, et vous apprîtes. Bourdieu attesta que votre soif avait de l'avenir : le capital culturel, sorte de magot, devait fructifier à travers nous, vos enfants, scellant -pensiez-vous- le destin familial. Vous nous élevâtes en pensant à nos études d'ingénieur, le réconfort de vos vieux jours. Je ricane, ce n'est pas gentil, car voici le rebondissement de l'histoire.
Les précieuses semences grandirent, gavées de science, de kultur et de la certitude de leur réussite prochaine. Sans le savoir, c'est un autre trésor plus précieux encore, dont vous nous comblâtes : nous avions le choix. Vous, c'était l'usine à laquelle vous échappiez. Nous, nous avions accès à tout, absolument tout ce qu'il nous plairait. Que serions-nous allés chercher des lauriers qui nous avaient été attribués par avance ? Que nous serions-nous jetés sur ce sale argent qui vous mettait si mal à l'aise ? Cigales nous naquîmes, de parents fourmis. Nous sommes heureux, nous sommes libres. Merci papa, merci maman. Et si vous arrêtiez de pleurer ?