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Boris Crack est de retour, le Québec dans ses valises en la sulfureuse personne de Berta K. Ensemble, ils mènent girafes et spectateurs au bord d'un grand mystère : l'amour. C'est quoi cette chose, est-ce que c'est rose et peut-on le commander à la Redoute ? J'en doute.
Un texte résolument pas moderne nous éclaire sur ces questions : si il est dans l'ordre naturel des choses que les femmes serrent les dents quand vient le moment d'éteindre la lumière dans la chambre conjugale, il convient que leurs époux en aient conscience et savourent leur mâle privauté à sa juste valeur... et avec modération; l'acte ne doit pas être frustré de sa destination première, la procréation étant l'accomplissement et la gloire du sexe futile.

Ponctuée par le vrombissement d'une machine à coudre et la suspension toute ménagère de pages de l'évangile à une corde à linge, de navrante la lecture devient réjouissante. Une spectatrice est prise d'un interminable fou-rire. Sorti fumer, j'en découvre la probable cause. La dame a amené son fils de dix-sept ans à un spectacle qu'elle pensait convenable, elle est choquée par son caractère pornographique. La pastorale des futurs époux serait-elle trop osée pour ce grand garçon ?

Notre conversation tourne vite au matraquage traditionaliste sur la terrible "masculinisation" des femmes de notre époque. La famille est en danger ! Les valeurs se perdent ! Et les claques ? C'est tout juste si je pense à protester, médusé que je suis par ce splendide spécimen d'une espèce que l'on pourrait croire éteinte -elle n'hésite pas à citer au premier degré des passages lus dans une évidente dérision.
Le décalage flagrant avec l'intention des artistes m'amène -après son départ précipité : le cher fils en a bien assez entendu- à formuler l'hypothèse que ce fou-rire était un rire des fous : un rire de gêne destiné à contrecarrer la subversion de cette lecture impie. Un hommage donc, à Berta K et Boris Crack qui ont su fourrer leur nez dans les petites affaires de l'amour.