On le voit avec la controverse qui entoure la légitimité de certaines athlètes à concourir dans la catégorie que leur a pourtant fait attribuer une lecture dualiste de leur apparence physique : la féminité n'est pas si simple à établir qu'on l'entend souvent prétendre.
Est-on une femme quand on a l'air d'une femme, quand on a un minou, quand on a des chromosomes XX, ou seulement si ils ne portent pas le gène SRY ? Et ces questionnements lourds d'enjeux sportifs s'assortissent d'une série d'épineuses décisions. Doit-on accompagner chaque exclusion de la catégorie féminine, d'une rectification d'état-civil ? Mais alors, faut-il considérer que ces athlètes sont des hommes, en l'absence d'un organe qui a toujours été présenté comme l'indispensable support de la virilité ?
D'autres critères pour caractériser une femme se font jour avec ces problématiques : peut-être, après tout, est-on une femme quand la sage-femme s'est exclamé : "C'est une fille !". Ou quand l'officier d'état-civil a coché la case F sur son formulaire. Peut-être même, puisqu'on en est là, est-on une femme quand on se dit femme.
Dans ce cas, quid des tracasseries et des embûches gratuites dont est encore parsemé le parcours de changement d'état-civil des trans ? (J'écris trans pour souligner qu'illes ne sont pas toujours transsexuel's par choix, mais parfois simplement pour avoir des papiers qui ne leur imposent pas leur genre de naissance : transgenres ou agenres desquel's la loi française exige qu'illes subissent de la chirurgie lourde pour reconnaitre leur identité).
Ne se souciant pas réellement de cohérence, la normativité transphobe a encore de beaux jours devant elle.