L'enragé'

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Tag - insultes

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vendredi 9 octobre 2009

Référentiel

Peu visible, presque jamais questionné, le référentiel moral qui s'insinue dans un discours n'en est que plus efficace. Non, ce ne sont pas "juste des expressions". Porter un jugement de valeur en s'appuyant sur une notion ou une catégorie, c'est assimiler celle-ci à celui-là : "de gonzesse", "de gayzou", "en juif", "polio", c'est mal, c'est nul, c'est à éviter. Avoir "de la classe" ou "des couilles" est un modèle de mérite.

Bâtard ! En voilà une insulte. Contre celui-là j'ai un argument en béton : mon fils est un bâtard, ça n'a rien d'infamant si vous permettez. Les gens sont tous penauds et s'excusent ; si seulement ils retiraient aussi facilement leurs insultes sexistes et homophobes.

Encore plus discrets et non moins ravageurs : c'est pas normal, c'est pas du boulot, c'est pas clean. Comme si normalité, travail, propreté, j'en rate et des meilleures, étaient des références pour dire ce qui est bien, l'absolu du bien. J'ai pourtant à ma disposition : c'est inacceptable, c'est de la négligence, c'est malsain, sournois,...

Quant à "la chatte", "la motte", moi qui n'en ai pas de, mais une, autant dire que je n'en ai pas. Une femme à baiser, ça tombe tout cuit dans un lit au hasard et c'est évidemment le vœu le plus cher de tout un chacun. Je ne persisterai pas dans le coïtocentrisme hétéro, mais fallait voir la tête des mecs quand je me suis prévalu' d'avoir "du paquet" ou "du nœud".

mercredi 15 juillet 2009

Toutes des salopes... sauf les putains

Si vous m'avez suivi', toutes les femmes sont des salopes, tandis qu'elles ne sont évidemment pas toujours des putains. Être une putain signifie qu'on pratique le sexe contre de l'argent, librement s'entend (les victimes de la prostitution forcée sont des esclaves et ne gagnent pas leur vie) aussi librement qu'on choisit n'importe quel métier, c'est à dire le plus souvent pour obtenir l'argent dont on a besoin.

Peut-on opposer la salope et la putain ? Les lesbiennes, dit Monique Wittig, ne sont pas des femmes. Et si les putains n'en étaient pas non plus ? La salope est pénétrée, c'est ce qui la caractérise. Ou plutôt, la nuance est de taille, pénétrable. Légitimement, par n'importe qui (n'importe quel humain normal, un homme quoi) à quelques détails protocolaires près. Et la putain ? Pénétrable aussi, mais il faut payer. Pénétrable aussi, mais pas "alorsheureusable". (Il faudrait approfondir l'alorsheureusabilité, ce serait peut être intéressant et à coup sûr amusant)

Il faut s'entendre sur ce que signifie ce pénétrable. Si c'est pénétrable tout court, sans qu'importent les conditions, alors la putain est une salope comme les autres. Mais je ne crois pas. On se donne tellement de mal avec ces quelques détails protocolaires, drague, voyage de noce, fidélité conjugale et j'en passe, ce ne doit pas être pour rien. Pénétrable, c'est possédable. Pour un soir ou "jusqu'à ce que la mort vous sépare", c'est pouvoir se dire "cette femme est mienne". Or l'amante se donne, ou la salope se prend, mais la putain se loue. Ne loue, même, que ses services. Dit-on "ma" putain ?

J'en suis là, bientôt (j'espère) la suite !

samedi 11 juillet 2009

Enculée !

Depuis le temps que je cherche à cerner le sens de ce mot : salope, j'ai fini par comprendre, sinon toutes les subtilités de la question, du moins de quoi récompenser mon acharnement.
Salope est très exactement le féminin d'enculé et signifie purement et simplement au destinataire de l'invective son infériorité de statut, par-delà des circonstances éventuellement contraires.

L'usage de salope et d'enculé est indépendant de toute réalité littérale.
J'en veux pour preuve la multiplicité contradictoire des contextes où ils sont employés : une salope serait celle qui couche, mais aussi celle qui refuse les avances, et plus généralement celle qui frustre le locuteur ou qui a le dessus sur lui. Un enculé le serait au sens littéral, mais aussi pour avoir mis le locuteur en échec, pour l'avoir baisé.
Cette image extrêmement phallocentrée va nous en dire plus. Baiser quelqu'un est unilatéral : le pénétré est le perdant, le faible, l'inférieur. Voilà qui met en lumière le véritable contenu, sexuel mais en tant que catégorie basée sur le sexe, de ce(s) mot(s) : enculé.e.

Les gens sont donc divisés en deux catégories, les pénétrés (Il serait plus exact de dire pénétrables mais de là à affirmer que les hommes hétérosexuels, théoriquement pénétrables, ne sont pas si différents, le pas serait trop aisé à franchir. Souligner la nuance comporte le risque de s'entendre répondre qu'elle n'est que provisoire... ou de se le voir prouver.) et les pénétrants, censés être supérieurs et le rappelant, notamment lorsqu'ils sont frustrés par le comportement d'un pénétré (par extension et/ou identification, enculé.e sera aussi utilisé envers les pénétrants et/ou par les pénétrés).
La catégorie pénétré regroupe les pédés (c'est à dire les homosexuels non exclusivement actifs), qui sont les enculés, et les femmes, qui sont les salopes. Mais si, bien sûr qu'elles le sont.

Femme et salope ne sont pas synonymes, mais "les femmes" et "les salopes" désignent les mêmes personnes. Jouons à un jeu qui va vous paraître idiot : écrivez votre nom. Merci, faites voir... S'il commence par une voyelle, vous êtes un meilleur, et sinon un minable. Dans ce jeu, "les gens dont le nom commence par une consonne" sont immanquablement "les minables". Vous vous révoltez, vous n'avez pas choisi les règles du jeu et ne tenez pas au qualificatif ? Eh...
Celles qu'un autre jeu idiot a caractérisées comme pénétrées peuvent alors être qualifiées d'enculés ou de salopes. Enculé est masculin, donc ce sont des salopes. Puisqu'on vous le dit : toutes des salopes.

jeudi 5 mars 2009

Salope !

Les femmes sont des salopes, et il serait temps que ça change.

C'est une question de définition, n'est-ce pas. Je considère que tant qu'il y aura quelqu'un pour traiter une femme de salope, toutes les femmes seront des salopes : potentiellement, à ses yeux. Il n'est peut-être pas inutile de préciser les sens habituels du mot :

Comme féminin de salaud, le mot s'utilise dans une situation où la personne désignée possède un avantage sur un locuteur ami, beaucoup plus rarement à propos d'un comportement jugé immoral. (C'est l'inverse pour le masculin.)

Sans point d'exclamation, il prétend dénoncer un intérêt pour le sexe considéré comme voyant et exagéré, et signifie, éventuellement à l'intéressée, qu'on n'accepte pas qu'elle ait l'air de disposer de son corps sans tutelle masculine.

Avec un point d'exclamation : rappel à l'ordre et volonté de blesser une femme qui passe outre son statut supposé d'inférieure et frustre le locuteur de ses prérogatives supposées, notamment en refusant ses avances. Salope ! signifie : N'oublies pas que tu n'es qu'une femme, je saurai te remettre à ta place.

Ces définitions ne sont pas celles qu'on trouve dans le commerce. Je les ai formulées après avoir coupé mes cheveux très court et décidé de porter exclusivement des vêtements mixtes, quand j'ai constaté que cette insulte m'était adressée nettement plus souvent qu'avant.