L'enragé'

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Tag - poésie

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vendredi 11 septembre 2009

La rentrée des mots

Pour la rentrée, j'ai cueilli une brassée de mots. Les maths, c'est d'abord pour leurs mots que je les ai aimées. Voyez comme ils sont beaux :

  • faiblement multiplicative
  • isomorphisme chinois
  • un irréductible
  • des idéaux
  • topologie grossière, discrète, métrisable
  • la famille des ouverts
  • stabilité par réunion quelconque
  • un portrait de phase
  • on rajoute le temps à l'espace des phases
  • les isoclines seront des hyperplans
  • un champ de vecteurs

J'ai même fait une promenade dans ledit champ. C'est comme une pâture où chaque brin d'herbe montre une direction avec son petit bras en disant : Par là ! Toutes ces petites voix flûtées qu'on entend à peine, c'est ravissant.

Je voudrais aussi vous parler des ouverts ; plusieurs de mes meilleurs souvenirs concernent ces bidules-là. Je me souviens de Jacky, l'enthousiasme barbouillé de craie, annonçant gaiement : Soit un ouvert. Je voyais ça comme une sorte de fenêtre ouverte qui s'ouvrait à chaque fois tout en restant ouverte. Ensuite, Jean-Nicolas m'avait expliqué que c'était un endroit pour faire des bulles : on pouvait toujours faire de nouvelles petites bulles près du bord, sans jamais le toucher même quand on croyait qu'il n'y aurait plus la place.

Cette année, les ouverts ont décidé de sortir sans prendre leurs distances, faisant fi des inégalités. Ils se réunissent toujours de la même façon et ça leur suffit. Comme je les approuve !

mercredi 2 septembre 2009

Recette : le gâteau de rien

Ingrédients : un peu d'ombre

Matériel : un moule à gâteau

Temps de préparation : variable

Posez un moule à gâteau dans un endroit sombre. Laissez reposer. Un peu plus tard, passez à côté et regardez votre moule du coin de l'œil. Cette opération est la partie délicate de la recette : il faut voir le gâteau dans son moule. Dès que vous y êtes arrivé', c'est prêt. Sa conservation étant problématique, le gâteau de rien doit se déguster rapidement.

samedi 30 mai 2009

Boris Crack revient parmi les siens

girafe.jpg
Boris Crack est de retour, le Québec dans ses valises en la sulfureuse personne de Berta K. Ensemble, ils mènent girafes et spectateurs au bord d'un grand mystère : l'amour. C'est quoi cette chose, est-ce que c'est rose et peut-on le commander à la Redoute ? J'en doute.
Un texte résolument pas moderne nous éclaire sur ces questions : si il est dans l'ordre naturel des choses que les femmes serrent les dents quand vient le moment d'éteindre la lumière dans la chambre conjugale, il convient que leurs époux en aient conscience et savourent leur mâle privauté à sa juste valeur... et avec modération; l'acte ne doit pas être frustré de sa destination première, la procréation étant l'accomplissement et la gloire du sexe futile.

Ponctuée par le vrombissement d'une machine à coudre et la suspension toute ménagère de pages de l'évangile à une corde à linge, de navrante la lecture devient réjouissante. Une spectatrice est prise d'un interminable fou-rire. Sorti fumer, j'en découvre la probable cause. La dame a amené son fils de dix-sept ans à un spectacle qu'elle pensait convenable, elle est choquée par son caractère pornographique. La pastorale des futurs époux serait-elle trop osée pour ce grand garçon ?

Notre conversation tourne vite au matraquage traditionaliste sur la terrible "masculinisation" des femmes de notre époque. La famille est en danger ! Les valeurs se perdent ! Et les claques ? C'est tout juste si je pense à protester, médusé que je suis par ce splendide spécimen d'une espèce que l'on pourrait croire éteinte -elle n'hésite pas à citer au premier degré des passages lus dans une évidente dérision.
Le décalage flagrant avec l'intention des artistes m'amène -après son départ précipité : le cher fils en a bien assez entendu- à formuler l'hypothèse que ce fou-rire était un rire des fous : un rire de gêne destiné à contrecarrer la subversion de cette lecture impie. Un hommage donc, à Berta K et Boris Crack qui ont su fourrer leur nez dans les petites affaires de l'amour.