L'enragé'

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Tag - sentiments

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lundi 13 juillet 2009

Susceptible ?

Terriblement susceptible. J'imagine tout le temps l'image que les gens se font de moi, parfaite ou pas loin, un malentendu terrifiant. Comment pourrais-je être à la hauteur ? Peut-être qu'en faisant semblant, ça ira. Mais les choses ne se passent jamais comme prévu : je me trouve acculé', il faut donner la bonne réponse, là, tout de suite, sinon je serai démasqué', sinon... sinon...
Ou alors c'est un faux-pas. Sans prévenir, le cours du temps se retrouve suspendu, on me regarde avec cet air "Non ? C'est toi la chose qui a dit ça ?". Le temps alors ne veut pas repartir, tout est cassé, et c'est moi, c'est moi qui ai tout cassé.
Il peut arriver des choses terribles si je ne contourne pas les passages difficiles, si l'image qui me recouvre se déchire. Pourtant ce risque, parfois, je le prends sciemment. Je m'avance vers une ouverture, un passage lumineux en direction d'un monde où chaque pas est facile, où le sol ne se dérobe jamais. Il faut la confiance du funambule.
Alors oui, si je dis une énorme bêtise, un truc vraiment à côté de la plaque, et qu'on se moque, je me fâche.

samedi 9 mai 2009

... les larmes des autres

Une immense fatigue, voilà ce qu'il me reste. Une migraine d'anthologie. Je ne devrais même pas être devant mon ordi mais qu'est-ce que vous voulez, il me faut ma dose. Mes yeux sont des couilles meurtries, mes nerfs oculaires contractés peinent à joindre leurs extrémités. Je sucre les fraises, bien entendu, ce qui ne m'aide pas à taper dans l'obscurité, en ne jetant que de brefs coups d'œil à l'écran -luminosité très basse et fond anthracite me le rendent tout juste supportable. Du repos, du calme, me priver de café. Je retrouve le rythme cardiaque affolé et la respiration haletante du lapin qu'on égorge. Ne pas se demander comment je serais monté au campus s'il l'avait fallu. J'y serais arrivé, oh ça oui. La mort, c'est d'avoir encore un peu de souffle et de n'en rien faire.
Assez pleuré sur mon corps. Le plus dur, c'est de recommencer à aller en cours, -ô joie de retrouver mes chères maths, que tu es amère- de parler avec les profs des connaissances accumulées sans moi par les clients de l'université, mes camarades, comme de "retard" à "rattraper". La tortue a continué son chemin, voilà que le lièvre qui n'a pas réussi à éteindre l'incendie sans elle est sommé de la rejoindre. Que ses pattes ne le portent plus, ce n'est pas cela qui lui crève le cœur. C'est de voir, car il se retourne pour regarder, le lièvre, c'est de contempler les ruines fumantes, le désastre imbécile contre lequel il a lutté de toutes ses forces. Les spectateurs font bien de lui jeter des seaux d'eau glacée au passage : nul ne peut voir les larmes qu'il n'essuie même pas. Sa bouche tordue semble un rictus d'effort sportif pour celui qui ne pense qu'à la course, et c'est peut-être mieux ainsi.

La sollicitude des lâches...

Un jour, j'ai vu deux types s'empoigner devant la librairie. L'un cherchait à s'expliquer tandis que l'autre cognait. Et quels coups ! Un terrible boxeur. Je me suis interposée entre ces bras gros comme mes cuisses et leur cible pacifique, essayant d'aider les excuses et justifications du jeune homme en sang à parvenir aux oreilles de son ancien ami : de l'argent prêté, un départ précipité, une enveloppe qui contenait la somme due mais n'avait pas été ouverte,... le malentendu aurait pu se dissiper aisément.
Vingt, trente personnes assistaient à l'incident. Avec l'aide de quelques unes, je pouvais empêcher l'agresseur de frapper, le forcer à écouter son ami. Mais mes appels à l'aide ne reçurent aucune réponse. Les gens avaient appelé la police, maintenant ils attendaient, prêts à intervenir si... Si quoi ? Des coups dont le moindre m'aurait assommé, ce n'était pas une raison d'intervenir ?
Par-dessus ma tête, les imprécations continuaient à fuser. Pendant dix longues minutes, je ne pus que m'interposer. Dès que je cessais de faire barrage, les coups recommençaient. Seul le machisme du boxeur me protégea de ses énormes poings, il n'osa pas aller au-delà de bourrades -dont l'une me projeta tout de même au sol, à plusieurs mètres. Quand l'arrivée de la police fut imminente, il s'éloigna enfin, promettant à l'autre de se venger plus tard.
La foule se dispersa lentement, avec cet air de regret si méprisable du spectateur insatisfait. Je repris mon poste, la tête encore pleine du tumulte de l'altercation. Une, deux trois personnes vinrent l'une après l'autre, penaudes, me remercier d'avoir agi à leur place. Bien sûr, les autres n'étaient pas moins lâches qui ne se reprochaient rien. Mais si je n'ai pas accueilli ces excuses avec les froids reproches qu'elles méritaient, c'est ce que je ferais aujourd'hui. Et même si ces personnes avaient pu, après coup, m'apporter un peu d'aide (comme c'est le cas aujourd'hui avec ceux dont je parle en réalité - se reconnaîtront-ils ?) je ne saurais leur en être reconnaissante. Non décidément, aucune sollicitude n'excuse ni ne rachète la lâcheté.

lundi 23 février 2009

Sentiments négatifs

Le bonheur, le bonheur, le bonheur. Est-ce qu'il n'y a rien d'autre ? C'est comme ces pitoyables tentatives de description du paradis, qui donnent envie d'aller n'importe où ailleurs. Le malheur fait partie de la vie. La tristesse, la peur, la douleur, le doute, la lassitude, la colère, la solitude, sont comme les couleurs d'un autre arc-en-ciel, moins bisounours mais tout aussi riche et intense. Pourfendez le vicomte, mais alors prenez bien soin de vous débarrasser de la moitié qui vous gêne ! Elle ferait de l'ombre à la part que vous avez choisie. Avant de les dire vos ennemies, demandez-vous, sans ces calamités, ce qu'il vous resterait à vivre.

jeudi 12 février 2009

Sentiments calibrés

Je suis allergique aux violons : mes yeux se remplissent tous seuls de larmes au moindre trémolo. A mon grand dam, j'ai pu constater que la plupart des films nous servent cette tarte à la crème. Qu'un enfant soit atteint d'une maladie incurable ou que le second rôle dise au revoir à son chien, confié pour une semaine aux voisins, ça ne rate pas : aux deux tiers du film, les violons.
A la maison j'en profite pour aller pisser, mais au cinéma ? Et quand j'ai pas envie ? Ma gorge se serre sans que je puisse l'empêcher. Si ça dure quelques minutes, je pleure et simultanément j'enrage. Je sens qu'on veut m'acheter, forcer mon adhésion par des moyens déloyaux ; et avec quelle efficacité cette volonté étrangère s'empare de mes glandes lacrymales !
Mon pire souvenir dans ce registre, le tombeau des lucioles, est l'histoire inepte d'un adolescent qui laisse sa petite sœur chérie mourir de faim sans raison particulière. Aujourd'hui je ne supporterais pas ça dix minutes, mais à l'époque je n'interrompais jamais un film. J'ai bien cru que ma gorge allait éclater, et je lui garde une rancune farouche qui rejaillit jusque sur ces innocentes bestioles.