A l'époque où j'ai commencé à fumer, avant d'allumer ma clope sur un banc en plein air, je demandais à mes voisins de banc si ça les dérangeait. Depuis quelques années, la réponse est oui, systématiquement. Alors je ne demande plus, je l'allume et tant pis pour les asthmatiques. Non d'ailleurs : rien que l'idée d'avoir un voisin de banc probablement aussi consensuel - quoique pas très sensuel - m'écœure, et je me lève pour aller fumer plus loin.

En allumant une clope, je me demande généralement si je risque de déranger quelqu'un. Puisqu'on me le dit, que je dérange... Par contre, ma voisine de bus ne se demande pas ce que la demi-bouteille de parfum qu'elle s'est versé dessus fait à mon odorat délicat. Chère voisine de bus, apprenez ici si vous me lisez jamais, qu'après avoir supporté votre envoûtante compagnie j'ai l'impression d'avoir bu du parfum. Et si je n'en mets pas ce n'est pas pour en boire.

Nous sommes six milliards de gens sur cette planète, ça commence à faire beaucoup, on a du mal à se supporter. Alors au petit bonheur, on s'attaque à un groupe de personnes pour donner l'impression d'œuvrer en faveur des autres. On les conspue, on les aide (à arrêter bien sûr), on les taxe, on les met dehors, on édicte des règlements sadiques de ridicule. Je vous assure : le plus dur à supporter là-dedans, c'est combien c'est ridicule.

Mais c'est pour notre bien ! Je ne savais pas, mais nous les fumeurs on a besoin d'aide. D'abord parce que, c'est connu, le fumeur est bête : vous pouvez lui dire et lui répéter que c'est mauvais pour sa santé, il n'a pas l'air de s'en rendre compte. Et surtout, parce que le fumeur est veule : il veut arrêter, il décide d'arrêter, en attendant il fume toujours. Il a sûrement besoin qu'on l'aide à arrêter, d'ailleurs c'est marqué partout : faites-vous aider, nous savons combien vous êtes faible devant la cigarette. Des fumeurs qui ne veulent pas arrêter, ça existe ? Ben y a moi déjà... je suis frileux, mais je déteste qu'on me dise ce que je dois faire.