L'enragé'

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Tag - textes

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mercredi 1 septembre 2010

Poème à deux sous

En fouillant dans mes carnets pour amener quelques textes pas trop pourris à L'art dans le pré (vous savez, quand c'est pour les montrer, tous vos textes vous jouent soudain le sale tour d'être complètement nuls), j'ai retrouvé celui-ci, qui me plaît bien avec son ton benêt et ses rimes naïves.

Faisons briller la Sarkozie
Tiens ! Un flic sous mon lit.
(ça pue l'ul, ces temps-scie)

Faudra qu'je mette
Partout
Des tapettes
Des pièges à loups.

Pour appâter, facile :
Un caténaire
Du Baudelaire
Faisons l'imbécile.

Ah d'ailleurs : ça fait longtemps que je ne vous ai pas rappelé l'adresse de Plumes, cet accueillant (j'espère) petit forum d'écriture, où je poste des textes un peu plus sérieux.

lundi 8 février 2010

Un texte

Le grand aventurier ne sortait jamais, toute la journée en joggin' marcel devant l'intégrale de Thalassa. Bougonnant, remâchant ses erreurs de parcours.

Et avec ça vous viendrez me dire
que les sirènes sont braillardes
que les crêtes des vagues
oublient de mousser
quand personne ne regarde

La porte péta bruyamment sous l'impact ; une énorme semelle se retira dans l'ombre du couloir et ça cria sur le fond musical du générique : Police ! Bouge pas Ulysse ! T'es fait comme un rat.

Câble bourgeonnant qui se couvre de roses
courant marin entraînant traçant
les ombres d'un sillage
sur le fond de la mer

Depuis le temps qu'il attendait ça. Ulysse posa sa bière, contourna la table basse, se pencha sur le volumineux poste de télévision qu'il souleva sans mal, et au moment où il allait le balancer sur le flic, se prit une balle dans le buffet.

Extrême onction
Jonction disjonction

Titubant, il dégringola en douceur sur le lino, la télé toujours allumée posée sur le bassin. Il n'eut pas le temps de trouver la réplique qui tue, ses derniers instants ne furent pas mémorables. Ulysse était mort comme un con.

Mais peut-être, au fond, que les sirènes sont braillardes
et que les crêtes des vagues oublient de mousser
quand personne ne regarde.

jeudi 29 janvier 2009

Autoportrait au blog

Les mains au-dessus du clavier -défoncé le clavier, je frappe fort- je cherche mes mots. Comme si mes doigts étaient à l'affût des bonnes touches. Mon annulaire gauche reste plié plus longtemps que nécessaire. Un jour l'arthrose me privera de mon moyen d'expression privilégié. Peut-être. Qui je serai se débrouillera, ou pas, avec ça. Adrienne que pourra, pour ce que j'en dis. Je tape avec la main gauche, le pouce et l'annulaire droits, le boulot de l'index et du majeur droits étant de tenir ma clope, ou un mégot éteint depuis longtemps, ça dépend de mon état de fatigue. Sous les touches, l'intérieur du clavier est certainement à moitié plein de cendre, et alors ? Il marche.
Je me masse le visage, fatigué, il me faut du café. Du faux, de la chicorée en poudre, la cafetière est en panne. Impensable, avec un accro comme moi, et pourtant ça fait deux mois que j'oublie de la réparer. Terrible ce portrait, je ne cherche pas à écrire les mémoires d'un vieux dégueulasse. Rachetons-nous : la lumière du soleil atteint ce bureau tous les jours. Je ne collectionne pas les sacs poubelle pleins. Pas convaincant ? Encore un essai : un bouquet de fleurs serait à sa place dans cette pièce. Oh et puis merde.
Les manches de ma chemise sont usées jusqu'à la corde. Normal, elle a dix ans. Onze. Je l'ai achetée au Maroc, quelques jours avant de concevoir mon fils, qui a dix ans. Ma chemise préférée. Depuis dix ans. Onze. Il y manque quelques boutons, mais elle n'a pas d'accroc. De la bonne camelote. On continue le tour ? La tasse que je viens de remplir d'eau chaude, deux cuillerées de poudre brune, deux sucres, la mousse en premier. Une tasse en terre cuite, haute, droite, elle aussi a une histoire. J'aime les objets qui ont une histoire. Non chut Manu, celui-là tu le gardes. Passons.
Autour du clavier, épars, : briquet, tabac (interval, c'est dans l'air) un crayon de papier Tom-tom et Nana qui devrait être dans le pot à crayons de mon fils, trois pots à crayons (un pour les gros objets : cutter, colle, marqueurs, un pour les stylos qui marchent, un pour le bordel) Ah tiens non : quatre pots à crayons. Le quatrième contient un marqueur, un scoubidou et un kapla. Des livres, vaguement empilés. La poule Colette, aussi décorative que peut l'être une poule en... en quoi d'ailleurs ? Je n'en sais rien. Elle est blanche quand j'enlève la poussière dessus, ça m'arrive.
Bon, assez vu les objets, prenez quelques poignées de bordel sur votre bureau pour compléter le tableau. Un pied. Mon pied. Posé sur le dossier du fauteuil qui jouxte le bureau, encore une position idiote, le mollet sur le bord du bureau et l'autre jambe repliée sous les fesses. Jamais symétrique, jamais stable, c'est le seul fil conducteur de mes contorsions et vautrages. Un pied, donc, au bout d'une jambe rose de jean, dans une chaussette qui résiste vaillamment à l'usure aux deux bouts. Se sentant observé, le pied s'agite, puis blasé, se réinstalle confortablement sur une arête du mur.