Chaque jour, en défendant une vision des femmes affranchie du fardeau de la "féminité", ce corset social dans lequel on veut nous étouffer, je me heurte entre autres préjugés à la religion chrétienne, à son essentialisme et à la culpabilité morbide dont elle empoisonne nos vies.

Prenons donc un exemple catholique : j'ai un camarade de classe qui kiffe la messe en latin. Je trouve ça con, mais pas plus que de faire les soldes ou de gratter des tickets : toutes les religions me débecquettent. Je ne lui reproche rien, et sans doute que catho ou pas, je le défendrais si sa foi ou simplement sa couleur de peau lui valait d'être confondu avec les abruti's de SOS tout-petits.

Par contre, quand ma grand-mère devait porter un foulard (comme dit Thierry Lenain : il n'y a pas si longtemps...) ou quand ma mère s'est battue, littéralement, pour ne plus aller à la messe, il aurait été complètement dégueulasse de dédouaner leurs oppresseurs sous prétexte que c'était leur culture qui voulait ça et qu'il fallait la respecter.

Alors à celleux qui défendent le foulard jusqu'à la burqa, je dis : pas aveuglément s'il vous plaît. Pas contre les femmes qui se battent pour l'enlever, pas au prix de le laisser imposer dans les quartiers.

Et à celleux qui crachent sur le foulard et font les gros yeux aux femmes qui en portent, je dis : on est tou's le con de quelqu'un. Faites le tour de vos propres pratiques, demandez-vous si vous trouveriez acceptable qu'on interdise celles qui ne collent pas avec les idées des autres.

C'est un faux débat. Il y a autant de différence entre un foulard choisi et un foulard imposé qu'entre n'importe quel cul-béni et n'importe quelle oppression sexiste, et on ne fait pas de loi contre les culs-bénis par féminisme (mais contre des idées qu'ils défendent, oui et c'est heureux) et on ne permet pas d'opprimer les femmes par respect pour les grenouilles de bénitier (du moins on ne devrait pas le permettre).

J'aimerais qu'on se demande plutôt dans chaque cas, si la situation faite à une femme en particulier est saine ou malsaine, sans généralisation réductrice. J'aimerais qu'on réagisse aux situations et pas au chiffon de la différence culturelle qu'on nous agite devant les yeux. Mais je reconnais que c'est frustrant de se refuser la solution-miracle d'une loi qui nous donnerait l'impression d'avoir agi.