L'enragé'

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mercredi 18 janvier 2012

La violence conjugale, on peut en parler le 8 mars et le 25 novembre, mais aussi les autres jours

Je ne veux plus avoir à dire aux femmes qui sont dans des relations malsaines, enfermantes et abusives, que la réalité dans laquelle on les force à vivre n'est que la projection de l'imaginaire d'un type qui veut les statufier à une place d' "épouse idéale", quitte à les nier, les violenter psychiquement voire physiquement.

Je ne veux plus avoir à regarder des femmes se débattre avec "Je sais que c'est vrai, mais si je lui dis, il va juste me répondre telle chose illogique et dégueulasse et le débat sera clos." Je ne veux plus avoir à faire comme si elles avaient la moindre petite chance d'obtenir un vrai dialogue avec leurs connards de mecs et d'obtenir une relation saine avec eux.

Je ne veux plus avoir à dire à quelqu'une que si quelqu'un l'empêche de respirer, elle n'a pas à se soucier de le décevoir dans son immense amour. Je ne veux plus avoir à lui répéter trente fois en deux heures qu'être respectée en tant que personne passe avant les exigences délirantes de son mec, et à sentir qu'elle n'est toujours pas sûre de vouloir mettre ça en tête de ses priorités.

Je ne veux plus entendre parler de légitimité biologique à la violence masculine et à la docilité féminine. Je ne veux plus avoir à emmener personne aux urgences à cause du sexisme.

Et ça ne commence pas à vingt ans. Les femmes sont programmées dès l'enfance pour tomber dans le panneau. Et ça ne commence pas non plus avant la naissance. Il n'y a pas de gène de la femme battue. Et ça ne concerne pas un certain type de personnalité. Tout le monde peut se faire avoir, même des hommes d'ailleurs. Le seul facteur vraiment significatif dans la violence conjugale, c'est cette éducation genrée de merde.

Quand vous voyez un gosse, écoutez-vous penser à lui. Essayez d'imaginer ce que vous penseriez si c'était une fille au lieu d'un garçon, un garçon au lieu d'une fille. On baigne tellement dans le double standard que la plupart du temps on ne voit même pas qu'on fait une différence. Faisons une parenthèse pour parler du double standard.

A l'école, vous vous souvenez ? Les filles et les garçons étaient traités pareil, exactement pareil. Pourtant, quand on mesure le temps d'attention, le temps de parole auxquels chaque élève a droit, les garçons en obtiennent deux fois plus que les filles. Ce n'est pas qu'à l'école. Choisissez une anecdote à propos d'un gosse et écrivez-la avec un prénom féminin et avec un prénom masculin. Faites circuler les deux versions autour de vous. Lequel a raison de s'exprimer, de gagner en autonomie ? Laquelle devrait penser à tout le mal que se donnent ses parents et être plus sage ?

Voilà pour le double standard. Pour que ça commence le plus tôt possible, on prend soin d'expliciter visuellement le genre attribué à l'enfant. Les T-shirts Hello Kitty et autres babioles roses à paillettes dont on pare les petites filles me font gerber. Je les vois comme des pancartes annonçant : vous pouvez traiter cette personne comme quantité négligeable, la réprimer si elle s'exprime ou s'autonomise et lui apprendre à faire passer le désir d'autrui avant ce qu'elle veut vivre.

Bon, je suis super en colère alors je vous raconterai une autre fois comment on fabrique une cage pour femme battue, comment on la fait entrer dedans, et surtout pourquoi elle ne sort pas si on ouvre la porte. C'est un truc qui donne vraiment l'impression que les femmes battues sont stupides et ne veulent pas être aidées. Si vous êtes impatient's de savoir la suite, ou si vous en éprouvez le besoin pour une quelconque raison, je vous recommande la lecture de Femmes sous emprise, de Marie-France Hirigoyen.

mardi 30 août 2011

Roses et bleus

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samedi 25 décembre 2010

La féminine de service

Avec 1/5 de femmes parmi ses licenciés (et seulement 1/9 chez les adultes), le petit monde des échecs français n'a pas vraiment pris le tournant de la mixité.

Pourquoi les échecs sont-ils si peu mixtes ?

Puisque la question viendra de toutes façons, posons-la sans atermoyer : Qu'est-ce que les femmes n'ont pas ? Précisons crûment : Qu'est-ce que les femmes n'ont pas et qui, chez le joueur d'échecs, est ferme, volumineux et invasif ? Une fois la question posée en ces termes, la réponse s'impose d'elle-même : un ego. Un bon gros ego construit chez les garçons à coups de robots, de pistolets, d'encouragements à jouer des coudes jusqu'à la plus haute marche du podium tandis que les filles sont cantonnées dans le paraître et le care à grands renforts de poupons, de maquillage et de censure de l'autonomie.

Ce n'est pas faute d'essayer !

La FFE propose, avec une candeur qui serait touchante n'était la condescendance patente de ces efforts, toute une panoplie de catégories, championnats, prix et titres spécifiquement féminins, à côté des mixtes. En effet, explique la fédération, si aucune différence de performance intellectuelle n'est intrinsèque au sexe des joueurs, une énorme différence de participation entre les unes et les autres demande un correctif, apporté par la mise en valeur des meilleures joueuses et par des incitations à la participation des femmes.
Fort bien. Mais pourquoi alors, ce traitement de faveur est-il associé par tant de gens aux catégories de l'athlétisme, où le sexe des concurrents influe sur leurs performances ? Imaginerait-on, pour pallier à la sous-représentation des femmes aux postes de pouvoir, un recrutement mixte et un recrutement féminin, une élection mixte et une élection féminine ? Mais me direz-vous, dans ce cas on embaucherait ou on élirait deux personnes pour un seul poste, et l'une de ces personnes serait nettement moins légitime que l'autre. C'est exactement ce que je pense des championnats féminins d'échecs : on n'est ni champion ni championne quand dix ou vingt personnes sont mieux classées que vous.
Si jusqu'à présent les champions du monde d'échecs ont tous été des hommes, c'est qu'aucune des femmes qui auraient pu l'être (et sans doute peu des hommes qui auraient pu l'être) ne s'est consacrée aux échecs comme l'ont fait ceux qui ont obtenu ce titre. Pour remédier à cela, décerner des titres de pacotille est inutile ; le manque d'intérêt des femmes pour une activité à la fois compétitive, guerrière et égotique est directement lié au genre, c'est à dire à l'éducation qu'elles reçoivent et qui est faite pour les en détourner. Le genre masculin n'est pas pour autant exempt de critique : s'il est parfait pour encourager les hommes à jouer aux échecs, il les invalide dans bien d'autres aspects de leur vie.

La féminine de service

La seule mesure véritablement intéressante pour la parité prise par la FFE, c'est l'obligation faite aux équipes de présenter au moins une joueuse (les équipes de nationale 4 en sont dispensées car elles peinent déjà à aligner le nombre de joueurs requis). La pénalité en cas d'équipe entièrement masculine rend plus intéressant de traîner sa grand'mère aux matches pour faire acte de présence que d'ignorer cette obligation, avec pour conséquence effective une présence féminine qui n'existait pas avant.
L'on ne saurait toutefois se contenter de ce résultat. Depuis cette mesure, à quoi ressemble un match d'échecs ? Une longue rangée de tables, sur lesquelles alternent pendules et échiquiers. Devant ceux-ci, tout au long, des hommes. Au bas bout de la tablée, face à face devant le dernier échiquier, les féminines de chaque équipe. Bien sûr, elles aussi sont là pour apporter une victoire à leur équipe ; mais peu importe. N'était ce "F" sur leur carte d'identité, le club disposait de nombreux joueurs plus forts. Elles sont là, avant tout, pour éviter cette pénalité. Et si l'une d'elles ramène un point, ce sera seulement parce que le club d'en face n'a pas trouvé de féminine présentable à lui opposer.

Qu'est-ce qui ne va pas là-dedans ?

Pourquoi, en s'y prenant de la meilleure façon, n'arrive-t-on qu'à un résultat si médiocre, qui reste passablement humiliant pour celles qui en bénéficient ? La FFE est certes une institution sexiste, mais pas plus que le monde qui l'entoure. Une mesure contre le sexisme, isolée dans un océan de sexisme, ne peut pas résoudre le problème contre lequel on la dresse. Il faut, et pour des bénéfices bien plus larges que la parité aux échecs, commencer par donner aux femmes un ego qui réclame des victoires.
Vous regardez la fillette qui vous sourit mais ne vous tire pas par la manche pour garder à tout prix votre attention, et vous vous dites qu'être disponible pour les autres, c'est avant tout une qualité... Vous la ramassez après une chute, et vous vous félicitez qu'elle ne fasse pas de colère, au lieu de trouver qu'elle manque de persévérance et de l'encourager à recommencer son escalade... En classe aussi, elle aura droit à moins d'attention et on ne lui demandera pas non plus de persévérer : réussir n'est indispensable que pour les garçons.

Je pourrais continuer longtemps à raconter comment on fabrique des non-joueuses d'échecs, à peine de quoi recruter la féminine de service, et des joueurs d'échecs à la pelle, à partir de bébés habillés en rose ou en bleu. Mais je veux seulement dire : Arrêtez ! Faites-en des humains, rien que des humains.

vendredi 22 octobre 2010

De la correspondance entre organes sexuels masculins et féminins

Dire que « les garçons ont un pénis et les filles ont un vagin » me semble à peine moins nocif que la version précédente : « Les garçons ont un pénis et les filles n'en ont pas ». Un vagin, la belle affaire. La vérité, c'est que si les garçons ont un pénis, les filles ont un clitoris.
Pourquoi dit-on aux filles qu'elles ont un vagin ? Pourquoi ne leur dit-on pas qu'elles ont un clitoris ? Voilà deux questions intéressantes.

Pourquoi le vagin serait-il l'équivalent du pénis ?
Si l'on se place du point de vue de la reproduction, certes, les femmes ont un vagin, au fond duquel le pénis dépose son sperme, qui remonte aussitôt plus haut pour féconder l'ovule et former un embryon qui s'installera lui aussi plus haut, dans l'utérus. Neuf mois plus tard, on reparlera du vagin pour quelques minutes, comme lieu de passage de l'enfant naissant.
Où est-ce que le rôle du vagin est prépondérant dans tout ça ? En fait, le vagin n'a une telle importance que pour permettre au pénis de remplir ses fonctions, de reproduction et surtout de plaisir masculin.
Si l'on se place du point de vue du plaisir, motivation beaucoup plus présente dans les rapports sexuels humains que ne l'est la reproduction, le plaisir féminin existe aussi au niveau du vagin, mais pas le moins le monde grâce à lui : si ses parois étaient abondamment innervées, chaque accouchement serait dramatique !
En réalité, elles sont à peu près inertes et le coït vaginal ne fait que stimuler le clitoris à travers. Les femmes préfèrent souvent une stimulation indirecte du clitoris, mais les parois vaginales sont beaucoup plus épaisses que ne l'est le capuchon du clitoris, une culotte, ou pour donner un exemple qui parle aux hommes, un préservatif.
En définitive, le coït vaginal n'a d'importance dans la sexualité des femmes hétéro que parce qu'il compte beaucoup pour leur partenaire.

Pourquoi le clitoris n'est-il pas présenté comme l'équivalent du pénis ?
Encore faut-il connaître son existence. Le clitoris est un organe féminin dédié au plaisir, qui mesure environ huit centimètres, comporte huit mille terminaisons nerveuses (le pénis en comporte quatre à six mille pour une plus grande surface), se dresse et double de volume quand il est excité.
Tout cela le rend bien proche du pénis, même si ce dernier est chargé de plusieurs fonctions qui sont remplies par des organes féminins distincts : miction, plaisir, procréation. L'autre différence considérée comme cruciale tient à la façon dont l'organe se détend après l'orgasme ; là encore, les femmes ont été bien servies par la nature. Toutefois, ce ne sont pas ces raisons qui sont mises en avant pour refuser au clitoris un statut équivalent au pénis.
D'ailleurs, aucune raison n'est vraiment donnée ; la plupart du temps, on se contente simplement de l'ignorer. C'est d'autant plus facile qu'on explique aux petites filles qu'elles ont un vagin (sous-entendu : rien d'autre qu'un vagin), organe de grandes personnes qu'elles n'ont pas besoin de connaître, et qu'on leur apprend à être honteuses de leur vulve, présentée comme un unique organe servant surtout à faire pipi, que ses plis rendent en permanence suspecte de saleté.
Par la suite, elles commenceront souvent à découvrir leur corps selon l'intérêt qui lui sera porté par un garçon, auquel on aura appris que c'est son pénis qui sert à faire l'amour aux femmes et expliqué la bonne façon de s'y prendre. Pas étonnant si il se focalise sur le vagin de sa partenaire. Il ne s'agit même pas d'un malentendu : cette perception faussée du corps des femmes est hélas couramment partagée par les principales intéressées !

Mais je me suis laissé' emporter et n'ai pas encore répondu à cette double question : pourquoi est-ce ainsi que l'on présente les choses, aux enfants et même aux adultes ? La réponse est bien évidemment politique : le vagin est présenté comme central pour mettre le corps des femmes au service du plaisir masculin et de la procréation.
Au contraire, le clitoris pose la question d'un plaisir donné à l'autre, non par la magie d'une baguette dont seules les dimensions importeraient, mais par des caresses où l'attention à la personne de l'autre est très largement requise. Dans ce contexte, le coït vaginal pourrait prendre sa juste place : l'un des moyens donnés aux amants hétérosexuels de partager du plaisir.

lundi 13 septembre 2010

Un témoignage

C’est vrai que j’ai fait l’amour à 15 ans. Le jour de mon anniversaire, je me suis offert ça ! C’était avec un garçon qui me plaisait bien sûr. On fréquentait les mêmes écoles, séparées côté filles côté garçon. On chantait bien tous les deux dans la même chorale de l’école. Il était beau, il chantait bien et il faisait très bien l’amour... Cela, je ne le savais pas encore, vu que c’était le premier. Il avait 16 ans et deux jours. On était vraiment adultes...

Évidemment j’ai été enceinte tout de suite. Mes parents ont dit "c’est pas possible ! A quinze ans !" Mais ils n’étaient pas idiots, ils connaissaient pas mal de trucs et mon père m’a amené à Paris pour me faire avorter dans de très très bonnes conditions, chez un médecin.

Seulement papa, il a pris un air très grave et il a dit : "Et tâchez de ne pas recommencer !" Comme information, c’était un peu juste. Pendant la guerre, les préservatifs n’étaient pas fameux. Et puis, bon, on ne voyait pas le danger. Bref, je suis retombée enceinte.

Cette fois, j’ai laissé faire, c’est comme ça que j’ai eu ma fille, à 18 ans. Au bout d’un moment, mon amant et moi on s’est mariés, il a arrêté ses études et il est venu faire les marchés avec nous. Mais le problème de la fécondation n’était pas du tout résolu. On a tout essayé, les injections d’eau savonneuse, avant et après, la méthode Ogino, le retrait, puis ceci, puis cela, tout y est passé... Rien ne marchait. A cause de cette absence de contraception, j’ai avorté 10 fois. Un ami de la famille m’a dit : "Je vais t’apprendre, si tu le fais dans de bonnes conditions ça doit aller."

Il m’a expliqué comment mettre une sonde, en prenant les mesures d’hygiène. Il a très bien expliqué et mon mari a appris aussi. Je n’ai jamais eu de pépins, sauf une fois... Là, j’ai failli claquer. Je croyais que tout était sorti, mais il en restait. Il y a eu une infection rapide, avec une grosse fièvre. J’ai eu peur ! Le médecin était bien ennuyé. En plus, c’était la guerre. Or, c’était un médecin juif, qui s’était réfugié en zone libre. Et bien il ne m’a pas laissé tomber ! Il m’a dit : "Je vais faire tout ce que je peux pour ne pas vous envoyer à l’hôpital." Vous voyez les risques qu’il a pris, lui qui n’avait pas le droit d’exercer. S’il m’était arrivé quelque chose, il allait en taule. Il m’a fait un curetage sur la table de la cuisine. Heureusement, c’était une table avec des rallonges. Sous la table, il a mis une cuvette, tout ce qui sortait tombait dedans. Il y avait du sang partout. Non, je n’ai pas souffert. Il m’avait mis un masque pour m’endormir. J’ai été très bien opérée. Bon, c’était assez dramatique, quand même ; mon mari ne se sentait pas bien. Enfin, ce médecin m’a sauvée, il prenait de drôles de risques. Merci docteur juif.

Mais je n’avais toujours pas les moyens de ne pas recommencer. En tout, dans ma vie de jeune fille, de jeune mère, et après, dans ma vie de femme libre, j’ai avorté 10 fois. Si ça faisait mal ? Bien sur, on savait qu’on allait avoir mal. On se demandait aussi à quel moment c’était mieux de le faire. On avait compris que c’était mieux à partir de trois mois, ça se décrochait mieux, c’est l’ensemble qui sort, parce que avant c’est résistant. Mais ça fait beaucoup plus mal. Les avortements autour de deux mois, ça descend mal, et on ne sait pas si tout est parti ; il sort des petits trucs. C’est pour ça que moi, j’ai failli crever.

En tout 10. Je ne suis pas la seule. A cette époque-là, c’était la débrouille. Ma mère avortait aussi. Ce n’était pas un plaisir, mais il faut savoir choisir entre les inconvénients. Je ne me plains pas, c’est l’instinct de survie. Ce qui est marrant, c’est que je ne suis pas devenue frigide. J’ai eu un seul enfant : j’avais des idées "politiques" très arrêtées. C’était la guerre, et j’ai dit : "Je ne ferai pas d’enfants pour qu’ils aillent à la guerre, j’ai eu une fille par accident ; je n’aurai pas d’autre enfant."

J’ai divorcé. Quand mon ex-mari a eu une deuxième femme, c’est moi qui l’ai avortée. Il m’a demandé si je pouvais le dépanner ; il savait que je savais faire une fausse couche. Je l’ai fait pour elle, pas pour lui. Cela s’est bien passé. Mais elle, elle avait la trouille. Ensuite j’ai fait des avortements, quand des femmes venaient me voir et me le demandaient. J’ai même fait un avortement sur la fille d’un gendarme. Je sais pas si vous voyez.

Parce que quand même, j’ai été dénoncée un jour. En 1950. C’était complètement fou ! La femme d’un copain croyait que j’étais la maîtresse de son mari. C’était faux. Lui avait dû trop parler. On a toujours tort de raconter des trucs comme ça. Elle m’a dénoncé à la police. J’habitais Paris, à cette époque. Les flics sont venus m’arrêter chez moi.
- Police. Suivez-nous !
- Qu’est-ce que j’ai fait ?
- On va vous expliquer.
Ils ont vidé mon placard de correspondance. Ils ont cherché mon matériel, il était bien caché, je ne vous dirai pas où. C’était le matin, de bonne heure, ma fille n’était pas encore partie à l’école. elle avait 12 ans. Les flics lui ont dit : "T’en fais pas ; ta mère va rentrer."
Je lui ai dit : « Ne t’inquiète pas, ils se trompent, ils viennent chercher quelqu’un d’autre. » Elle a été impeccable, elle n’a pas bronché. Et quand elle est rentrée, j’étais là.

Bref, je me suis retrouvée Quai des Orfèvres. Je suis tombée sur un flic qui n’était pas bête du tout, il y en a quelques uns. De temps en temps, il me disait : "Madame, je ne suis pas si bête que ça, voyons..." Mais je n’étais pas là pour cracher : je suis une avorteuse. D’abord je ne me suis jamais considérée comme telle. Et puis, il ne faut pas en dire plus qu’ils ne vous en demandent. N’empêche que j’avais un peu la trouille, parce qu’il y avait des lettres qui disaient : "Madeleine, excuse moi de te le redemander, mais j’aurais besoin de ton matériel." Finalement, on a trouvé un compromis, j’ai dit le minimum, j’ai avoué pour ce cas-là. Je n’ai pas dit que j’avais fait je ne sais combien d’avortements !

Je suis passée devant un tribunal. J’avais un excellent avocat, il a été parfait. J’ai été condamnée à deux ans de prison avec sursis. Comme j’avais beaucoup d’amis, ils se sont cotisés pour payer l’amende, parce que moi, je n’avais pas un rond. Donc je n’ai pas fait de prison.

Ce qui m’a rendu service, question contraception, c’est que j’ai eu un cancer. Quand j’ai été opérée d’un sein, le médecin, qui n’était pas idiot m’a aussi enlevé les ovaires. Résultat : j’aurais pu faire l’amour toute la journée et toute la nuit. C’est dommage, je n’en ai pas assez profité, c’était un peu tard. Mais ça m’a rendu service quand même. Car tout ça, ça ne m’avait pas enlevé l’envie de faire l’amour. Il y a une espèce de petit jeu, on joue avec le danger, on va s’en sortir ! Mais pas à tous les coups...

De toute façon, à un moment, ça me pesait un peu. Je voulais que les médecins se mouillent, que, lorsqu’ils voyaient une femme en difficulté, ils aient l’humanité de la sortir de là. Que ce ne soit pas toujours nous qui fassions le boulot.

Je militais au MLAC. Il n’y a que comme ça qu’on pouvait s’en sortir, pour avoir des contraceptions. On faisait du bon boulot, toutes ensemble. On tenait un stand sur le marché d’Aligre. Il arrivait que les femmes viennent nous voir et se mettent à pleurer. Elles disaient : "Enfin, on en parle !" Les permanences ont été un grand lieu de conscientisation des femmes. Et nous, heureusement, on n’avait pas peur, même si c’était interdit.

A un moment donné, j’ai été au PSU, mais faut dire la vérité : mes opinions sont plutôt anarchistes. Anarchiste collectiviste, on ne peut pas se libérer tout seul. Pendant la guerre d’Algérie, j’ai souvent planqué des Algériens dans ma maison, ils dormaient dans mon entrée, à cause du couvre feu. Les flics venaient interroger ma concierge. J’ai un dossier comme ça !

Je ne pourrais jamais me refaire une virginité.

Extrait de Paroles d’avortées, pioché dans Les témoignages des chattes sur cette mine qu'est Infokiosques.net.

lundi 8 mars 2010

Le 8 mars nous gagnons plus de confiance en nous, et c'est heureux car on en aura besoin

Aujourd'hui j'ai fêté avec Nathalie son accession, fruit d'une lutte de plusieurs semaines, aux arcanes de la pose de carrelage. Le boulot serait fini depuis longtemps si les spécialistes, qui n'ont pas rechigné à instruire Ludo, l'avaient écoutée plus tôt, mais elle a enfin pu leur prouver que non, même le premier on ne le rate pas forcément..

Aujourd'hui Claude, souris en main, a vaincu le problème de la fenêtre sournoise et fait une expérience non inhibante de debugage, grâce à l'absence de toute esplication technico-lumineuse, un art que les mecs ont tendance à faire participer plus de l'éblouissement que de l'éclairement.

Aujourd'hui Jeanne a toujours besoin d'aide en maths, mais ce n'est plus dû qu'à sa flemme d'apprendre les leçons. Après cinq ans passés à convaincre sa mère de ne plus dire qu'elle ne comprendrait pas et à défaire cette croyance, son intelligence n'est plus bridée par aucun complexe.

Ces petites victoires ne sauraient me faire oublier que la violence continue.

Qu'il n'est toujours pas possible d'avoir la paix dans un bar le soir (même quand on porte un gros pull et qu'on est manifestement là pour jouer au go), que repousser ne serait-ce que verbalement un contact imposé est encore considéré comme une incongruité.

Que déposer une plainte pour violences domestiques reste une épreuve quand on a la chance d'avoir les bons papiers, et devient un cauchemar quand on ne les a pas.

Que les femmes ne sont pas respectées pour deux sous (je ne parle pas du "respect" idolâtre de La Femme) dans ce pays et cette époque où nous avons tout gagné, c'est à dire où une fraction du sexisme un peu plus grosse qu'une miette est tombée grâce à un siècle de lutte.

jeudi 4 février 2010

Foulard ou pas foulard, la question qui tue

Chaque jour, en défendant une vision des femmes affranchie du fardeau de la "féminité", ce corset social dans lequel on veut nous étouffer, je me heurte entre autres préjugés à la religion chrétienne, à son essentialisme et à la culpabilité morbide dont elle empoisonne nos vies.

Prenons donc un exemple catholique : j'ai un camarade de classe qui kiffe la messe en latin. Je trouve ça con, mais pas plus que de faire les soldes ou de gratter des tickets : toutes les religions me débecquettent. Je ne lui reproche rien, et sans doute que catho ou pas, je le défendrais si sa foi ou simplement sa couleur de peau lui valait d'être confondu avec les abruti's de SOS tout-petits.

Par contre, quand ma grand-mère devait porter un foulard (comme dit Thierry Lenain : il n'y a pas si longtemps...) ou quand ma mère s'est battue, littéralement, pour ne plus aller à la messe, il aurait été complètement dégueulasse de dédouaner leurs oppresseurs sous prétexte que c'était leur culture qui voulait ça et qu'il fallait la respecter.

Alors à celleux qui défendent le foulard jusqu'à la burqa, je dis : pas aveuglément s'il vous plaît. Pas contre les femmes qui se battent pour l'enlever, pas au prix de le laisser imposer dans les quartiers.

Et à celleux qui crachent sur le foulard et font les gros yeux aux femmes qui en portent, je dis : on est tou's le con de quelqu'un. Faites le tour de vos propres pratiques, demandez-vous si vous trouveriez acceptable qu'on interdise celles qui ne collent pas avec les idées des autres.

C'est un faux débat. Il y a autant de différence entre un foulard choisi et un foulard imposé qu'entre n'importe quel cul-béni et n'importe quelle oppression sexiste, et on ne fait pas de loi contre les culs-bénis par féminisme (mais contre des idées qu'ils défendent, oui et c'est heureux) et on ne permet pas d'opprimer les femmes par respect pour les grenouilles de bénitier (du moins on ne devrait pas le permettre).

J'aimerais qu'on se demande plutôt dans chaque cas, si la situation faite à une femme en particulier est saine ou malsaine, sans généralisation réductrice. J'aimerais qu'on réagisse aux situations et pas au chiffon de la différence culturelle qu'on nous agite devant les yeux. Mais je reconnais que c'est frustrant de se refuser la solution-miracle d'une loi qui nous donnerait l'impression d'avoir agi.

samedi 30 janvier 2010

plus jamais

Condamner le viol est nécessaire, mais la volonté d'insister sur la gravité des faits n'autorise pas à dire n'importe quoi. Dire, par exemple, qu'une personne ne sera "plus jamais la même" après un viol, n'est qu'une violence supplémentaire faite aux victimes. Comme l'explique Virginie Despentes dans King-kong théory, cette prédiction est fortement auto-réalisatrice. Sans nier la violence subie, dire aux victimes qu'elles mettront un certain temps à retrouver une vie normale, mais que le souvenir qui les tourmente pourra un jour n'être plus qu'une vilaine cicatrice, me semble plus sensé et plus réconfortant que la poignée de sel dont on frotte leurs blessures au seul bénéfice d'un ordre social qui régente strictement le sexe acceptable et la valeur de la marchandise sexuelle "femme".

Même dans des conditions plus ordinaires, qu'en est-il de la permanence de ce qu'est un être humain ? Nous vivons, nous changeons à chaque instant, pourtant seules certaines de nos expériences sont réputées avoir cet immense pouvoir sur nous : nous changer à jamais. En mal, évidemment. En termes de pure logique, il est donc vrai qu'on ne sera "plus jamais lea même" après un viol, comme après une bonne baise, un café ou un trajet en bus. En comptant quelques années pour se remettre d'un viol traumatisant (Je vais en faire hurler plus d'un' avec cet adjectif mais c'est comme ça : certains des viols que j'ai subi ne m'ont pas du tout traumatisé', c'était juste désagréable.) il est évident que la personne aura changé, puisqu'elle aura vécu des tas d'autres choses pendant ces années-là. Mais ce n'est pas ce que veulent dire celleux qui décident à la place des victimes comment elles vont vivre ensuite.

Ce qu'illes disent, c'est qu'un viol est un événement spécial, différent de tout le reste, qui étendra son ombre sur toute la vie de la victime. Heureusement, c'est complètement faux. Environ un tiers des femmes subissent une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie, aujourd'hui en France et en s'en tenant à la définition officielle qui exclut notamment la violence médicale. Vêtues de noir, ces femmes rasent les murs et fondent en larmes sans raison le reste de leur vie durant. Ou pas. Beaucoup échappent à la condamnation des victimes à une vie "brisée", "diminuée" et tutti quanti, parce qu'elles évitent la funeste qualification en ne nommant pas ce qu'elles ont subi. Quelques-unes le nomment et s'en remettent malgré la compassion générale.

Je me souviens très bien de ce moment : je raconte à une amie et à son petit copain comment des garçons m'emmenaient dans des caves quand j'étais ado. J'ai dix-huit ans, j'essaie de comprendre ce qui s'est passé, de trouver un sens à mon comportement d'alors qui me semble inepte. Ils ne me forçaient pas, au contraire ils avaient grand soin à chaque fois de me faire dire "oui", alors que ce que j'éprouvais leur importait peu. Maintenant je sais ce que je faisais : ce qu'on attendait de moi, tout simplement. Ce que la société en me désignant comme objet sexuel, ma mère en m'inculquant que la volonté d'autrui est toujours prioritaire, ces garçons en exprimant leur volonté de m'utiliser comme objet sexuel, attendaient de moi. La mention d'un comportement semblable dans un document sur les tournantes, accompagnée d'une tentative embarrassée pour l'expliquer, a achevé de me délivrer du questionnement morbide dans lequel m'avait laissé ce "consentement".

Je raconte ces choses pour la première fois, et ça me soulage. Peu après, le copain sort de la pièce. Mon amie m'explique qu'il est en colère à cause de ce que j'ai raconté, en colère contre ces types et pas contre moi (la précision était bienvenue). Je suis confondu' : quelqu'un prend mon parti, à moi, contre ces autres que j'avais cru jusque-là plus légitimes. Cette colère m'a permis d'aller mieux. Elle m'a dit qui avait eu tort, et même, où était l'ensemble des torts, et elle me l'a dit sans hauts cris, sans protestations effarouchées, sans prédictions terribles.

Oui, il faut du temps. Mais un viol est une violence parmi d'autres violences possibles. Cela fait plus de deux ans que j'ai cessé de travailler pour un dangereux déséquilibré. Cet automne, j'ai découvert que j'étais devenu' épileptique à cause du stress, et j'ai recommencé à imaginer pendant des heures que je tuais mon ancien patron de toutes les manières possibles. Cela m'arrivait souvent au début, et il faut croire que cela peut encore se reproduire. Peut-être bien qu'il me reste aussi quelque chose de la paranoïa, de la réceptivité aux signaux inhibants, de la perte de confiance en moi et autres joyeusetés que ce type m'a fourrées dans le crâne. Et alors ? Je suis moi, la personne qui vous parle, et non une version dégradée d'une autre personne que je devrais être.

dimanche 17 janvier 2010

Ces petits ennuis qui ne comptent pas

Quand une femme a un enfant, elle est tellement heureuse que tous les petits tracas de la grossesse et de l'accouchement, ça ne compte pas. En plus aujourd'hui on met vraiment les petits plats dans les grands pour qu'elles récupèrent. Piscine et tout... Voui voui voui.

Quand une femme enceinte ne dispose pas d'assez de ceci ou de cela, le bébé est servi d'abord. Ce que la sagesse populaire traduit par "Un enfant, une dent". Je confirme. L'ostéoporose est aussi la conséquence de ce principe. Mais voir votre corps s'effriter, par rapport à la joie et à l'accomplissement d'avoir eu des enfants, ça ne comptera pas.

L'épisiotomie, encore pratiquée de manière routinière dans de nombreuses maternités, est souvent plus nuisible qu'utile et de plus en plus dénoncée comme mutilation génitale. Remarquons qu'une croyance servant très souvent à justifier l'excision est que l'enfant pourrait mourir s'il entrait en contact avec le clitoris, ou avec le sexe non "coupé" de la mère. L'épisiotomie est d'ailleurs une forme partielle d'excision car le clitoris ne se limite pas au petit bouton visible mais s'étend sur une zone beaucoup plus large, et les nerfs sectionnés ne repousseront pas. En outre elle est parfois assortie d'une suture similaire à l'infibulation (on recoud "bien serré"). Merci docteur.

Après un accouchement, le périnée, qui nous permet de faire nos besoins de manière contrôlée, est distendu. Pour avoir bossé dans une librairie catholique, je suis bien placé' pour vous dire que beaucoup de femmes d'un certain âge sentent la pisse, mais pas les bonnes sœurs. Vous risquez donc de vous pisser dessus à chaque éternuement. La solution à ces ennuis est d'aller vous faire mettre (Encore ! Hé oui ça se termine souvent comme ça. A force ça finirait même par avoir l'air naturel.) d'aller vous faire mettre un godemiché électrique, la pointe de la technologie pour notre bien-être à nous les femmes, en espérant que le kiné aura le bon goût de ne pas régler le courant trop fort. Moi j'ai laissé tomber après cet incident, je préfère encore me passer d'abdos.

Bon, mais ce que je voulais vous dire, c'est que ça ne compte pas. Ce n'est rien, tout ça, comparé au bonheur d'avoir un enfant à ce qui vous attend quand vous aurez un enfant.

mercredi 30 décembre 2009

Le consentement, la fouille intime et la mal baisée

Sur l'insistance de ma gynéco, j'ai accepté pendant un toucher vaginal le frottis que je venais de refuser, sachant pertinemment que je ne pourrais pas la laisser me le faire. De fait, je me suis rétracté' aussitôt après ; quelques vilaines expériences de la violence médicale ordinaire m'ont laissé une véritable terreur des instruments gynécologiques. Alors pourquoi avoir accepté, en toute sincérité, si ce n'était pas possible ?

Cet irrationnel acquiescement, d'après ce que j'ai éprouvé à ce moment-là, résultait d'une soudaine docilité, d'une immense bonne volonté, directement causée par le fait d'être pénétré' (et non pas, comme on peut le croire dans d'autres situations, par un quelconque plaisir puisque je n'en éprouvais pas). Voilà ce que j'ai découvert à cette occasion. Être pénétré' rend docile, bien disposé' et coopérati.f.ve. Ce qui m'inspire ces quelques réflexions :

  • Les fouilles intimes, si abondamment pratiquées dans les commissariats hors de toute nécessité apparente, n'ont peut-être pas pour seul but d'humilier celleux qui les subissent.
  • L'expression mal baisée signifie en fin de compte qui n'a pas été rendue docile par la pénétration, et non qui est sexuellement frustrée.
  • Les réconciliations sur l'oreiller, fruits d'un coït particulièrement bref et sommaire (cf Ebichu, hamster domestique, ép.1 si vous n'en avez pas l'expérience) s'expliquent mieux.

Ces trois exemples confirment assez, selon moi, mon affirmation de tout à l'heure. J'aimerais préciser les causes que j'attribue à ce phénomène. Je ne puis infirmer une interprétation en termes de mécanisme favorable à l'espèce, mais n'y souscris pas ; Darwin a bon dos dès qu'une oppression est inscrite dans les corps.

Dans une très large aire culturelle autour de nous, être pénétré', c'est être vaincu', entièrement soumis' à cellui qui pénètre. Le langage en porte, s'il était besoin, maints témoignages. En étant pénétré's nous sommes placé's dans une position symbolique d'infériorité ; l'ordre social nous enseigne assez les obligations impérieuses qui en découlent pour que nous nous adaptions à la situation, adoptant sans même nous en apercevoir la docilité appropriée. Docilité à laquelle nous attribuons quand c'est possible une cause plus présentable, comme le merveilleux plaisir que nous procure l'organe tout-puissant de notre partenaire.

Une conséquence de ce phénomène est de faire accepter une pénétration après coup : lorsque le rapport sexuel qu'il constitue est "acceptable" (notion floue mais beaucoup plus large que "consenti") un viol peut cesser d'être perçu comme tel par la victime, dès les premiers instants où elle est pénétrée ; elle pourra même ensuite être assez convaincue de son consentement pour "oublier" le début. Comme si les hommes avaient en permanence une petite dose de GHB dans la poche ; ce qui ne les autorise évidemment pas à en faire usage, bien au contraire.

lundi 7 septembre 2009

Habeas corpus ou pas ?

Ceci est le troisième épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien.
Lire le premier épisode
Lire le deuxième épisode

Et si on ne voulait plus faire d'enfant du tout ? Pourquoi on se donnerait tout ce mal avec une contraception temporaire, quand on a enfin le droit de régler le problème une fois pour toutes ? Depuis 2001 on l'a, ce droit. Avant c'était le doc qui décrétait : on vous opère, comme pour Minouche.

Ah oui, voilà pourquoi : nous autres girouettes, un jour on ne veut plus jamais d'enfants, le lendemain on crie à la mutilation. Bien sûr. Si on était des adultes responsables, on se garderait bien de prendre des décisions aussi définitives. Et donc là puisqu'on ne veut pas reprendre la pilule, on va être obligée de continuer avec un stérilet. Ben voyons.

Moi j'en vois bien une autre de contraception, pour nous les femmes qui ne savons pas ce que nous voulons et même, qui osons prétendre le savoir. Une contraception vraiment efficace : sans effets secondaires, sûre à 100%. Pas de coït, pas de reproduction. Eh les mecs, on en reparle quand vous voulez de la ligature des trompes. Vous êtes au courant pour le délai de quatre mois ?

dimanche 14 juin 2009

Féminisme et antisexisme

L'antisexisme dénonce l'enfermement des femmes et des hommes dans leur rôle de classe, le genre : à la manière du système des castes en Inde, un homme n'a pas plus le droit d'être pénétré (symbole par excellence de la classe dominée, ce qui éclaire sur le sens des insultes "salope" et "enculé") qu'une femme n'a le droit de prendre la parole sans être interrompue (symbole et exercice du pouvoir).

Mais si la dictature du genre opprime aussi les hommes, on est loin d'un équivalent à ce que subissent les femmes ; l'antisexisme peine à rendre compte de ce déséquilibre. Le féminisme, lui, met l'accent sur la domination masculine et sur la nécessité de défendre la classe dominée contre les prérogatives de la classe dominante.

Les hommes sont à la fois les oppresseurs et les frères d'oppression des femmes, c'est pourquoi féminisme et antisexisme me semblent finalement des notions complémentaires pour lutter contre le sexisme sans se laisser piéger par de fausses contradictions (féminisme sexiste) ou des illusions d'optique (symétrie de l'antisexisme).

samedi 13 juin 2009

Femme je t'aime parce que tu sais si bien fermer ta gueule

La Femme vous remercie pour l'estime que vous lui portez et tout spécialement Renaud qui est bien excusable de confondre estime et amour, l'un n'allant pas sans l'autre quand il s'agit d'une femme. Toutes ces qualités qu'elle a, la Femme, quand même... c'est sacrément méritoire, comme tout ce qu'elle fait (même si c'est naturel chez elle) : la douceur, l'écoute, la modestie, le tact, la sensibilité, la disponibilité, une pipe même des fois, et des gosses (il paraît que ça fait super mal) et les tâches ménagères, les sacs de course au bout de ses petits bras... surtout les sacs de course, elle si faible on essaie de la soulager un peu en faisant le plus dur mais pour les courses, c'est vrai qu'on l'aide pas tellement. Sacrément méritoire.
Donc ça, c'est le féminisme essentialiste : très confortable, il ne demande aucun changement dans vos habitudes, juste du respect pour celle qui est née pour vous servir. Du respect, de l'amour, c'est pareil. Vous la baisez, c'est bien que vous l'aimez, donc que vous la respectez. Donc vous êtes féministe. Enfin, pas féministe non plus, mais pas sexiste, pas un gros macho, quoi. Quels salauds les machos, c'est pourtant pas compliqué d'avoir un peu de respect.

Place de la Femme

mercredi 15 avril 2009

Habeas hospes corpus

Ceci est le deuxième épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien. Lire le premier épisode

Voilà qu'on l'obtient enfin, ce merveilleux stérilet qui va abolir les négociations à la pharmacie et autres périodes capotes - avec en prime le sentiment d'être en-dessous de tout, c'est pas le bout du monde de prendre un rendez-vous tous les six mois.
Voilà que le matin on regarde le coin de la table de nuit en se disant : enfin tranquille avec ça. On le regarde quand même plusieurs fois, le temps de se convaincre que la plaquette de pilule, c'est vraiment du passé.
Maintenant ce qui est embêtant, c'est de vivre avec cette espèce d'antenne de télé coincée de travers quelque part en soi. (Dès qu'on dit le mot : utérus, ça appartient aux médecins.)

Et si il y avait un problème ? On nous l'a tellement rabâché que c'est devenu inévitable d'y penser. Peut-être que tout est déjà en train de pourrir autour de l'objet, d'ailleurs ça fait un peu mal et personne ne nous a jamais dit que ça faisait mal un stérilet. Alors sûrement...
On sait bien que c'est stupide, qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Mais il reste ces moments d'angoisse, récurrents comme l'est cette sensation pénible quand on presse le pas, pendant les règles et bien sûr lors des galipettes. Attends pas comme ça y'a mon stérilet qui me fait mal. So romantic.

dimanche 5 avril 2009

Doux noms d'ouragans

EDVIGE, CRISTINA,.. et pourquoi pas PABLO ou MARCEL ? Après avoir obtenu la mixité des prénoms donnés aux ouragans, devra-t-on se battre, outre pour leur disparition, afin que ces nuisances n'aient pas des acronymes aux allures de prénoms systématiquement féminins ?

dimanche 8 mars 2009

Le 8 mars, nous ne voulons pas de fleur

C'est la journée internationale des droits des femmes. Oui, LA, il n'y en a qu'une par an, un seul jour où on vous demande d'être moins sexistes que d'habitude. Hé les mecs, ne nous offrez pas de fleur : c'est à la Saint-Valentin qu'on réaffirme le monopole de la monogamie.
Non pas de fleur : faites plutôt la vaisselle. Et les courses, la bouffe, une ou deux lessives, le repassage. Et nettoyez le four, la baignoire et les chiottes. Et aussi, laissez-nous parler. Nous les bavardes. Trop dur. Un jour dans l'année.

lundi 9 février 2009

Habeas corpus

Ceci est le premier épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien.

Le droit à disposer de son corps va de soi. Mais dans le corps d'une femme, il y a autre chose qu'une personne : cet intérêt supérieur qu'est la procréation ne lui appartient pas. La pilule, symbole d'une grande -mais partielle, mais fragile- victoire, le droit à la contraception, la pilule m'est devenue odieuse à force de rendez-vous pris en catastrophe, de frottis systématiques et brutaux, de faveurs exceptionnelles accordées par le pharmacien.

Pour s'assurer de les revoir régulièrement, les gynécologues refusent à leurs patientes d'autres modes de contraception que la pilule, prescrite pour trois mois, renouvelable une fois. Ce chantage simple mais efficace vient à bout des femmes irresponsables qui ne prendraient pas d'elles-mêmes rendez-vous tous les six mois. Au fait, et si votre dentiste vous faisait un coup comme celui-là ? Pour votre propre bien, n'est-ce pas.

Une femme peut espérer se voir autoriser le stérilet, si elle est méritante. Deux enfants, c'est tout ce qu'on lui demande, et elle aura enfin la paix, pour quatre ans. Ah pardon, c'est à cause du risque de stérilité. Elle ne peut pas décider elle-même de le prendre, ce risque, surtout si elle est jeune. Elles se rendent pas compte. "Non, vous ne pouvez pas avoir de stérilet." lui répond le gynécologue, et elle ne peut pas avoir de stérilet.

C'est seulement après deux enfants, ou après avoir réclamé pendant des années, quand elle aura dans la voix un accent désespéré qui dit "Faut-il que j'aille en Suisse pour avoir un stérilet ?", seulement alors, qu'elle pourra avoir une contraception qui ne soit pas une bataille permanente.

vendredi 16 janvier 2009

Nan mais j'rigole

Les femmes n'ont pas d'humour. On ne voit presque jamais une femme rire de bon cœur en entendant une blague un peu grasse, et ce n'est pas faute d'en raconter. Elles disent qu'elles se sentent ravalées au rang de sex toy. Pourtant la blague est drôle, la preuve : nous les mecs, on se marre. Mais ce qui est encore plus agaçant avec les femmes, c'est quand elles vous reprennent sur des petits trucs qu'on lâche sans s'en rendre compte dans le feu de la conversation. Tu dis "les gonzesses", elles le prennent comme si t'avais dit nègre ou rital. Tu peux pas les chambrer un peu sans en avoir une sur le dos. Et pas la peine d'essayer de discuter. Tu lui expliques gentiment que c'était pour rigoler, elle la boucle mais on voit qu'elle fait la gueule, ça plombe l'ambiance. Ah les gonzesses, ce qu'elles sont chiantes !