L'enragé'

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Tag - répression

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vendredi 26 juin 2009

Le gouvernement, c'est pas des nazis, pigé ?

Ces temps-ci, le point Godwin coûte cher. Je ne comparerai donc ni les menaces et sanctions à l'encontre des instits désobéisseurs, ni les mesures d'exception d'une police-justice ignorant les droits de l'homme sous prétexte de lutte antiterroriste, ni l'ingérence de la sûreté nationale dans des travaux de recherche qui ne feraient pas rimer Islam avec violence aveugle, ni aucun des autres progrès accomplis récemment en matière de sécurité ou de performance pédagogique, avec les méthodes pratiquées sous Vichy. Ce serait mal venu.
Tiens ça me rappelle une blague tchèque :

- Quelle est la différence entre les nazis et les russes ?
- Avec les russes, tout le monde est juif.

jeudi 25 juin 2009

La vengeance est un plat qui se mange après les partiels

Le 30 juin à 14h15, nous, étudiants et militants bisontins, sommes tous convoqués au commissariat en la personne d'Arthur, désigné pour nous y représenter par le fameux tirage au sort policier du "on va en faire payer un".
On le défendrait de toutes façons, mais Arthur est le mec le plus gentil, le plus doux et le plus honnête du monde. L'un des plus impliqués dans le mouvement aussi, mais plutôt quand il fallait se lever très tôt pour installer le café solidaire que pour casser quoi que ce soit.
Venez nombreux au rassemblement de soutien devant le commissariat, pas à 14h15 mais à 14h ou même avant. Amenez des gens. N'amenez pas d'objets ou de substances propres à vous faire arrêter, sauf des banderoles.

Suite et fin : après deux bonnes heures d'interroga... heu non : d'entretien, Arthur est ressorti du commissariat et nous a annoncé qu'il ne serait plus inquiété.

mardi 16 juin 2009

Anarchophobie

C'est ce que sont censés éprouver les spectateurs de la propagande sécuritaire. Mais Tarnac, au grand dam des semeurs de bleusaille, n'est toujours pas un repaire de poseurs de bombes. On n'a même pas le droit de les présumer coupables ! C'est la tatillonne ligue des droits de l'homme qui nous rase avec cette vieille rengaine. Alors que la présomption d'innocence ne devrait s'appliquer, comme son nom l'indique, qu'aux innocents.

Les médias n'ont pas osé accoler des images de catastrophes ferroviaires au mot "caténaire", et se sont contentés d'un moins efficace silence sur l'absence de danger pour les passagers (le train s'arrête simplement). Trop mous ! Pourtant sur le même sujet, ils ont osé de fort jolis mélanges, comme ces images de manif' très chaude où un rond rouge entoure soudain un visage : voilà Julien Coupat, on vous l'avait dit que c'était un casseur. Sauf que c'était quelqu'un qui ne lui ressemblait même pas. On nous mentirait ? A la télé ?

Un joli mot là-dedans, c'est mouvance. Comme dans "Danger : sables mouvants." Mort horrible qui guette l'innocent promeneur. Au fait les sables mouvants, comment ça marche ? La grande encyclopédie consensuelle et néanmoins instructive dit :

Un sable mouvant type est formé d'argile, de sable fin et d'eau salée. Un tel mélange voit sa viscosité augmenter naturellement avec le temps. Si la surface est sèche, elle peut masquer la véritable nature de la zone. Il apparaît souvent comme solide jusqu'à ce qu'un choc ou une pression (due au poids d'une personne, par exemple) lui redonne sa faible viscosité (phénomène de type thixotropie).

Décidément, mouvance me plaît beaucoup.

lundi 15 juin 2009

le répondeur

ayant téléphoné au recteur d'Aix-Marseille pour obtenir des explications sur les sanctions contre des enseignants effectuant leur travail non seulement en horaires mais en conscience, je suis tombée sur une dame (elle ne s'est pas nommée) qui a tenté, comme ils le font tous, de renvoyer la balle à un autre service.

J'ai néanmoins insisté pour connaître son propre avis sur la question. Elle ne connaissait pas l'existence d' "enseignants désobéisseurs" et ne souhaitait aucune explication à ce sujet. Elle a proclamé que la confidentialité des renseignements sur les élèves devait être absolument respectée, et mis en doute l'existence de mesures contraires.

Elle a estimé que des sanctions financières ne pouvaient intervenir que suite à des jours de grève, à un enseignement non effectué. Elle a remis son disque "vous avez fait le mauvais numéro" dès que je lui ai dit qu'Erwan Redon, par exemple, était sanctionné en ayant travaillé normalement.



Enfin devant mon insistance à lui demander, personnellement, de se renseigner et de se faire un avis sur la question, elle m'a crié que non, elle n'avait pas de conscience, et qu'elle obéissait aux ordres. J'aurais bien commenté cette phrase évocatrice mais elle m'a raccroché au nez.

Je continue à rechercher une personne, n'importe laquelle, qui travaille dans un rectorat et ne se contente pas d'obéir aux ordres sans se poser de questions. Vu sa rareté, l'espèce devrait être protégée d'urgence.

jeudi 14 mai 2009

Anecdotique

Il me revient le souvenir d'une bribe de rêve : dans une mêlée confuse, des gens se font transpercer par des épées. Que j'aie, à ce moment ou l'instant d'avant, à me préoccuper de ne pas subir le même sort et à essayer d'empêcher que d'autres meurent, est implicite et annexe. Je ne vois que cette large et lourde lame pénétrant dans la chair d'un humain qui voulait vivre encore.
L'objet de mon souvenir est ce mouvement de pensée : je me concentre pour garder à l'esprit toute l'horreur de la chose, que sinon les circonstances : devoir assurer ma survie immédiate, ne pas devenir fou, éloigneraient jusqu'à l'anecdotique. Pour que ceux qui sont tombés devant moi ne deviennent pas aussi insignifiants que des personnages de film qu'on imagine se relever ensuite, il faut absolument que je continue à savoir ce qui est arrivé, à l'appréhender non comme un fait parmi d'autres mais comme la vérité horrible que cela représente.
Certes, il s'agit ici d'un rêve. Mais ce qu'il décrit existe bel et bien : des gens meurent ainsi, transpercés par les injustices que nous acceptons, par la violence que nous acceptons, et ceux qui l'apprennent laissent l'indifférence les recouvrir. Il y a un enjeu majeur à ne pas laisser les situations difficiles dans lesquelles nous sommes plongés nous enlever la conscience de la gravité des événements qui se produisent autour de nous.

jeudi 7 mai 2009

Liberté et espoir

Les adorateurs de la croissance vont être contents, voilà une variable en hausse ! Ces dernières semaines, tandis qu'Amnesty publie un rapport sur l'impunité policière en France, les violences envers des manifestants pacifiques se sont multipliées. Les représailles sont elles aussi disproportionnées voire complètement injustifiées (aidez Romain et Clément).
Qu'est-ce qu'une démocrature ? C'est un régime politique où des élections ont lieu, maintenant au pouvoir un gouvernement qui contrôle les médias pour assurer l'indifférence du plus grand nombre et fait usage de la force pour faire taire les autres. Sous un tel régime, toute les exactions sont possibles : personne ne le saura et surtout tout le monde s'en fiche. Ou devrait, c'est plus sûr.
Sommes-nous en démocrature ? Pas complètement, mais nous n'en sommes pas loin et surtout nous nous y dirigeons à grands pas. Nos institutions ne sont pas conçues pour empêcher une telle dérive. En outre, elle s'appuie sur le manque de citoyenneté ambiant. Une république a beau être "chose publique", si le public s'en désintéresse, il échoira à quelques uns de décider de tout.
Que faire, alors ? S'informer -et je ne parle pas de regarder la télé- et informer le maximum de gens. Manifester activement son refus d'être gouverné ainsi. Cultiver la solidarité, et surtout l'espoir. Le désespoir et la peur sont les plus lourdes chaînes dont nous ayons à nous débarrasser. C'est un combat permanent, mais ce mouvement m'a apporté la preuve qu'il n'est pas désespéré. Luttes de l'Université, de la santé, contre la désinformation, pour notre avenir,... Luttes obstinées, courageuses, innombrables.

mardi 21 avril 2009

Un après-midi rouge et noir et bleu

Nous attendions cent ou deux cents personnes et ne sommes que soixante. Le plan devait rester secret, il y a eu des fuites. Qu'importe ! "Bloquer Besançon", cela peut aussi être bloquer une seule voie d'accès à Besançon, ou même simplement essayer. Nous sommes déterminés, nous sommes prêts. Chacun a son foulard, son écharpe ou un T-shirt savamment noué autour de la tête, n'emporte ni substance illicite ni couteau et vérifie qu'il a sa carte d'identité. Le jus de citron circule : il faut en imprégner son foulard pour mieux supporter les gaz lacrymogènes.
Mais au rond-point, la police nous attend. Les premiers ont à peine posé le pied sur le bitume qu'ils refluent sous un nuage de gaz lacrymogène. Nous réalisons rapidement que nous sommes encerclés. Restant groupés, formant bloc, nous tentons de sortir du piège. Ils nous menacent : arrêtez de pousser sinon on frappe ceux de devant. On n'a pas le cœur de désobéir, si ce sont les autres qui doivent le payer : nous stoppons net. L'un d'eux crie qu'il va nous gazer si nous avançons encore et lâche aussitôt un nouveau jet de lacrymogène. Un autre parle de "faire un exemple". Serrés entre trois murs de flics et une barrière, nous sommes coincés. Près de moi, un "bisounours" est au bord des larmes.
Les coups de matraque ne tombent pas au hasard, ce sont les anars qui dégustent. L'un après l'autre nous sommes arrachés au groupe, traînés un peu plus loin et on nous passe les menottes ; je les entends dire qu'ils en seront bientôt à court. Ils m'attachent avec quelqu'un d'autre et nous poussent dans un fourgon. Un flic proteste : il ne veut pas monter à deux seulement avec "autant d'individus" (nous sommes dix, assis à l'étroit et plutôt abattus). Arrivés au commissariat, on nous guide avec force aboiements à travers lesquels perce une certaine anxiété, vers une salle où nous retrouvons nos compagnons. Le moral remonte.
Après c'est beaucoup plus marrant, mais là je vais me coucher. La suite, bientôt.

jeudi 26 mars 2009

Tout se passe bien

Le 18 février, notre paisible manif' nocturne du mercredi soir avait été schtroumpfée pour cause de non déclaration en préfecture ; qu'à cela ne tienne, m'étais-je dit, ce n'est pas de gaieté de cœur mais s'il faut la déclarer, déclarons. J'ai donc appelé la préfecture... et mis le doigt dans un engrenage méconnu.
Toute négociation régulière repose sur un échange de bons procédés. Avoir de bons procédés envers le gouvernement, aller au-delà de ce qui est déjà imposé aux manifestants en termes de respect de l'ordre public est une trahison pure et simple. Responsable officiel de la manifestation, j'ai voulu jouer le jeu et faire en sorte que "tout se passe bien".
Formulant enfin mon malaise, je réalise aujourd'hui que censurer des slogans ou donner l'impulsion de départ après quelques minutes d'occupation d'un carrefour, au premier coup de klaxon, n'est rien d'autre que remplir le rôle d'agent de police bénévole, en abusant qui plus est de la confiance des autres manifestants.
J'aime et je soutiens les manif' nocturnes. Si d'autres ont lieu, j'y participerai volontiers. Mais il n'est plus question pour moi de coopérer avec la police, fut-ce pour permettre que la manif' ait lieu.

mercredi 11 mars 2009

Gazez-moi tout ça

Cet après-midi, lorsque la manifestation contre la LRU (la privatisation de l'Université) est passée devant l'UMP, une affiche particulièrement provocante a attiré des lancers d'œufs colorés sur leur vitrine. Un policier a commenté : "Et voilà ! Nous dès qu'on fait une bêtise, on ne nous rate pas, mais les manifestants ont tous les droits." Comparer des coups de matraque à de la peinture est révélateur d'un état d'esprit inquiétant ; nous n'allions pas tarder à en avoir confirmation.

Des chaises ont été apportées de la fac de lettres et entassées sous les fenêtres du rectorat puis sagement remmenées par les manifestants. C'est le "printemps des chaises". Moins nombreux, nous avons continué à scander des slogans devant la fac de lettres et nous sommes installés au milieu d'un (petit) carrefour. Les policiers nous ont ont piqué nos chaises, en réponse à quoi nous nous sommes assis, nous tenant par les coudes, ce qui n'a pas empêché le transport brutal d'un certain nombre d'entre nous. Nous n'allions pas pouvoir rester plus longtemps.

Soudain j'ai senti autour de moi un sursaut de panique, et tout de suite après un contact sur mon visage : du gaz. J'ai aussitôt plaqué mes mains sur mes yeux. Le gazage m'a paru interminable ; croyant qu'il allait s'arrêter, je n'ai pas fui. Plus tard, je verrai une photo impressionnante : assis par terre, je suis entouré de trois flics me projetant un nuage de gaz sur la tête. (photo que je mettrai en ligne dès réception)

Ensuite j'ai senti des mains vigoureuses qui me relevaient et m'écartaient de l'endroit, puis des mains plus douces qui me guidaient, une voix me conseillant de garder les yeux fermés, de ne pas respirer, de continuer à avancer, les mêmes mains me débarrassant de mon manteau imprégné de gaz, la même voix envoyant quelqu'un acheter une boîte de colyre, "Une grosse !" car nous étions nombreux à être aveuglés et à souffrir, de douleur et de peur. J'ai découvert en me lavant combien précieux avait été ce conseil "surtout pas d'eau pure, de l'eau savonneuse ou du colyre". Sous la douche, mes mains se sont mises à brûler au contact de l'eau.

Après coup, j'ai appris que nous avions eu de la chance : ce n'était "que" la bombe au poivre, et non le gaz lacrymogène (avec ça tu es HS pour trois ou quatre heures) ou pire, le gel lacrymogène (là, c'est une douzaine d'heures). Bombe au poivre, un nom de farces et attrapes, pourtant il n'y a pas de quoi rire. Pour finir, on m'a rapporté les termes exacts de l'ordre qui a été donné : "Gazez-moi tout ça". Évocateur.

mercredi 18 février 2009

Schtroumpfés !

Manif' interceptée par les schtroumpfs, présents en nombre et à l'avance au point de rendez-vous. Vos papiers, veuillez me suivre s'il vous plaît (à quelques mètres sur la place, c'était juste pour placer la phrase désagréable) et non je ne vous donne pas de raison, c'est moi qui pose les questions. Vous voyez, je prends bien mon temps pour noter votre nom, et votre adresse aussi des fois qu'on veuille vous retrouver, par exemple si il y a des problèmes ce soir. Vous ne pouvez pas manifester, cette manifestation n'a pas été déclarée. Vous risquez tout ça et encore tout ça si vous manifestez ce soir, mais en effet ce n'est pas interdit de vous promener. Comme vous dites, pas encore.
On a donc exercé notre droit à nous promener en ville, sans banderoles et en marchant sur les trottoirs. Notre droit à chanter, à avertir les passants que ce n'était pas une manifestation, mais alors paaaas du tout, et à rire des poulets en civil qui nous suivaient discrètement. Notre droit à ne pas être d'accord, à ne pas fermer notre gueule et à ne pas rentrer nous planter devant la boîte à léthargie. Notre droit, en fait, à être vivants, joyeux, et malgré les promesses du gouvernement, à croire en l'avenir.