L'enragé'

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Tag - corps

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vendredi 22 octobre 2010

De la correspondance entre organes sexuels masculins et féminins

Dire que « les garçons ont un pénis et les filles ont un vagin » me semble à peine moins nocif que la version précédente : « Les garçons ont un pénis et les filles n'en ont pas ». Un vagin, la belle affaire. La vérité, c'est que si les garçons ont un pénis, les filles ont un clitoris.
Pourquoi dit-on aux filles qu'elles ont un vagin ? Pourquoi ne leur dit-on pas qu'elles ont un clitoris ? Voilà deux questions intéressantes.

Pourquoi le vagin serait-il l'équivalent du pénis ?
Si l'on se place du point de vue de la reproduction, certes, les femmes ont un vagin, au fond duquel le pénis dépose son sperme, qui remonte aussitôt plus haut pour féconder l'ovule et former un embryon qui s'installera lui aussi plus haut, dans l'utérus. Neuf mois plus tard, on reparlera du vagin pour quelques minutes, comme lieu de passage de l'enfant naissant.
Où est-ce que le rôle du vagin est prépondérant dans tout ça ? En fait, le vagin n'a une telle importance que pour permettre au pénis de remplir ses fonctions, de reproduction et surtout de plaisir masculin.
Si l'on se place du point de vue du plaisir, motivation beaucoup plus présente dans les rapports sexuels humains que ne l'est la reproduction, le plaisir féminin existe aussi au niveau du vagin, mais pas le moins le monde grâce à lui : si ses parois étaient abondamment innervées, chaque accouchement serait dramatique !
En réalité, elles sont à peu près inertes et le coït vaginal ne fait que stimuler le clitoris à travers. Les femmes préfèrent souvent une stimulation indirecte du clitoris, mais les parois vaginales sont beaucoup plus épaisses que ne l'est le capuchon du clitoris, une culotte, ou pour donner un exemple qui parle aux hommes, un préservatif.
En définitive, le coït vaginal n'a d'importance dans la sexualité des femmes hétéro que parce qu'il compte beaucoup pour leur partenaire.

Pourquoi le clitoris n'est-il pas présenté comme l'équivalent du pénis ?
Encore faut-il connaître son existence. Le clitoris est un organe féminin dédié au plaisir, qui mesure environ huit centimètres, comporte huit mille terminaisons nerveuses (le pénis en comporte quatre à six mille pour une plus grande surface), se dresse et double de volume quand il est excité.
Tout cela le rend bien proche du pénis, même si ce dernier est chargé de plusieurs fonctions qui sont remplies par des organes féminins distincts : miction, plaisir, procréation. L'autre différence considérée comme cruciale tient à la façon dont l'organe se détend après l'orgasme ; là encore, les femmes ont été bien servies par la nature. Toutefois, ce ne sont pas ces raisons qui sont mises en avant pour refuser au clitoris un statut équivalent au pénis.
D'ailleurs, aucune raison n'est vraiment donnée ; la plupart du temps, on se contente simplement de l'ignorer. C'est d'autant plus facile qu'on explique aux petites filles qu'elles ont un vagin (sous-entendu : rien d'autre qu'un vagin), organe de grandes personnes qu'elles n'ont pas besoin de connaître, et qu'on leur apprend à être honteuses de leur vulve, présentée comme un unique organe servant surtout à faire pipi, que ses plis rendent en permanence suspecte de saleté.
Par la suite, elles commenceront souvent à découvrir leur corps selon l'intérêt qui lui sera porté par un garçon, auquel on aura appris que c'est son pénis qui sert à faire l'amour aux femmes et expliqué la bonne façon de s'y prendre. Pas étonnant si il se focalise sur le vagin de sa partenaire. Il ne s'agit même pas d'un malentendu : cette perception faussée du corps des femmes est hélas couramment partagée par les principales intéressées !

Mais je me suis laissé' emporter et n'ai pas encore répondu à cette double question : pourquoi est-ce ainsi que l'on présente les choses, aux enfants et même aux adultes ? La réponse est bien évidemment politique : le vagin est présenté comme central pour mettre le corps des femmes au service du plaisir masculin et de la procréation.
Au contraire, le clitoris pose la question d'un plaisir donné à l'autre, non par la magie d'une baguette dont seules les dimensions importeraient, mais par des caresses où l'attention à la personne de l'autre est très largement requise. Dans ce contexte, le coït vaginal pourrait prendre sa juste place : l'un des moyens donnés aux amants hétérosexuels de partager du plaisir.

samedi 30 janvier 2010

plus jamais

Condamner le viol est nécessaire, mais la volonté d'insister sur la gravité des faits n'autorise pas à dire n'importe quoi. Dire, par exemple, qu'une personne ne sera "plus jamais la même" après un viol, n'est qu'une violence supplémentaire faite aux victimes. Comme l'explique Virginie Despentes dans King-kong théory, cette prédiction est fortement auto-réalisatrice. Sans nier la violence subie, dire aux victimes qu'elles mettront un certain temps à retrouver une vie normale, mais que le souvenir qui les tourmente pourra un jour n'être plus qu'une vilaine cicatrice, me semble plus sensé et plus réconfortant que la poignée de sel dont on frotte leurs blessures au seul bénéfice d'un ordre social qui régente strictement le sexe acceptable et la valeur de la marchandise sexuelle "femme".

Même dans des conditions plus ordinaires, qu'en est-il de la permanence de ce qu'est un être humain ? Nous vivons, nous changeons à chaque instant, pourtant seules certaines de nos expériences sont réputées avoir cet immense pouvoir sur nous : nous changer à jamais. En mal, évidemment. En termes de pure logique, il est donc vrai qu'on ne sera "plus jamais lea même" après un viol, comme après une bonne baise, un café ou un trajet en bus. En comptant quelques années pour se remettre d'un viol traumatisant (Je vais en faire hurler plus d'un' avec cet adjectif mais c'est comme ça : certains des viols que j'ai subi ne m'ont pas du tout traumatisé', c'était juste désagréable.) il est évident que la personne aura changé, puisqu'elle aura vécu des tas d'autres choses pendant ces années-là. Mais ce n'est pas ce que veulent dire celleux qui décident à la place des victimes comment elles vont vivre ensuite.

Ce qu'illes disent, c'est qu'un viol est un événement spécial, différent de tout le reste, qui étendra son ombre sur toute la vie de la victime. Heureusement, c'est complètement faux. Environ un tiers des femmes subissent une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie, aujourd'hui en France et en s'en tenant à la définition officielle qui exclut notamment la violence médicale. Vêtues de noir, ces femmes rasent les murs et fondent en larmes sans raison le reste de leur vie durant. Ou pas. Beaucoup échappent à la condamnation des victimes à une vie "brisée", "diminuée" et tutti quanti, parce qu'elles évitent la funeste qualification en ne nommant pas ce qu'elles ont subi. Quelques-unes le nomment et s'en remettent malgré la compassion générale.

Je me souviens très bien de ce moment : je raconte à une amie et à son petit copain comment des garçons m'emmenaient dans des caves quand j'étais ado. J'ai dix-huit ans, j'essaie de comprendre ce qui s'est passé, de trouver un sens à mon comportement d'alors qui me semble inepte. Ils ne me forçaient pas, au contraire ils avaient grand soin à chaque fois de me faire dire "oui", alors que ce que j'éprouvais leur importait peu. Maintenant je sais ce que je faisais : ce qu'on attendait de moi, tout simplement. Ce que la société en me désignant comme objet sexuel, ma mère en m'inculquant que la volonté d'autrui est toujours prioritaire, ces garçons en exprimant leur volonté de m'utiliser comme objet sexuel, attendaient de moi. La mention d'un comportement semblable dans un document sur les tournantes, accompagnée d'une tentative embarrassée pour l'expliquer, a achevé de me délivrer du questionnement morbide dans lequel m'avait laissé ce "consentement".

Je raconte ces choses pour la première fois, et ça me soulage. Peu après, le copain sort de la pièce. Mon amie m'explique qu'il est en colère à cause de ce que j'ai raconté, en colère contre ces types et pas contre moi (la précision était bienvenue). Je suis confondu' : quelqu'un prend mon parti, à moi, contre ces autres que j'avais cru jusque-là plus légitimes. Cette colère m'a permis d'aller mieux. Elle m'a dit qui avait eu tort, et même, où était l'ensemble des torts, et elle me l'a dit sans hauts cris, sans protestations effarouchées, sans prédictions terribles.

Oui, il faut du temps. Mais un viol est une violence parmi d'autres violences possibles. Cela fait plus de deux ans que j'ai cessé de travailler pour un dangereux déséquilibré. Cet automne, j'ai découvert que j'étais devenu' épileptique à cause du stress, et j'ai recommencé à imaginer pendant des heures que je tuais mon ancien patron de toutes les manières possibles. Cela m'arrivait souvent au début, et il faut croire que cela peut encore se reproduire. Peut-être bien qu'il me reste aussi quelque chose de la paranoïa, de la réceptivité aux signaux inhibants, de la perte de confiance en moi et autres joyeusetés que ce type m'a fourrées dans le crâne. Et alors ? Je suis moi, la personne qui vous parle, et non une version dégradée d'une autre personne que je devrais être.

mardi 24 novembre 2009

Des mots pour le sexe des enfants

Suite à une discussion où sont clairement apparus des référentiels différents, j'aimerais savoir... quels mots utilisez-vous pour quelles choses ? J'espère que vous serez nombreuxes à répondre !

Comment nommez-vous :
- le sexe d'une petite fille, celui d'un petit garçon ?
- le sexe d'une femme, d'un homme, quand vous en parlez avec des enfants, des adultes ?
- les relations sexuelles, quand vous en parlez avec des enfants, des adultes ?

Quels autres mots "pour enfants" ou familiers connaissez-vous pour désigner des réalités intimes et dans quelles circonstances en feriez-vous ou non usage ?

lundi 7 septembre 2009

Habeas corpus ou pas ?

Ceci est le troisième épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien.
Lire le premier épisode
Lire le deuxième épisode

Et si on ne voulait plus faire d'enfant du tout ? Pourquoi on se donnerait tout ce mal avec une contraception temporaire, quand on a enfin le droit de régler le problème une fois pour toutes ? Depuis 2001 on l'a, ce droit. Avant c'était le doc qui décrétait : on vous opère, comme pour Minouche.

Ah oui, voilà pourquoi : nous autres girouettes, un jour on ne veut plus jamais d'enfants, le lendemain on crie à la mutilation. Bien sûr. Si on était des adultes responsables, on se garderait bien de prendre des décisions aussi définitives. Et donc là puisqu'on ne veut pas reprendre la pilule, on va être obligée de continuer avec un stérilet. Ben voyons.

Moi j'en vois bien une autre de contraception, pour nous les femmes qui ne savons pas ce que nous voulons et même, qui osons prétendre le savoir. Une contraception vraiment efficace : sans effets secondaires, sûre à 100%. Pas de coït, pas de reproduction. Eh les mecs, on en reparle quand vous voulez de la ligature des trompes. Vous êtes au courant pour le délai de quatre mois ?

jeudi 3 septembre 2009

Le haut mal

Après les bas maux de ces derniers temps (j'ai cumulé arthrose, rhume, gastro, hémorroïdes, dents de sagesse, menstrues douloureuses et migraine, bref : tout le dictionnaire médical sauf l'hydarthrose des femmes de chambre), c'est le haut mal qui frappe à ma porte. Jusqu'à présent, je ne me comptais pas dans les 1% de la population susceptibles de se transformer sans avertissement en spectacle gesticulatoire.

Ce matin, quand mon fils m'a annoncé cette invraisemblable nouvelle, j'ai réalisé que mes souvenirs de la veille s'arrêtaient vers 19h, lorsque, confortablement installé' dans un fauteuil, je remplissais avec lui des papiers pour le collège. Quelques fugaces réminiscences provoquées par son récit et des courbatures inhabituellement localisées ont eu raison de mon incrédulité.

Au contraire, me savoir épileptique éclaire un mystérieux comportement nocturne qui remonte à plus d'un an ; au cours de la nuit, j'étais soudain devenu' tout' raide, la mâchoire fortement serrée et impossible à réveiller. J'avais attribué cet épisode au bruxisme qui m'affectait à l'époque.

Bon, et maintenant ? Il faut que je me soigne : l'épilepsie abîme le cerveau et je n'ai pas prévu de devenir gâteu' ces douze prochaines années. Mais pas question pour autant de faire une place à raisonnable dans ma vie. Je n'ai pas non plus prévu de vivre à demi. Ah, je sais : il n'y a pas de plan A. C'est un bon plan ça.

mercredi 2 septembre 2009

Tête de caillou

tête de caillou J'me suis coupé les tifs ! Sauf une petite ligne sur la nuque. C'est tout doux.

dimanche 28 juin 2009

Le mammouth est un animal à poils laineux.

C'est bientôt l'été, saison d'affrontements discrets mais rudes entre poilu.e.s et tondu.e.s. Entre peaux de poulets et peaux de singes. Soyons d'une partialité révoltante, c'est si bon : le singe est plus mignon que le poulet, sans parler de l'intellect.

Holà ça part mal, je n'arrive pas à rester sérieux plus de trois mots. Et j'ai pas pris de chiantos. Recentrons le propos.

Ce que je voulais vous demander, c'est : Vous en faites quoi de vos poils pendant l'été ? Je suis sérieux. Vous n'imaginez pas le nombre de gens qui partent en vacances sans eux, quitte à être plus que nu.e.s, ou plus nu.e.s qu'à poils, vêtu.e.s qu'illes sont d'une artificielle glabritude ? glabrité ? un truc comme ça. Et qui disent que les poils c'est sale. Et qui même paraît-il insultent les poilu.e.s à la piscine. Pas moi, illes n'osent pas.

Chacun fait ce qu'il veut, ouaip. Jusqu'au jour où ne pas s'épiler demande confiance en soi et surdité sélective. C'est laid un corps au naturel ? Peut-être parce que ça rappelle qu'on est des animaux, c'est choquant dans une société où les animaux sont maltraités sous prétexte de différence fondamentale avec l'espèce homo babylis. Peut-être que les femmes n'ont jamais vraiment obtenu le droit de montrer leurs jambes, leurs poils aux mollets qui sont l'apanage de la virilité.

A poil les nœuds ! Mouarf. Métonymie ? A poil seulement ceux qui ont des nœuds ?

mardi 23 juin 2009

Des profondeurs athées de mes vieux carnets

Heureux ceux qui font de l'hypotension,
car ils n'ont pas besoin de croire pour s'agenouiller.

Ce matin après avoir retrouvé ça, qui m'a beaucoup amusé, je me suis levé sans vertige mais sans verticalité non plus : mes guiboles se vengent pour les courbatures et refusent de se déplier, me contraignant à une danse simiesque. Décidément, qu'il est difficile de se tenir debout !

mercredi 15 avril 2009

Habeas hospes corpus

Ceci est le deuxième épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien. Lire le premier épisode

Voilà qu'on l'obtient enfin, ce merveilleux stérilet qui va abolir les négociations à la pharmacie et autres périodes capotes - avec en prime le sentiment d'être en-dessous de tout, c'est pas le bout du monde de prendre un rendez-vous tous les six mois.
Voilà que le matin on regarde le coin de la table de nuit en se disant : enfin tranquille avec ça. On le regarde quand même plusieurs fois, le temps de se convaincre que la plaquette de pilule, c'est vraiment du passé.
Maintenant ce qui est embêtant, c'est de vivre avec cette espèce d'antenne de télé coincée de travers quelque part en soi. (Dès qu'on dit le mot : utérus, ça appartient aux médecins.)

Et si il y avait un problème ? On nous l'a tellement rabâché que c'est devenu inévitable d'y penser. Peut-être que tout est déjà en train de pourrir autour de l'objet, d'ailleurs ça fait un peu mal et personne ne nous a jamais dit que ça faisait mal un stérilet. Alors sûrement...
On sait bien que c'est stupide, qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Mais il reste ces moments d'angoisse, récurrents comme l'est cette sensation pénible quand on presse le pas, pendant les règles et bien sûr lors des galipettes. Attends pas comme ça y'a mon stérilet qui me fait mal. So romantic.

dimanche 22 février 2009

Quel âge ?

Il paraît que je ne les fais pas. Mes trente ans. Les dix ans de mes vingt ans. Je parais qu'il ne les fait pas. Mon visage d'enfant, ma gueule d'ange. Et ma petite taille, mes fringues d'ado, mes gamineries. Si j'ai réussi mon brevet ? Heu, oui pourquoi ? Ah non, ce n'était pas cette année. Ahurissement des gens quand ils apprennent que j'ai un enfant, qu'il a dix ans. Ils comptent, froncent les sourcils, recomptent. Se rendent à l'évidence. Je souris. Ils recommencent à compter.

Fascinée par Dorian Gray, j'avais songé à son marché devant mon portrait, à dix-huit ans. L'amie qu'il l'a peint l'a entièrement repris plusieurs fois depuis, mon image a vieilli tandis que je ne le faisais pas.
Quand j'ai vu la dernière version qui était très différente, sans âge précis mais certainement pas aussi vieille que la précédente, j'ai été prise d'un trouble superstitieux plus grand que je n'aurais cru. Je n'ai pas vieilli pour autant de toutes ces années confiées à mon portrait ; elles sont toujours là-bas, sous la peinture. Ou peut-être que ça n'a rien à voir.

Enfant, ça m'énervait. On me donnait neuf ans quand j'en avais quatorze. Trop sautillante pour mon âge. En grandissant ça s'est mis à m'amuser de plus en plus. Et plus je m'amusais, plus j'oubliais de vieillir. Je tiens de mes petits camarades de jeu online, ceux qui m'ont appris les rudiments du sms, que quand on met de vieilles souris avec des jeunes, elles vivent plus longtemps. Fumer provoque le vieillissement de la peau, mais oui. Et porter des montres, utiliser des agendas, être pressé, s'ennuyer ?

lundi 9 février 2009

Habeas corpus

Ceci est le premier épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien.

Le droit à disposer de son corps va de soi. Mais dans le corps d'une femme, il y a autre chose qu'une personne : cet intérêt supérieur qu'est la procréation ne lui appartient pas. La pilule, symbole d'une grande -mais partielle, mais fragile- victoire, le droit à la contraception, la pilule m'est devenue odieuse à force de rendez-vous pris en catastrophe, de frottis systématiques et brutaux, de faveurs exceptionnelles accordées par le pharmacien.

Pour s'assurer de les revoir régulièrement, les gynécologues refusent à leurs patientes d'autres modes de contraception que la pilule, prescrite pour trois mois, renouvelable une fois. Ce chantage simple mais efficace vient à bout des femmes irresponsables qui ne prendraient pas d'elles-mêmes rendez-vous tous les six mois. Au fait, et si votre dentiste vous faisait un coup comme celui-là ? Pour votre propre bien, n'est-ce pas.

Une femme peut espérer se voir autoriser le stérilet, si elle est méritante. Deux enfants, c'est tout ce qu'on lui demande, et elle aura enfin la paix, pour quatre ans. Ah pardon, c'est à cause du risque de stérilité. Elle ne peut pas décider elle-même de le prendre, ce risque, surtout si elle est jeune. Elles se rendent pas compte. "Non, vous ne pouvez pas avoir de stérilet." lui répond le gynécologue, et elle ne peut pas avoir de stérilet.

C'est seulement après deux enfants, ou après avoir réclamé pendant des années, quand elle aura dans la voix un accent désespéré qui dit "Faut-il que j'aille en Suisse pour avoir un stérilet ?", seulement alors, qu'elle pourra avoir une contraception qui ne soit pas une bataille permanente.

lundi 12 janvier 2009

Les idées propres

Prenez trois personnes qui discutent. L'une d'elles prétend qu'il est indispensable de se laver tous les jours, sinon c'est dégoûtant. Les deux autres sont loin du compte, mais chacun garde le silence, de peur de donner une mauvaise image de lui. Ils iront même jusqu'à acquiescer mollement si l'autre insiste. Tous trois repartent persuadés que les autres se lavent tous les jours, alors que c'était le comportement minoritaire.

Prenez deux randonneurs qui cassent la croûte ensemble. L'un fait tomber les cinq derniers centimètres de son sandwich dans l'herbe. Seul, chacun des deux aurait ramassé et terminé son sandwich. C'est juste de la terre, faut pas déconner. Mais là, non.

Voilà un bel exemple de faux consensus, il y en a d'autres. Je vous laisse chercher, je vais prendre mon bain hebdomadaire.

jeudi 1 janvier 2009

L'histoire de Ronald, le clown de McDonald's

Rodrigo Garcia est un enragé aux mots comme des sourires de loup. Ce mec parle comme personne de notre écœurement de consommateurs réticents mais blasés. Vache, tendre et plein d'humour, il dit combien nous sommes petits et crasseux à nos propres yeux, il raconte comment nous faisons pour avaler ça. Le bouquin n'a plus cessé de se promener sur le dessus de mes piles de bordel depuis que je l'ai ouvert, voici bientôt un an. J'en lis des passages à mes amis la nuit. Je songe sérieusement à apprendre mes préférés par cœur pour les fois où je ne l'ai pas sur moi. Mon enthousiasme immodéré suffisait, mais je trouve que le thème est approprié pour débuter la rubrique Livres de ce blog. Partageons ça :

Je ne sais pas ce qui est le plus dérangé chez moi : la tête ou l'estomac. À cause des choses qui me passent par la tête, je dis : tu as la tête plus dérangée que personne. Et à cause des pets que je largue, je me dis : personne ne peut avoir l'estomac dérangé à ce point. Mais non. Je sais que j'ai la tête plus dérangée que l'estomac parce que n'importe laquelle de mes pensées est infiniment plus insupportable que le moindre de mes pets. Je largue un pet, je le sens et je dis : c'est supportable. Mais j'analyse une de mes pensées et je dis : ça non, personne ne peut le supporter. N'importe laquelle de mes pensées est plus dégoûtante que le pire des pets que tu puisses larguer sous la couette. Ces pets qui en hiver servent à réchauffer le lit. Qui réchauffent le lit bien mieux qu'une cheminée !

L'histoire de Ronald, le clown de McDonald's suivi de J'ai acheté une pelle chez Ikéa pour creuser ma tombe est chez Les solitaires intempestifs : pour neuf euro vous avez en prime l'honneur de soutenir une chouette maison d'édition.