L'enragé'

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. › Par les nuits sans lune

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jeudi 30 décembre 2010

Une question de définition

à Fred, qui m'a éventré' sans le vouloir

Qu'est-ce qu'un' humain' ?
Si on fait de l'humanité, non la nature des animaux de l'espèce humaine, mais une qualité, dont ces êtres peuvent être pourvu's ou non, alors qui peut se dire humain' ? Pas moi.
Ô, ne déniez pas l'humanité d'un' seul' d'entre nous, fût-il le pire des mes bourreaux.

mercredi 1 décembre 2010

Fanatique

L'usage du mot enculé comme insulte est l'une des violences normatives les plus répandues, je ne m'y fais pas et il paraît que c'est mal. Je proteste gentiment, une fois, deux fois, dix fois. Et puis je m'énerve : je demande à l'insupportable perroquet pourquoi il est si fier d'être puceau du cul, je lui rappelle que l'hétérosexisme tue, et là, paf, je suis un' fanatique.
J'explique que mon indignation est de même nature que celle que peuvent causer des propos racistes -par bonheur nous avons au moins ça en commun- mais il ne reviendra pas sur le terme. Fanatique. Même pas mal.
L'humour qu'il partage avec ses copains ne m'est pas accessible, je suis l'emmerdeur' de service, le dragon qu'on évite de réveiller tout en échangeant des regards complices dans son dos. Et puis merde. Pourquoi j'essaie ? De quoi est-ce que j'espère convaincre des gens comme lui ?
On peut tirer l'échelle, alors je me tais. C'était le but. Je vais digérer ça dans mon coin et essayer d'avoir encore un peu de niaque la prochaine fois, de ne pas écouter la petite voix qui me dit de laisser pisser au lieu de pourrir l'ambiance et de m'attirer des insultes pareilles, tout ça en vain. Fanatique. Merde alors !

dimanche 21 novembre 2010

Empêchement

Voici un mois que je n'ai rien écrit. Depuis que quelqu'un qui se prétendait mon ami m'a agressé' pour la deuxième fois et m'a terrorisé'. Je lutte pour sortir de ce silence, de cette confusion qui plonge mes mots dans un brouillard mortifère. Comme je ne veux parler de rien d'autre, et que je ne veux pas décrire ici, de la manière qui s'imposerait à moi, ce que j'ai vécu, je vais vous parler des livres de Marie-France Hirigoyen.

En manière d'introduction, je vous recopie ce que, m'interrogeant sur le titre que j'ai choisi pour ce billet, j'ai trouvé dans le Robert historique de la langue française.

EMPÊCHER v.tr. est issu (v. 1120, empeschier), comme sa variante ampagier (XIIIe s.) du bas latin impedicare prendre au piège, entraver, dérivé de pedica piège pour prendre les animaux par la patte, lui-même dérivé de pes, pedis (pied).
Le verbe a d'abord eu le sens repris du latin de mettre (qqn) dans l'impossibilité d'agir, entraver et s'empêcher (v. 1160-1174) s'empêtrer, s'entraver, acception qu'il conserve jusqu'au XVIIe siècle. Il signifie parallèlement mettre obstacle à ce qu'une chose ait lieu (1297), toujours en usage, alors que l'expression empêcher le chemin barrer la route (XIVe s.) a disparu. Au XIIIe s. apparaît l'emploi aujourd'hui courant du verbe suivi d'un infinitif : empêcher (qqn) de (faire qqch.) puis, au début du XVIe s., empêcher que (1534), ordinairement suivi de ne et du subjonctif. De là les locutions il n'empêche que, n'empêche que et familièrement n'empêche.
Empêcher qqn a signifié le gêner moralement (1415) et l'occuper (1538). La forme pronominale s'empêcher réapparaît à la fin du XVIe s. (1580, s'empêcher de) avec le sens de s'abstenir, se dispenser de, qui a fait place à celui de se retenir de. EMPÊCHÉ, ÉE adj. a eu des emplois variés, liés à l'idée d'entrave. L'adjectif a signifié accablé (1283), encore au XVIIe s., et être empêché de embarrassé (XIVe s.) s'est maintenu jusqu'au XIXe siècle. ...

Marie-France Hirigoyen a écrit Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien, un livre indispensable, un précieux secours qu'elle a décliné en Malaise dans le travail, harcèlement moral : déméler le vrai du faux et Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple.
Vous en lisez un, dans lequel ce qui vous semblait spécifique à votre cas, ce que vous aviez admis comme découlant d'une situation particulière, de la personnalité de votre tourmenteur' ou encore ce que vous aviez, hélas, attribué à vos propres défauts et insuffisances, est minutieusement décrit par quelqu'un qui ne vous a jamais vu'.
Vous comprenez enfin qu'il ne vous a jamais appartenu de mettre fin à cette situation par un comportement plus conciliant, mais que le plus souvent, seule la fuite pouvait vous délivrer.
Vous réalisez aussi que vous n'êtes pas resté' à subir ça par stupidité mais que cette issue vous avait été barrée par la mise en place d'une emprise psychique, véritable lavage de cerveau dont les techniques dignes d'une secte sont maîtrisées avec une effrayante subtilité par nombre de personnes aux dehors anodins.
Et là, vous êtes en colère.

Mais pour salutaire qu'elle soit, cette colère ne suffit pas à vous sortir du puits dans lequel on vous a jeté'. Une fois tiré' des griffes du sinistre individu, la peur persiste. Impressionné' par ce qu'il a été capable de vous faire accepter, vous continuez à lui prêter des pouvoirs surnaturels et à le redouter au-delà de toute raison. De ça aussi, on guérit, quoiqu'avec une douloureuse lenteur.
Ce n'est pas encore fini.

Une fois dressé' à être une bonne victime, vous devenez une proie de choix pour tous les pervers narcissiques dont vous croiserez la route. C'est là qu'intervient ma récente mésaventure. Or les techniques mises en oeuvre dans l'emprise psychique, outre qu'elles vous paralysent de terreur, sont destinées à vous empêcher de penser et de vous exprimer. D'où ce silence.

jeudi 19 août 2010

Admettre l'épilepsie

J'émerge étonné' de plusieurs jours de brume. Des souvenirs se collent aux mots ; j'ai bien vécu ça, et ça, mais quoi entre ? L'épilepsie : quatre crises de suite. Ma langue porte une vilaine entaille violacée. Pas de courbatures cette fois, juste une énorme migraine et la comprenette en berne. Le souvenir d'en avoir eu le pressentiment n'est qu'un mystère de plus, à éclaircir avec les docteurs... Depuis le temps que je dois me faire scruter la cervelle, et qu'à la place je fais semblant de croire que ça va s'arrêter tout seul. Mais non : si je peux sans erreur attribuer l'apparition de mon épilepsie au stress que j'ai subi au travail en 2008, à ce stress qui a été utilisé pendant des mois comme instrument de rétorsion à mon encontre, me causant coups de fatigue surnaturels, abominables douleurs intestinales et finalement une vraie grosse dépression, l'arrêt des causes n'annule pas, hélas, les effets.
Me voilà une fois pour toutes victime de ce mal et obligé' de composer avec lui ; me voilà traitant chaque jour avec ma haine redoublée, caressant des projets de vengeance à la hauteur d'une souffrance assez profonde pour me poursuivre jusque dans mon sommeil, des années durant. Je serais le préfet de sarko de responsable de tout ça, je m'inquiéterais.

vendredi 15 janvier 2010

L'autre

Des gens passent dans la rue, bavardant gaiement, mais je n'entends que leurs semelles qui battent le pavé bien en rythme. Je pense : des français', et c'est une drôle de pensée. Quand je me laisse aller, l'autre, c'est Superdupont, c'est cellui qui marche avec assurance au milieu des patrouilles, fier' de son droit à se faire exploiter légalement, indifférent' au fait qu'à six heures du mat' quand ille est tranquille sous sa couette, des flic's débarquent chez des gens, brisent des vies pour une histoire de papiers. Illes font leur boulot, non ?

On a la même nationalité les français' et moi, j'ai cette chance et cette honte, mais je ne me sens pas "chez moi" ici. Que j'aie ou pas un autre pays en tête, qu'est-ce que ça change ? Je suis étranger' à Superdupont, à Sarko, à chaque ville qui veut devenir "propre" en virant ses SDF et ses putes, à chaque bled où les rideaux retombent au passage d'un' jeune à la peau dorée, à chaque rue où on entend les gens marcher au pas. Ne m'expulsez pas, s'il vous plaît, ce n'est pas mon pays mais c'est pas mieux ailleurs et c'est ici que je vis.

Qu'est-ce que ça change, mes "origines" ? Mais si, bien des choses : je peux me permettre mon antinationalisme sans risquer qu'il soit utilisé par les nationalistes, et je peux me dire étranger' sans redoubler la souffrance de me l'entendre dire haineusement. Confortable révolte que celle du dominant.

mardi 29 décembre 2009

Better than life

C'était dans quel bouquin ? Sans doute Neuromancien, une mine d'ailleurs, il faudra que j'y revienne. Dans un roman de science fiction donc, il est question d'une drogue, le BTL. Les gens préfèrent passer des plombes avec un casque sur la tête à visionner des fictions, que regarder le monde tout pourri autour d'elleux. Vous je ne sais pas, mais moi je comprends ça. Très bien même.

On peut passer vraiment beaucoup de temps à prendre du BTL, vu que la dernière chose dont on a envie, c'est de quitter son casque. Dans mon souvenir c'est un casque, une espèce de visionneuse, mais je confonds peut-être ; bref, c'est le principe : on se coupe du monde parce qu'il y a mieux, un monde sympa où personne ne se fait tuer pour de vrai, un monde sans patrons, sans soucis, où les fleurs sont toujours fraîches et où la pâte à crêpes ne fait jamais de grumeaux.

Pendant ce temps, la vraie vie continue : les factures arrivent toujours dans la boîte aux lettres, les poubelles qui n'ont pas été descendues pourrissent tranquillement, et ces désagréments, supportables quand ils sont noyés dans le cours de la vie des ihéréliens, s'accumulent et assaillent massivement l'addict dès qu'il quitte son monde idéal. Qui ne l'en est que plus. (J'aime bien ces phrases tellement truffées de pronoms qu'elles ne savent plus parler toutes seules, mais je sais que c'est fatigant à lire ; je ferai attention.)

J'y arrive : le moment où on "se déco" seulement pour parer aux problèmes les plus pressants, où la vraie vie n'est plus qu'une vaste corvée, une vaste et absurde corvée. On n'a pas attendu la technologie pour éprouver ça, mais pour y échapper autrement qu'en replongeant dans l'agitation du monde, si. Enfin presque ; les livres aussi font cet effet-là. Mais ils le font mille fois plus doucement, et quand la vraie vie nous tire par la manche, il ne faut, aux moments les plus intenses, que quelques instants pour quitter la page des yeux. Et puis un livre, on le finit.

Le monde bleu n'a pas de fin, il est toujours là, il vous attend. De vrai's gens vous attendent dans le monde bleu. Parfois illes vous reprochent votre absence. Vous leur avez manqué, illes s'inquiétaient, vous ne faites vraiment pas d'effort pour être leur ami'. Vous deviez vous connecter à 20h pour la sortie guilde. Vous n'allez pas les lâcher au beau milieu du donjon. Illes vous invitent au mariage de leurs persos. Ce visage de l'addiction ressemble un peu à un comptoir de bar ; entre accros, on se comprend, on se rassure.

Il y a deux ou trois ans on m'a parlé d'une joueuse de WoW qui est restée connectée une semaine entière et qui a été retrouvée morte, sans doute de faim et de fatigue ; Je n'ai pas cherché à connaître les détails mais je l'imagine, figée devant son écran, les mains encore posées sur le clavier. Bon, je n'en suis pas là. D'abord, je ne joue pas à WoW. Non là je blague.

J'ai une vie, une real life qui m'intéresse assez pour que je préfère jouer à celle-là qu'à la fausse, une vie avec de vrais gens, un surtout qui me décolle doucement de l'écran quand je commence à fondre. Pour la vivre, et parce que devenir un squelette aux yeux carrés et bleus ne me sourit guère, je voudrais "arrêter". La dépendance physique existe, certes, mais le sevrage n'est rien ; quelques vertiges, les tempes froides, des tremblements, qui durent moins de 48h. L'autre, en revanche...

jeudi 8 octobre 2009

Le seul jour que je connaisse

Vaut-il mieux vivre quinze mille vies d'un jour, ou une vie de quinze mille jours ? Personne pour comparer, et puis : choisit-on ? Chaque soir quelqu'un se couche dans "mon" lit, chaque matin quelqu'un en sort ; je ne sais rien de plus.

vendredi 25 septembre 2009

Une bouteille danse sur les flots

La jambe de Hulk s'ennuie. Je la promène mais elle me regarde l'air de dire : ce n'est pas ça que je veux. Et la lune, toujours brillante...

vendredi 4 septembre 2009

Quand est-ce qu'on meurt ?

La réponse à une question comme celle-là ne peut être que 42.

vendredi 31 juillet 2009

Et moi, pourquoi j'ai pas de soma ?

Des cris dans la rue me tirent de ma lecture. Je dresse l'oreille, jette un œil par la fenêtre. Ce ne sont pas des fêtards. Tout en haut de la rue, il se passe quelque chose. Il y a du monde, mais les gens... ne réagissent pas toujours, alors je préfère aller voir.
Le groupe d'où viennent les cris semble en train de s'apaiser après une dispute. J'entends "il pisse le sang". La plupart ont l'air assez calmes pour s'occuper de la suite, je fais demi-tour.

Et comme à chaque fois, je m'interroge. Pourquoi est-ce que je dresse l'oreille dès que j'entends des cris ? Pourquoi faut-il que je guette comme une commère, que je me sente concerné' ? Les autres montent simplement le son de leur télé, et moi je me mêle de tout.

Depuis quand ? La fois où la voisine a essayé d'étrangler sa fille ? Ou bien la tentative de viol dans la cour, ou encore ce type aux bras énormes qui cognait son pote, un samedi après-midi au centre-ville, devant trente badauds sans réaction ?
Je me souviens seulement qu'avant tout ça, je haussais les épaules, ce quartier est si animé. Maintenant, à chaque bande de fêtards, à chaque bataille d'eau autour de la fontaine, j'écoute, inquiet'.

Et à chaque fois, je me reproche de me prendre pour un super héros. Qu'on me donne une télé (un centicube guérit dix sentiments) pour oublier de m'en faire, pour apprendre le lendemain ce qu'étaient les cris dont je ne me suis pas soucié' : rien sans doute, rien si ils n'en parlent pas aux infos. Qu'on me donne du soma !

jeudi 14 mai 2009

Anecdotique

Il me revient le souvenir d'une bribe de rêve : dans une mêlée confuse, des gens se font transpercer par des épées. Que j'aie, à ce moment ou l'instant d'avant, à me préoccuper de ne pas subir le même sort et à essayer d'empêcher que d'autres meurent, est implicite et annexe. Je ne vois que cette large et lourde lame pénétrant dans la chair d'un humain qui voulait vivre encore.
L'objet de mon souvenir est ce mouvement de pensée : je me concentre pour garder à l'esprit toute l'horreur de la chose, que sinon les circonstances : devoir assurer ma survie immédiate, ne pas devenir fou, éloigneraient jusqu'à l'anecdotique. Pour que ceux qui sont tombés devant moi ne deviennent pas aussi insignifiants que des personnages de film qu'on imagine se relever ensuite, il faut absolument que je continue à savoir ce qui est arrivé, à l'appréhender non comme un fait parmi d'autres mais comme la vérité horrible que cela représente.
Certes, il s'agit ici d'un rêve. Mais ce qu'il décrit existe bel et bien : des gens meurent ainsi, transpercés par les injustices que nous acceptons, par la violence que nous acceptons, et ceux qui l'apprennent laissent l'indifférence les recouvrir. Il y a un enjeu majeur à ne pas laisser les situations difficiles dans lesquelles nous sommes plongés nous enlever la conscience de la gravité des événements qui se produisent autour de nous.

lundi 23 février 2009

Sentiments négatifs

Le bonheur, le bonheur, le bonheur. Est-ce qu'il n'y a rien d'autre ? C'est comme ces pitoyables tentatives de description du paradis, qui donnent envie d'aller n'importe où ailleurs. Le malheur fait partie de la vie. La tristesse, la peur, la douleur, le doute, la lassitude, la colère, la solitude, sont comme les couleurs d'un autre arc-en-ciel, moins bisounours mais tout aussi riche et intense. Pourfendez le vicomte, mais alors prenez bien soin de vous débarrasser de la moitié qui vous gêne ! Elle ferait de l'ombre à la part que vous avez choisie. Avant de les dire vos ennemies, demandez-vous, sans ces calamités, ce qu'il vous resterait à vivre.