Avoir des enfants implique un certain nombre de contraintes, ça tout le monde le sait. Ce que les gens qui ont des enfants ne disent pas aux autres, ne se disent même pas à eux-mêmes, semble-t-il, c'est la portée de ces contraintes.
Avoir des enfants, cela veut dire choisir entre leur vie et la nôtre. Pour élever correctement ses enfants, il faut renoncer à tout. Tout ce qui pourrait être important pour vous, bien sûr, pas votre dose quotidienne de télé, sinon personne n'aurait plus d'enfant. Même en se partageant équitablement le boulot, le temps et l'énergie qu'un enfant a besoin d'obtenir de ceux qui l'élèvent est plus que ce qu'ils peuvent lui offrir en continuant à vivre leur propre vie. Vous êtes leurs parents et personne ne le fera à votre place.
Vous pourriez vous épanouir dans la parentalité. "Mes enfants, c'est toute ma vie." me disait la maman du petit Charlie, quelques jours avant de se tuer avec eux. Je sais, c'est un argument à la Michael Moore. Eh bien faites. Consacrez-leur votre vie et répétez devant la glace pour pouvoir dire un jour "Après tout ce que j'ai fait pour toi..."
Ou alors, le choix existe, on peut assurer l'indispensable et ne pas voir qu'il manque l'essentiel. Des enfants élevés ainsi manqueront de parents, ils ne seront pas aussi heureux qu'ils devraient l'être. Qui peut laisser souffrir ses propres enfants sous ses yeux, jour après jour ? Bon, moi je peux, mais il y faut une bonne dose d'égoïsme et un bel entêtement.
L'un des deux parents au moins (l'une, probablement) devra sacrifier au bas mot une quinzaine d'années de sa vie. Et après quinze ans à ce régime, souvent il ne reste plus rien dans cette vie. Mais rassurez-vous. Si vous regardez la télévision plusieurs heures par jour, tout cela ne vous atteindra pas : vous êtes déjà mort.