Vu l'ampleur de la désinformation d'état, reprise en chœur par les médias nationaux, il me semble urgent d'informer sur le contenu et les effets réels des réformes. (Ceci n'est qu'une ébauche que je compte retravailler et compléter dans les jours qui viennent. Toute suggestion ou critique sera très bienvenue.)

La LRU, pochette-surprise dans laquelle le gouvernement glisse des décrets catastrophiques, programme la privatisation des universités. Elle entend les contraindre à quémander leur subsistance auprès des entreprises, qui seront trop heureuses de leur imposer contenus d'enseignement et directions de recherche.
Un exemple : la licence "banque" remplacera bientôt des formations qui existent actuellement au sein des entreprises. Celles-ci n'en financeront qu'une partie et n'auront pas à rémunérer les étudiants, qui se formeront en outre sans garantie d'embauche. Mais surtout : est-ce à l'université d'assurer ce type de formation ?
Une source de financement complémentaire est ouvertement suggérée : les droits d'inscription. Un projet de loi a été déposé par plus de 90 députés UMP pour permettre aux étudiants de s'endetter lourdement afin de payer ces futurs droits exorbitants, comme cela se pratique aux États-Unis.

La masterisation, écrite tellement à la va-vite que les critiques sur son manque de cohérence ont permis au ministère de l'améliorer progressivement, reste inacceptable. Une formation presque entièrement théorique, cinq années en tant qu'étudiant (au lieu de quatre) pour n'obtenir qu'un statut de précaire corvéable à merci. L'intention est claire : fermer peu à peu le recrutement par concours pour généraliser le recrutement ponctuel, au maximum à l'année, par les rectorats voire à travers eux par les chefs d'établissements.
Une "réécriture" satisfaisante comporterait à tout le moins la garantie d'une titularisation pour tous ceux qui auraient effectué ces cinq années d'étude et le maintien d'un véritable accès à la pratique au cours de leur formation.

Tout comme l'existence d'enseignants précaires, les réductions d'effectifs ne sont pas une nouveauté, mais atteignent ici un point critique. Qui veut noyer son éducation nationale perce la coque du bateau puis l'accuse de prendre l'eau.

Le gouvernement, par son refus de dialoguer, force les universités à "sacrifier" une promo pour sauver les suivantes et toute l'éducation. Continuer la lutte, même au risque de faire perdre un semestre aux étudiants, ce n'est pas un choix, c'est un devoir.