L'antisexisme dénonce l'enfermement des femmes et des hommes dans leur rôle de classe, le genre : à la manière du système des castes en Inde, un homme n'a pas plus le droit d'être pénétré (symbole par excellence de la classe dominée, ce qui éclaire sur le sens des insultes "salope" et "enculé") qu'une femme n'a le droit de prendre la parole sans être interrompue (symbole et exercice du pouvoir).

Mais si la dictature du genre opprime aussi les hommes, on est loin d'un équivalent à ce que subissent les femmes ; l'antisexisme peine à rendre compte de ce déséquilibre. Le féminisme, lui, met l'accent sur la domination masculine et sur la nécessité de défendre la classe dominée contre les prérogatives de la classe dominante.

Les hommes sont à la fois les oppresseurs et les frères d'oppression des femmes, c'est pourquoi féminisme et antisexisme me semblent finalement des notions complémentaires pour lutter contre le sexisme sans se laisser piéger par de fausses contradictions (féminisme sexiste) ou des illusions d'optique (symétrie de l'antisexisme).