Sharon et Richard savent réunir de belles choses et des coeurs purs dans une ambiance exceptionnelle. Ce furent de nouveau trois jours magiques, où j'ai découvert et retrouvé de nombreux artistes (je savais que Vanni ne pourrait pas venir, mais je n'ai pu m'empêcher d'espérer) et où j'ai écrit et partagé le plaisir d'écrire.

L'une de ces rencontres a été particulièrement féconde. Du haut de ses quatorze ans, Lucy sait ce qu'elle veut ; elle aime lire, écrire, se passionne pour les vampires et compte bien devenir écrivain. Elle et sa copine Julie se sont prêtées au jeu de l'écriture collective et nous avons imaginé l'histoire de cette jeune femme. Voici le résultat de ce moment de partage jubilatoire :

Renaissance

Ainsi, voilà ce qu'on ressent : ce feu qui envahit mon corps ne me fait pas souffrir, bien au contraire ; il me remplit de confiance et de force.
Je sens une plénitude inconnue me gagner... et me perdre. Est-ce vrai, ce que l'on dit des nôtres ? Suis-je devenue un monstre ?

En le voyant, j'ai songé qu'il était tout sauf monstrueux. Immédiatement, j'ai eu cette certitude, que je pouvais abandonner ma vie entre ses mains.
Quelle force guida mes pas en ces lieux ? Il me semble que je n'ai vécu jusqu'à ce jour que pour recevoir ce sang précieux qu'il fit couler entre mes lèvres.

Mon passé se brouille, comme ce reflet dans l'eau, mon image qui peu à peu disparaît. Ai-je eue une mère ? Ai-je eu un père ? Un fiancé ? J'ai soif...

J'ai aussi écrit un texte d'après un tableau de Jean-Louis Hubschi.

La ville

La ville

Viens !
Parcours mes rues, foule mes places. Le monde commence ici, ou presque.

Immobile, interdit, l'arrivant écoute la rumeur des lieux.
C'est vrai, pense-t-il : je viens de nulle part. Mais, ville, ne sois pas si impatiente à m'engloutir. Laisse-moi t'écouter, te sentir, laisse-moi t'observer, imaginer la suite.
Bientôt, j'avancerai vers toi. En hâte, en fièvre, je marcherai dans tes rues. J'irai jusqu'à cet immeuble, jusqu'à cet autre, et celui encore. Je me dévisserai le cou, je voudrai tout voir de toi.

Peu à peu, j'apprendrai ta géographie. Cette fenêtre, là-bas, ou celle-là peut-être, sera celle d'un ami. Et cet immeuble, ce sera chez moi.
Je connaîtrai par coeur la course du soleil sur tes cimes, la caresse de ses premiers rayons sur tes lieux familiers.

Oui, pense-t-il, le menton pointé vers le soleil levant. Ce sera là : chez moi.
Puis il se met en marche, il entre dans la ville.