Aujourd'hui j'ai fêté avec Nathalie son accession, fruit d'une lutte de plusieurs semaines, aux arcanes de la pose de carrelage. Le boulot serait fini depuis longtemps si les spécialistes, qui n'ont pas rechigné à instruire Ludo, l'avaient écoutée plus tôt, mais elle a enfin pu leur prouver que non, même le premier on ne le rate pas forcément..

Aujourd'hui Claude, souris en main, a vaincu le problème de la fenêtre sournoise et fait une expérience non inhibante de debugage, grâce à l'absence de toute esplication technico-lumineuse, un art que les mecs ont tendance à faire participer plus de l'éblouissement que de l'éclairement.

Aujourd'hui Jeanne a toujours besoin d'aide en maths, mais ce n'est plus dû qu'à sa flemme d'apprendre les leçons. Après cinq ans passés à convaincre sa mère de ne plus dire qu'elle ne comprendrait pas et à défaire cette croyance, son intelligence n'est plus bridée par aucun complexe.

Ces petites victoires ne sauraient me faire oublier que la violence continue.

Qu'il n'est toujours pas possible d'avoir la paix dans un bar le soir (même quand on porte un gros pull et qu'on est manifestement là pour jouer au go), que repousser ne serait-ce que verbalement un contact imposé est encore considéré comme une incongruité.

Que déposer une plainte pour violences domestiques reste une épreuve quand on a la chance d'avoir les bons papiers, et devient un cauchemar quand on ne les a pas.

Que les femmes ne sont pas respectées pour deux sous (je ne parle pas du "respect" idolâtre de La Femme) dans ce pays et cette époque où nous avons tout gagné, c'est à dire où une fraction du sexisme un peu plus grosse qu'une miette est tombée grâce à un siècle de lutte.