L'enragé'

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Tag - hétérosexisme

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jeudi 7 juillet 2011

Hétérosexisme et homophobie

L'homophobie ? Si l'on en croit le nombre de gens qui commencent une phrase par "Je ne suis pas homophobe", presque personne n'est homophobe. Hélas, le mot suivant est souvent : mais. "Je ne suis pas homophobe, mais..." Mais là c'est ma fille. Mais c'est pas naturel. Mais qu'iels élèvent des enfants, non. Mais je comprends celleux qui le sont. Mais je dis pédé quand j'en ai envie.

Si je suis en colère contre vous et que je vous traite de trader ou de préfet, j'affiche en même temps l'opinion selon laquelle il est déshonorant de l'être. L'homophobie, ce n'est pas seulement quand on traite un' homosexuel' de pédé, c'est aussi quand on traite Sarkozy de pédé. Ou quand on se récrie "Ch'suis pas un pédé !". L'usage tend à remplacer pédé (trop ouvertement homophobe ?) par enculé, et tout en le niant associe les deux mots.

Et là vous m'expliquez que oui mais non, vous quand vous dites ça, c'est de l'humour. L'adolescent' qui est passé' à portée d'oreille quand vous le disiez apprécie sans doute l'humour, mais ce qu'iel a entendu, pour la quinzième fois de la journée, c'est quelqu'un' qui considère infamant d'être homosexuel' et le clame. Le suicide est particulièrement fréquent chez les adolescent's ; il l'est trois à sept fois plus chez les adolescent's homosexuel's ou transgressant le genre. Cela ne fait pas de vous un' meurtrier', vous lui avez juste mis une claque de plus.

L'homophobie, c'est le rejet et l'agressivité envers les homosexuel's, soit directement, soit à travers des mots qu'on emploie parfois sans y penser. C'est des préjugés sur leur caractère ou leurs capacités, comme le sexisme qui commence par supposer les femmes faibles, bavardes, etc, et finit par en tirer des conclusions pratiques comme la condescendance galante ou l'habitude de leur couper spontanément la parole.

Et l'hétérosexisme ? C'est toute idée ou attitude fondée sur la primauté de l'ordre hétérosexuel et sexiste : ce qui est normal, c'est d'être un hétérosexuel. (Les femmes sont normales mais le masculin étant l'universel, elles viennent en second. Leur orientation sexuelle n'est pas importante, puisqu'elles sont d'abord objets d'une attirance hétérosexuelle.) Outre l'homophobie et le sexisme, l'hétérosexisme, c'est cette violence symbolique de supposer "en toute innocence" l'hétérosexualité partout où l'homosexualité n'est pas affichée. C'est faire de la réalité biologique de la conception plus qu'un détail technique et parler de "complémentarité des sexes".

L'hétéronormativité ? C'est le fait de trouver partout la norme hétérosexiste, sans y prendre garde quand justement on est "normal' ", et avec exaspération quand on ne l'est pas : il faut alors expliquer "son cas", se justifier, et finalement, vivre en permanence son écart à la norme comme un handicap. C'est cette normativité qui nous confronte à des formulaires où "notre" case n'existe pas ; quand la fiche de l'école part du principe qu'un' enfant a "un papa et une maman", les autres n'ont qu'à raturer, écrire dans les marges... et entendre qu'iels sont autres, hors-norme, c'est à dire anormaux.

L'hétéronormativité, c'est aussi le couple. Il est courant de demander à une jeune femme "si elle a un copain" ou à un jeune homme "si il a une copine", comme si iel était nécessairement hétérosexuel' et ne pouvait avoir qu'une relation de type couple. Le célibat étant pris en compte à titre d'accident de parcours et le libertinage, le polyamour ou une liaison purement sexuelle constituant des suppositions infamantes, surtout pour les femmes.

Admettez-le : vous êtes hétéronormé' et la plupart de vos comportements sont hétéronormatifs. Depuis le temps que j'essaie, je ne prétends pas m'être débarrassé du quart de mon hétéronormativité. Ce n'est pas un reproche, seulement une invitation à vous en soucier.

mercredi 1 décembre 2010

Fanatique

L'usage du mot enculé comme insulte est l'une des violences normatives les plus répandues, je ne m'y fais pas et il paraît que c'est mal. Je proteste gentiment, une fois, deux fois, dix fois. Et puis je m'énerve : je demande à l'insupportable perroquet pourquoi il est si fier d'être puceau du cul, je lui rappelle que l'hétérosexisme tue, et là, paf, je suis un' fanatique.
J'explique que mon indignation est de même nature que celle que peuvent causer des propos racistes -par bonheur nous avons au moins ça en commun- mais il ne reviendra pas sur le terme. Fanatique. Même pas mal.
L'humour qu'il partage avec ses copains ne m'est pas accessible, je suis l'emmerdeur' de service, le dragon qu'on évite de réveiller tout en échangeant des regards complices dans son dos. Et puis merde. Pourquoi j'essaie ? De quoi est-ce que j'espère convaincre des gens comme lui ?
On peut tirer l'échelle, alors je me tais. C'était le but. Je vais digérer ça dans mon coin et essayer d'avoir encore un peu de niaque la prochaine fois, de ne pas écouter la petite voix qui me dit de laisser pisser au lieu de pourrir l'ambiance et de m'attirer des insultes pareilles, tout ça en vain. Fanatique. Merde alors !

samedi 19 juin 2010

Évolution de mon lexique

Mon lexique s'est encore étendu, je vous propose d'aller y jeter un coup d'oeil.