L'enragé'

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.. › Dur' à queer

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mardi 1 novembre 2011

Boucles d’oreilles

Je sais que ces boucles d’oreilles me donnent une apparence beaucoup plus féminine, même si je n’ai fait qu’accrocher des épingles à nourrice à mes piercings. Je croyais avoir décidé de ne pas performer le genre féminin -pas plus que le genre masculin- mais le problème est plus compliqué que prévu.

On ne pourrait imaginer évitement plus radical du genre qu’une série de choix aléatoires, au moment de s’habiller comme face aux -nombreuses- alternatives binaires du quotidien, et pourtant le résultat ne serait pas au rendez-vous. Dès que serait écrit au féminin un seul adjectif, dès que serait porté le plus sobre des pulls à fleurs, rien ne saurait contrebalancer ce signe d’appartenance au « groupe F » ; la limite entre ne pas performer le féminin et performer le masculin est extrêmement ténue. Refuser le genre consiste plutôt à jouer les tomboys, en faisant attention à ne pas « passer » tout à fait.

Mais je ne le fais pas. Sans être accro aux fanfreluches, j’aime porter du rose, des vêtements moulants, des trucs qui brillent ; et j’estime que je le ferais, même si mon sexe avait une forme différente. Alors pourquoi devrais-je me l’interdire, justement dans le but de m’affranchir des contraintes du genre ? Jusqu’à présent, j’ai oscillé entre les deux attitudes sans parvenir à formuler cette alternative aussi clairement.

Est-ce que je veux privilégier mon refus du genre au point de me restreindre dans mes choix d’apparence et de comportement ? Cela reviendrait à performer le non-genre comme un simple troisième genre, avec ses propres codes, lesquels seraient définis par rapport à ceux des deux genres traditionnels ! Et pourquoi pas, à en faire une composante essentielle dans la définition de mon identité, tant qu’on y est ?

Ou est-ce que je veux laisser s’exprimer ma personnalité en piétinant allègrement les frontières du genre, mais en subissant de plein fouet l’assignation forcée qui accompagne le moindre signe permettant la classification habituelle ? Et cette personnalité iconoclaste, n’oublions pas qu’elle est imprégnée jusqu’à la moëlle par un conditionnement aussi précoce qu’intensif qui l’amène le plus souvent, plutôt que de s’exprimer, à se conformer à un genre...

lundi 29 août 2011

Bousculer la norme - Le prix d'une identité choisie

Je me souviens de l'une de mes premières révoltes contre le genre. On m'a dit : "T'y arrives pas mal pour une fille". Puisque c'était un compliment, j'aurais dû être content', au lieu de quoi je poussai le manque de logique au point de me vexer et de me fâcher (les femmes sont notoirement inconséquentes et d'humeur capricieuse).

J'aurais préféré une appréciation moins positive, mais adressée à ma personne dans l'absolu. Impossible : les filles n'ont pas les mêmes capacités que les garçons, il faut bien en tenir compte pour évaluer leurs performances. C'est curieux, parce que les gens ont aussi des performances différentes suivant leur âge, et pourtant on n'a pas trouvé utile de préciser "pour ton âge".

Je pourrais m'étendre longtemps sur l'arbitraire du regard différenciateur porté sur les gens en fonction de "leur sexe". Ce que je veux raconter, c'est ce qui arrive quand on décide que la forme de son zizi n'a rien à voir avec les comportements qu'on va adopter en société, la façon dont on va se vêtir ou l'aune à laquelle on va accepter d'être jugé', et autres éléments de ce jeu de construction qui sert habituellement à produire une identité féminine ou masculine.

Quand on décide d'être soi comme personne avant d'être "femme" ou "homme" (l'assignation de genre frappe tout aussi durement celleux qui voudraient échapper au "masculin" qu'au "féminin", bien que "le féminin" constitue un handicap en lui-même), voire d'être soi tout court, on découvre un monde étrange, où rien n'est plus aisé que d'enfreindre "les lois de la Nature", mais où la facture que l'on vous présente aussitôt s'avère plutôt salée.

Même si cela peut sembler superflu, pour vous donner une idée du coût de la moindre entorse à la norme, je vais commencer par rappeler en quoi elle consiste ; ce qui est attendu de vous "en tant que femme" pour être considéré' comme normal' :

D'abord, vous devez vous percevoir et vous définir comme "femme". La féminité (ou la masculinité) étant hautement performative, se déclarer "femme" (ou "homme") est fondamental pour l'être. Cette première condition étant généralement validée de manière implicite par la réalisation de la seconde, c'est seulement quand on y contrevient formellement qu'on découvre son existence.

Deuxio, vous devez donner à voir des signes suffisamment clairs de "féminité" pour que les autres vous identifient immédiatement comme "femme". Remarquons au passage que cette compétence n'est pas une donnée si naturelle que ça : tout un apprentissage est nécessaire pour réussir cette identification, apprentissage dont le caractère obligatoire apparaît nettement dans l'effet comique produit par l'enfant de Allô maman ici bébé hésitant sur le sexe de Gorbatchev.

Enfin, vous ne devez pas présenter d'éléments trop exclusivement "masculins", même si ils ne gênent pas votre identification. Toutefois, si le port d'une robe ou de talons hauts constitue une infraction totalement gratuite et injustifiée à la performance de genre attendue d'un "homme", le port même systématique de pantalons est admis pour une "femme". Ainsi, certaines infractions ne seront sanctionnées que par une pitié paternaliste : la pauvre qui ne sait pas s'habiller, la malheureuse incapable de se résoudre à affronter le supplice de la cire...

Mais au-delà de cette marge de manoeuvre assez limitée, le sourire s'efface et la condamnation tombe : garçon manqué, femme à barbe, monstre de foire ! C'est pourquoi mieux vaut "passer" entièrement que partiellement, être perçu' comme d'un autre genre, mais bien répertorié, que laisser planer le doute. C'est le choix que faisaient les butch notamment aux Etats-Unis dans les années cinquante, quand le "travestissement" était un délit lourdement réprimé.

Quant à se soustraire à la première obligation, cela entraîne un autre type de sanction : non seulement on vous prête une santé mentale aussi incertaine que si vous prétendiez être Napoléon, mais bien sûr, on ne vous croit pas. Vous n'êtes toujours pas une personne avant d'être une femme, mais simplement "une femme qui dit qu'elle n'est pas une femme". L'incongruité de l'assertion est telle que tout le monde s'empresse alors de changer de sujet, avant qu'il ne vous prenne fantaisie d'affirmer que le cheval blanc d'Henri IV était rose fluo.

Bien sûr, ces sanctions ne sont pas aussi concrètes que celles qui sévissent encore hors du monde civilisé (plus pour longtemps, heureusement, car de bonnes âmes ont entrepris d'exporter nos moeurs policées chez les barbares). Mais pour les vivre, ces sanctions, je vais oser prétendre depuis mon insolent confort de privilégié' que cela revient pratiquement au même. Qu'une frontière invisible reste une frontière, et que la négation non seulement de votre identité, mais de tout sens à la revendication que vous en faites, peut être aussi douloureuse et destructrice qu'une lapidation.

mercredi 17 août 2011

Changer de sexe ? Si seulement...

J'ai toujours su que je ne voulais pas du genre féminin. Quand j'ai voulu faire plus que le repousser : le refuser, m'en débarrasser, j'ai d'abord essayé d'adopter le genre masculin. C'est ce qui viendrait à l'esprit de n'importe qui, non ? Mais j'ai rapidement compris que je ne voulais pas non plus des codes et des stéréotypes qui sont censés définir ce qu'est "un homme". Pas plus que de ceux qui représentent "une femme".

Quel choix me restait-il, alors ? Comment vivre, comment me présenter, quels codes donneraient aux gens le moyen de me voir tel' que je suis ? Petit à petit, deux constats me sont apparus.

Petit un : il n'y a pas de case pour moi. En tout, il n'y en a que deux, et peut-être, un peu, parfois, la possibilité de tracer une croix entre. Moi, je voudrais placer cette croix complètement ailleurs, dessiner une case en forme d'étoile ou de citron dans la marge du formulaire, sous la mention "moi, Spangle". Là, enfin, je pourrais la cocher.

Petit deux : d'autres gens éprouvent ça. Non seulement il y a des trans, mais les mots "intersexe", "intergenre", "gender blender", "gender fucker", "agenre", et bien d'autres, existent. Ce ne sont pas des mots de fiction, à propos d'hypothétiques habitant's de lointaines planètes, ce sont les mots que des gens ont forgés pour pouvoir se dire.

Des gens comme Leslie Feinberg qui me comprennent, n'ont pas de mal à penser qui je suis et savent où j'en suis, ce que je vis, ce que j'ai traversé pour en arriver là. Des gens qui disent tout ça exactement comme je veux le dire (mieux même parfois, avec plus d'idées, mais le plus important est d'entendre exprimer ce que je me sentais si seul' à vivre).

Ces gens se battent pour nous tou's. Iels parlent de nous, iels expliquent qui nous sommes aux straights, sympathisant's ou pas de la diversité des expressions de genre, et aux autres queers, avant que leurs différences ne soient prises dans une nouvelle "normalité" où nous n'aurions pas de place.

Iels clament notre existence à la face du monde, pour que celleux d'entre nous qui se croient seul's fassent la même découverte que moi, le plus vite possible. Quand j'essaie d'estimer le prix d'une seule année gagnée sur ce désert affreux, j'ai le vertige. C'est ce qui me pousse à vous écrire ce soir, en espérant que quelque part, la souffrance d'une personne face à la norme soit allégée par ces quelques mots.


***

Je voudrais faire une remarque sur les trans et le titre de ce billet. Il m'arrive de penser "Changer de sexe ? Si seulement c'était aussi simple !" Or, qu'il s'agisse de changer de sexe, de genre ou les deux, être trans n'a rien de simple dans notre belle société ouverte et égalitaire.

Rien que "l'étape" consistant à obtenir de nouveaux papiers d'identité demande actuellement de passer plusieurs années sous sa nouvelle apparence, avec son ancien état-civil, ce qui crée des situations gênantes, pénibles, voire insupportables. Traverser une salle d'attente en jupe et talons alors qu'on a appelé "Monsieur Machin". Se faire humilier voire refuser des soins par des médecins transphobes ou simplement incrédules.

Ou être incarcérée dans une prison pour hommes, puis mise à l'isolement, cette terrible punition, de manière permanente afin de ne pas (ou de ne plus) se faire violer par les autres détenus. Mais toujours sans garantie sur le comportement des gardiens.

La peur omniprésente de devoir montrer ses papiers, d'être appelé' par le mauvais prénom. Les insultes, les coups, les viols. Les clichés, les questions débiles et indiscrètes. Les discriminations dans la rue, au boulot, à l'hôpital, face à nos ami's les flics, dans sa propre famille.

Bref, je ne me permettrais pas de prétendre que la vie des trans est facile. Je veux seulement dire que ma situation est dépourvue de "case d'arrivée". Même une "case d'arrivée" avec traitement hormonal à vie, au bout d'un parcours aussi long et pénible, est pour moi un rêve inaccessible.

Je serai toujours cet funambule, je ne pourrai jamais souhaiter qu'on m'appelle plutôt "Monsieur" ou "Madame". Je n'aurai jamais que des arguments immatériels pour répondre aux nombreux rappels à l'ordre "Nan mais arrête avec ça, tu es une femme un point c'est tout." et je n'aurai toujours que ma volonté pour lutter contre l'ensevelissement de mon identité sous l'évidence imposée du genre.

jeudi 7 juillet 2011

Hétérosexisme et homophobie

L'homophobie ? Si l'on en croit le nombre de gens qui commencent une phrase par "Je ne suis pas homophobe", presque personne n'est homophobe. Hélas, le mot suivant est souvent : mais. "Je ne suis pas homophobe, mais..." Mais là c'est ma fille. Mais c'est pas naturel. Mais qu'iels élèvent des enfants, non. Mais je comprends celleux qui le sont. Mais je dis pédé quand j'en ai envie.

Si je suis en colère contre vous et que je vous traite de trader ou de préfet, j'affiche en même temps l'opinion selon laquelle il est déshonorant de l'être. L'homophobie, ce n'est pas seulement quand on traite un' homosexuel' de pédé, c'est aussi quand on traite Sarkozy de pédé. Ou quand on se récrie "Ch'suis pas un pédé !". L'usage tend à remplacer pédé (trop ouvertement homophobe ?) par enculé, et tout en le niant associe les deux mots.

Et là vous m'expliquez que oui mais non, vous quand vous dites ça, c'est de l'humour. L'adolescent' qui est passé' à portée d'oreille quand vous le disiez apprécie sans doute l'humour, mais ce qu'iel a entendu, pour la quinzième fois de la journée, c'est quelqu'un' qui considère infamant d'être homosexuel' et le clame. Le suicide est particulièrement fréquent chez les adolescent's ; il l'est trois à sept fois plus chez les adolescent's homosexuel's ou transgressant le genre. Cela ne fait pas de vous un' meurtrier', vous lui avez juste mis une claque de plus.

L'homophobie, c'est le rejet et l'agressivité envers les homosexuel's, soit directement, soit à travers des mots qu'on emploie parfois sans y penser. C'est des préjugés sur leur caractère ou leurs capacités, comme le sexisme qui commence par supposer les femmes faibles, bavardes, etc, et finit par en tirer des conclusions pratiques comme la condescendance galante ou l'habitude de leur couper spontanément la parole.

Et l'hétérosexisme ? C'est toute idée ou attitude fondée sur la primauté de l'ordre hétérosexuel et sexiste : ce qui est normal, c'est d'être un hétérosexuel. (Les femmes sont normales mais le masculin étant l'universel, elles viennent en second. Leur orientation sexuelle n'est pas importante, puisqu'elles sont d'abord objets d'une attirance hétérosexuelle.) Outre l'homophobie et le sexisme, l'hétérosexisme, c'est cette violence symbolique de supposer "en toute innocence" l'hétérosexualité partout où l'homosexualité n'est pas affichée. C'est faire de la réalité biologique de la conception plus qu'un détail technique et parler de "complémentarité des sexes".

L'hétéronormativité ? C'est le fait de trouver partout la norme hétérosexiste, sans y prendre garde quand justement on est "normal' ", et avec exaspération quand on ne l'est pas : il faut alors expliquer "son cas", se justifier, et finalement, vivre en permanence son écart à la norme comme un handicap. C'est cette normativité qui nous confronte à des formulaires où "notre" case n'existe pas ; quand la fiche de l'école part du principe qu'un' enfant a "un papa et une maman", les autres n'ont qu'à raturer, écrire dans les marges... et entendre qu'iels sont autres, hors-norme, c'est à dire anormaux.

L'hétéronormativité, c'est aussi le couple. Il est courant de demander à une jeune femme "si elle a un copain" ou à un jeune homme "si il a une copine", comme si iel était nécessairement hétérosexuel' et ne pouvait avoir qu'une relation de type couple. Le célibat étant pris en compte à titre d'accident de parcours et le libertinage, le polyamour ou une liaison purement sexuelle constituant des suppositions infamantes, surtout pour les femmes.

Admettez-le : vous êtes hétéronormé' et la plupart de vos comportements sont hétéronormatifs. Depuis le temps que j'essaie, je ne prétends pas m'être débarrassé du quart de mon hétéronormativité. Ce n'est pas un reproche, seulement une invitation à vous en soucier.

mercredi 30 mars 2011

Sur le travail du sexe #1 L'école est sexiste, abolissons l'école ?

Dans « travail du sexe », il y a « travail », il y a « sexe », et il y a un sexisme qui, nous le verrons, n'a rien de spécifique à ce domaine. Les discussions sur le travail du sexe ont tendance à entremêler ces différents aspects, qui peuvent pourtant être envisagés séparément.
Les idées abolitionnistes sont-elles remises en cause sur l'un de ces points ? Les autres prennent le relais, et l'impression que le travail du sexe est une mauvaise chose reste (souvent sans que la raison de cette conviction soit claire). C'est pourquoi je voudrais argumenter sur chaque question, en vous demandant de les considérer séparément.

#1 L'école est sexiste, abolissons l'école ?

Comme l'indique le titre de cette partie, abolir le travail du sexe pour cause de sexisme serait jeter le bébé avec l'eau du bain. Tout, dans notre société, est sexiste : l'école, le mariage, le travail, la publicité, la médecine...
Le langage lui-même est l'un des premiers vecteurs de violence symbolique et de représentations sexistes, et nous ne pouvons ni l'abolir, ni le réformer profondément.

Le travail du sexe n'est pas sexiste par essence, mais par le contexte social dans lequel il est exercé. Il y a dans toute la société une asymétrie des rôles féminin et masculin, qui ajoute la domination à la domination : l'hôtesse de l'air en tailleur et talons vertigineux qui sert un cocktail au PDG voyageant en première classe est prise dans le même rapport de domination que la pute qui fait du sexe avec un client.
Dans le travail du sexe comme dans cet exemple, le problème est double : c'est du travail, avec tout ce que cela implique de malsain et de coercitif, et c'est sexiste, car les rôles ne sont pas répartis équitablement entre hommes et femmes.

Abolir le travail tel qu'il existe dans notre société, je suis tout à fait d'accord. (Pas vous ?) Mais abolir un travail, une activité, parce qu'elle est sexiste ? A l'école, ma mère avait couture pendant que les garçons faisaient de la menuiserie. On n'a pas aboli l'école, on a décidé de donner les mêmes cours à tout le monde.
Ce qui ne suffit pas : les garçons ont toujours droit à substantiellement plus d'attention et d'encouragements en classe que les filles, sans parler de la persistance des stéréotypes sexistes dans les enseignements. Mais le travail du sexe peut tendre vers l'égalité comme l'école tente de le faire.

Comment lutter contre le sexisme dans le travail du sexe ? En partageant mieux des rôles qui sont potentiellement interchangeables. Les hommes sont déjà présents dans le travail du sexe, quoique minoritaires à cause de la moindre demande. Il faut encore que les femmes arrêtent de se censurer sexuellement et qu'elles s'autorisent à faire appel à des services payants pour leur bien-être sexuel, tout comme elles vont chez le kiné, se font couper les cheveux ou servir dans un café.
Un mythe tenace voudrait que les hommes aient des besoins sexuels particulièrement pressants qui justifieraient le recours au sexe payé, tandis que les femmes pourraient s'en passer. C'est absolument faux. Par contre, il est tristement vrai que les femmes ont appris un rôle dans lequel leurs propres désirs ont très peu de place, et passent rarement en premier. C'est là que réside tout le sexisme.

mercredi 2 février 2011

Le minou, l'athlète et le gène SRY - Sur quoi repose la définition d'une identité ''femme'' ?

On le voit avec la controverse qui entoure la légitimité de certaines athlètes à concourir dans la catégorie que leur a pourtant fait attribuer une lecture dualiste de leur apparence physique : la féminité n'est pas si simple à établir qu'on l'entend souvent prétendre.
Est-on une femme quand on a l'air d'une femme, quand on a un minou, quand on a des chromosomes XX, ou seulement si ils ne portent pas le gène SRY ? Et ces questionnements lourds d'enjeux sportifs s'assortissent d'une série d'épineuses décisions. Doit-on accompagner chaque exclusion de la catégorie féminine, d'une rectification d'état-civil ? Mais alors, faut-il considérer que ces athlètes sont des hommes, en l'absence d'un organe qui a toujours été présenté comme l'indispensable support de la virilité ?
D'autres critères pour caractériser une femme se font jour avec ces problématiques : peut-être, après tout, est-on une femme quand la sage-femme s'est exclamé : "C'est une fille !". Ou quand l'officier d'état-civil a coché la case F sur son formulaire. Peut-être même, puisqu'on en est là, est-on une femme quand on se dit femme.
Dans ce cas, quid des tracasseries et des embûches gratuites dont est encore parsemé le parcours de changement d'état-civil des trans ? (J'écris trans pour souligner qu'illes ne sont pas toujours transsexuel's par choix, mais parfois simplement pour avoir des papiers qui ne leur imposent pas leur genre de naissance : transgenres ou agenres desquel's la loi française exige qu'illes subissent de la chirurgie lourde pour reconnaitre leur identité).
Ne se souciant pas réellement de cohérence, la normativité transphobe a encore de beaux jours devant elle.

dimanche 9 janvier 2011

Je ne suis pas une femme

Je ne suis pas une femme, parce que je dis que je ne suis pas une femme.

Je ne suis pas une femme, parce que parmi les humain's né's avec un destin de femme, il en est maintenant, et j'en suis, qui sont suffisamment empuissancé's pour que ce dire soit totalement performatif, pour que le genre, qui n'est qu'une idée et son expression, se trouve détourné par cet énoncé.

Je ne suis pas une femme, parce que ces jambes poilues sont mes habits de non-femme ; parce que mon prénom réépicénifié : Adrien-ou-Adrienne, n'est pas un prénom sous lequel on peut trouver une femme. Bien sûr, ce n'est pas non plus un prénom sous lequel on peut trouver un homme, et ce visage glabre m'est un habit de non-homme.

Mes performances de genre sont faites de bidouillages, à partir de matériaux de récup' (je donne des cours de soutien : care - en mathématiques : cerveau-phallus) et autres (goût pour la provoc', caféïnomanie).

Je ne suis pas une femme. D'ailleurs mon numéro de sécu commence par une lettre, et dans les toilettes publiques, je choisis la porte ornée de l'icône ? .

mardi 28 décembre 2010

Ce que je sais sur les monosexuel's

C'est juste des gens comme vous et moi. Enfin, je crois, plutôt comme vous.

La monosexualité est ce que Freud appelle une restriction de choix d'objet : l'absence d'intérêt sexuel ou amoureux pour une catégorie de personnes ; en l'occurrence "les femmes" ou "les hommes". Une sorte de perversion sexuelle par la négative. Ceci dit sans jugement aucun : je trouve ça plutôt intéressant, les perversions. Même si celle-ci est si courante qu'on n'y prête même plus attention, voire qu'on regarde de travers celleux qui ne la partagent pas.

Les monosexuel's se classent en deux catégories : les femme-sexuel's et les homme-sexuel's. Non, c'est pas ça ? Zut, je me suis encore trompé'. En fait, illes se classent d'abord comme femmes ou hommes, puis illes se répartissent en deux catégories : d'une part les femmes femme-sexuelles et les hommes homme-sexuels, d'autre part les femmes homme-sexuelles et les hommes femme-sexuels. Mais non c'est pas compliqué du tout, mais non c'est pas tordu. Vous allez voir.

L'idée, c'est que parmi les monosexuel's, certain's sont attiré's exclusivement par des personnes de même sexe : femmes femme-sexuelles et hommes homme-sexuels, et d'autres sont attiré's exclusivement par des personnes de sexe opposé : femmes homme-sexuelles et hommes femme-sexuels (on dit homosexuel's pour les premier's et hétérosexuel's pour les second's, mais je ne veux pas vous assommer avec le jargon du milieu). Alors vous voyez, c'est assez logique finalement.

Certes, ça implique de se définir et de définir les autres comme "femme" ou "homme", si possible systématiquement, sans erreur et de manière permanente. Par exemple, un femme-sexuel qui tombe sur une jolie pute blonde aux jambes interminables, mais avec une pine au lieu d'un minou, sera obligé, soit de la débarquer et d'aller s'en chercher une autre, soit de renoncer temporairement à sa perversion femme-sexuelle. Et si un homme homme-sexuel change de sexe, il change de catégorie sans avoir changé de goût, et son compagnon si il en a un, change de catégorie en continuant à coucher avec la même personne.

Bon d'accord, je reconnais qu'on s'y perd un peu. Mais au fond, ce qui se passe au pieu, c'est leur affaire. La chose importante à retenir, c'est que ces choix, pour exotiques qu'ils nous paraissent, n'ont absolument aucune incidence sur leur comportement dans la vie de tous les jours. Illes ne sont pas particulièrement dévergondé's, ni sales ni plein's de maladies. Et ce n'est pas parce que vous avez un' voisin' femme-sexuel' qu'ille va sauter comme un' affamé' sur la première femme venue. Illes font même, dit-on, de bons parents quand on le leur permet.

samedi 19 juin 2010

Évolution de mon lexique

Mon lexique s'est encore étendu, je vous propose d'aller y jeter un coup d'oeil.

mercredi 30 décembre 2009

Les aventures du coït obligatoire #2 Du latex en branches

- Bonjour m'sieur-dame, est-ce que vous avez des carrés de latex ?
- Heu ?
- On dit aussi des digues dentaires...
- C'est quoi ?
- C'est pour les cunilingus.
- Ah. Heu non désolé' on n'en a pas...
Parfois illes ajoutent un peu crédible "en ce moment".

A la quatrième pharmacie, la dame ne savait pas non plus ce que c'était mais elle a tout de suite appelé son fournisseur pour se renseigner. Le fournisseur ne le savait pas plus ! Elle a insisté pour qu'ils se renseignent et m'a promis que sinon, elle demanderait à AIDS où ils se les procurent. Je lui ai expliqué que même si je pouvais en avoir là-bas, pour le principe, je souhaitais qu'on puisse en trouver en pharmacie. Elle était d'accord, elle ne voulait pas spécialement m'en vendre mais en avoir en stock.

Faut pas désespérer.

mardi 24 novembre 2009

Des mots pour le sexe des enfants

Suite à une discussion où sont clairement apparus des référentiels différents, j'aimerais savoir... quels mots utilisez-vous pour quelles choses ? J'espère que vous serez nombreuxes à répondre !

Comment nommez-vous :
- le sexe d'une petite fille, celui d'un petit garçon ?
- le sexe d'une femme, d'un homme, quand vous en parlez avec des enfants, des adultes ?
- les relations sexuelles, quand vous en parlez avec des enfants, des adultes ?

Quels autres mots "pour enfants" ou familiers connaissez-vous pour désigner des réalités intimes et dans quelles circonstances en feriez-vous ou non usage ?

lundi 16 novembre 2009

Mais qu'allaient-illes faire dans ce bordel ?

Le travail du sexe étant légal en Allemagne, une demandeuse d'emploi s'est vu proposer un contrat dans une maison de passe ; l'opinion s'en est émue : on ne peut pas décemment proposer "ça" à n'importe qui, ce n'est pas un travail comme les autres !

Et si aujourd'hui l'ANPE envoyait à un' demandeur' d'emploi une proposition d'embauche chez France Télécom, comment aurait-ille le droit de l'accueillir ? Où en est la lutte contre les ravages sociaux et moraux de ce qu'il faut bien appeler (malgré des dénégations irréalistes s'appuyant sur les rares exceptions où l'emploi est exercé librement et dans des conditions acceptables) du travail forcé ?

Bien loin des clichés sur le "profil-type" de l'employé' de bureau, fragilisé' par une longue période de chômage et de pauvreté, drogué' à la consommation, séduit' par de fausses promesses, recruté' par de louches intermédiaires ou encore mis' à la pointeuse par saon propre conjoint', on sait aujourd'hui que "ça" peut arriver à tout le monde.

Faut-il réglementer la pratique ou criminaliser l'employeur' ? Interdire le racolage au CV reviendrait à pénaliser plus lourdement encore les victimes de l'exploitation, mais comment faire autrement pour empêcher leur trafic par des marchands d'esclaves ?

On ne peut qu'appeler de nos vœux une législation énergique, seule à même d'enrayer ce fléau d'un autre âge.

dimanche 8 novembre 2009

Le BDSM #1 De quoi s'agit-il ?

Ce billet est le premier d'une série sur le BDSM. Le sujet étant abordé presque exclusivement entre adeptes, la plupart des gens en sont réduits à s'interroger sur l'écart entre les pratiques réelles et les encadrés publicitaires qu'on trouve dans les journaux de petites annonces, quand ils s'interrogent. J'espère que ce billet vous intéressera et vous permettra d'avoir une idée plus juste de cet univers. Je compte beaucoup sur vos questions et vos critiques pour l'améliorer.

Vous savez sans doute déjà qu'il ne s'agit pas des Bandes Dessinées de Sa Majesté. Mais qu'est-ce au juste que le BDSM, et quels liens entretient sa pratique concrète avec l'imagerie qui lui est associée ? Avant de tenter de répondre à cette question, je vais prier les mineur's de ne pas lire la suite : c'est choquant, pervers, dangereux pour votre équilibre de futur's hétéros monogames à coït hebdomadaire, bref, allez vous faire un lait-fraise. Voooiilà.

BDSM sont les initiales de Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sado-Masochisme. Je vais vous expliquer en détail chacun de ces termes, au risque d'une légère redondance car ceux-ci se recoupent quelque peu. Pour compléter ces explications, je détaillerai ensuite quelques aspects du BDSM (selon une vision éventuellement assez personnelle) dans un petit lexique.

  • BD : deux sortes de liens

Bondage : héritier de la tradition martiale japonaise du shibari, art de lier un' prisonnier' en un tour de main dans le respect de l'étiquette (les liens traduisant à la fois le rang social du/de la prisonnier' et le motif de sa capture) le bondage consiste à transformer le corps d'une personne en un joli paquet, éventuellement suspensible, à l'aide de cordes et sans faire de nœuds.
Discipline : (on trouve parfois Dressage) celle-ci n'est nullement associée au bondage, et tout comme lui, il s'agit d'une simple option. Dans beaucoup de rôles BDSM, la domination est marquée par l'obéissance (ou une exigence d'obéissance à laquelle la / le dominé' ne satisfait pas, donnant ainsi prétexte à des punitions) et/ou par des attitudes et des postures, parfois savamment codifiées. Comme pour le bondage, il s'agit de liens, d'entraves non plus matérielles mais imaginaires, avec pour ancrage dans le jeu la capacité supposée, jouée, du/de la dominant' à imposer des restrictions à la liberté de mouvement du/de la dominé'.

  • DS : le jeu proprement dit

La domination/soumission est centrée sur les rôles et les situations plus que sur les sensations. Elle se nourrit pour beaucoup de mots et d'idées ; ainsi, elle se prête assez bien à la correspondance. Contrairement à ce que nous vivons IRL (in ze riel laïf : dans la vraie vie, c'est à dire hors de rôles explicitement définis), les rôles de dominant' ou de soumis' sont préalablement définis à notre convenance. On peut, c'est même vivement conseillé, se choisir ensemble un safe word et surtout discuter, avant, après ou même pendant, de ce qui nous plaît ou pas et pourquoi, de ce qu'on aimerait faire et comment, exactement comme c'est bien pour les amant's de discuter de leurs activités subcouettales.

  • SM : Sade et Sacher-Masoch

Sado-masochisme est initialement un terme de psychiatrie construit d'après les noms de Sade et de Sacher-Masoch. Hors de son acceptation principale, qui est l'attrait pour des sensations douloureuses, cette référence se révèle fort problématique.

Chez Sade, les protagonistes de Justine ou de la Philosophie dans le boudoir ne cherchent, hommes, qu'à jouir des femmes, femmes, qu'à jouir d'autres femmes avec des hommes (avant de subir le même sort) et ne demandent pas l'avis de leurs victimes. Si Léopold von Sacher-Masoch décrit dans la Vénus à la fourrure quelque chose qui se rapproche plus du BDSM tel qu'il est effectivement pratiqué, c'est avant tout pour une raison pratique : on ne peut imposer à autrui un rôle de dominante aussi unilatéralement que l'on soumet quelqu'un' par la force.
Sacher-Masoch comme Sade décrivent des êtres qui se moquent totalement de savoir ce qu'éprouvent leurs partenaires et même d'obtenir leur consentement. Tant qu'il s'agit de fantasmes et de littérature, c'est acceptable comme Lolita est acceptable, mais il est important d'avoir à l'esprit que l'équivalent de ces textes dans une sexualité réelle serait tissé de viols, d'abus et d'instrumentalisation des partenaires.
J'insiste : il faut bien dissocier les écrits de Sade et Sacher-Masoch du BDSM réel qui n'a pas leur caractère immoral, sans quoi l'association de nos pratiques à ces deux noms constituerait une raison aussi puissante que fallacieuse pour nous considérer comme de dangereu' pervers'.

Lexique

Donjon : lieu spécialisé dans le BDSM, non nécessairement sis dans la plus haute tour d'un vieux château. L'ambiance gothisante de cave voûtée éclairée aux flambeaux, ornée de divers équipements (lourds anneaux métalliques aux murs, cage, matériel de suspension), plaît à beaucoup, pas à tou's. Il existe des donjons proposant des soirées, et des donjons "privés" appartenant, pour ce que j'en sais, à des dominant's professionnel's. Rien ne vous empêche toutefois de baptiser "donjon" les installations que vous aurez bricolées dans votre sous-sol.

Dress-code : degré de spécialisation dans la tenue exigée lors d'une soirée BDSM ; il est suggéré aux participant's de se vêtir de cuir, de latex ou de vinyl. En réalité des vêtements noirs ou une robe de soirée seront acceptés la plupart du temps.

Fétichisme : investissement érotique de matières (cuir, vinyl, latex) d'objets (chaussures ou bottes, costumes et accessoires thématiques) ou de parties du corps (le pied). Si on peut être fétichiste de tout et n'importe quoi (la laine par exemple), le terme fait en général référence soit au fétichisme du pied, soit à des vêtements noirs, parfois rouges, dans les matières citées.

Milieu : la blogueuse Aurora (qui semble malheureusement avoir disparu de la toile) pestait avec justesse contre un certain microcosme parisien qui dicte "la" bonne manière de pratiquer le BDSM. Chacun' est libre de se reconnaître ou pas dans l'esthétique donjonesque, le dress-code cuir-vinyl-latex ou le parcours de dressage complet façon Histoire d'O, comme d'adapter les idées qui lui plaisent et de vivre ses propres expériences.

Radiateur : tarte à la crème des plaisanteries simplistes, le radiateur ne fait pas, mais alors pas du tout partie des objets investis érotiquement par celleux qui pratiquent le BDSM. C'est juste que... tout le monde n'a pas un donjon à sa disposition. Dans un appartement ordinaire, non seulement le plafond n'est pas prévu pour accueillir un système de suspension digne de ce nom, mais on dispose d'assez peu d'éléments fixes et solides où accrocher des menottes. Comme pour l'amour en chaussettes dont parle Kundera, le radiateur est plutôt l'un de ces éléments parfois inévitables dont on essaie de faire abstraction pour ne pas basculer dans le ridicule.

Rôle : le BDSM, plus précisément son aspect DS, consiste à adopter explicitement un rôle de soumis' ou de dominant', qui peut être exotique (et souvent stéréotypé) comme celui de la soubrette, ou "nous, version soumis'/dominant' " c'est à dire que nous nous comportons avec naturel, excepté pour ce qui concerne la relation de domination, généralement jouée comme une donnée arbitraire et parfois permanente sans qu'il n'en soit rien (il existe de très rares relations de domination qui sont réellement jouées en permanence ; je n'en connais qu'un exemple). Beaucoup de ces rôles font intervenir la notion de discipline, le vouvoiement ou des punitions, mais c'est loin d'être obligatoire. Les rôles BDSM sont avant tout affaire de goût personnel.

Safe word : dans un rôle où l'on résiste, se débat, supplie, comment faire savoir que l'on veut vraiment arrêter de jouer ? En définissant ensemble à l'avance un mot qui signifiera sans ambigüité cette volonté de sortir du rôle. Stop me convient très bien, mais si on craint que, le contexte prêtant à confusion, la / le dominant' ne le perçoive pas immédiatement comme un appel, on choisira un mot qui ressorte plus sur fond de "Non, pitié, arrête", par exemple "hélicoptère" ou "salade". Changer de ton et d'attitude suffit généralement, mais avoir un safe word est plus sécurisant, en particulier pour le / la dominant' qui pourrait, sinon, se laisser prendre à un jeu par trop réaliste et s'inquiéter.

Pour finir, quelques liens :

vendredi 16 octobre 2009

Transgenre ça veut dire homosexuel ?

Transgenre et homosexuel' ça ne veut pas dire grand'chose, sauf qu'on a parait-il, intérêt à ne pas l'être. À part ça, rien à voir.

De l'intérieur de la fiction du genre : transgenre, c'est le nom qu'on donne à tou's celleux qui sortent des cases, qu'illes se donnent une apparence genrée standard ou non, correspondant à "leur" sexe ou non, qu'illes modifient ou non leur corps. D'un côté il y a les gens qui se pensent et vivent entièrement comme hommes ou femmes, de l'autre côté sur une palette infinie il y a nous, si on veut on peut dire nous, il y a les transgenres.

De l'extérieur : transgenre ça ne recouvre rien ne concret, c'est seulement ne pas être concerné' par cette fiction ; qui nous rattrape, parce qu'elle est très présente autour de nous. Qui enveloppe totalement certain's et du coup n'a même pas l'air d'exister.

Homosexuel' c'est comme hétérosexuel', une ânerie. Je ne suis pas spécialement brun'sexuel' ou blond'sexuel', et vous ?
Je ne couche qu'avec des gaucher's parce que je suis droitier', c'est important d'être complémentaires.
Une nana plus une nana ça ne fait pas une relation, c'est LA Femme en deux exemplaires. De toutes façons deux femmes elles ne peuvent rien faire de sérieux, et au pire on peut les violer pour en refaire des femmes.
Deux mecs c'est obscène parce que l'un des deux renonce à sa virilité, de l'imaginer ça rend la mienne moins certaine. Je serre les poings parce que j'ai envie de faire cesser ça et parce que ça me rassure.

Le concept d'homosexuel' a un sens dans la mesure où "l'être" cause des réactions de rejet. Celui d'hétérosexuel' aussi, du coup : ça n'en cause pas.
Au-delà de cette composante -extérieure aux personnes censément concernées- l'hétéromosexualité, ça suppose d'abord que soi et tou's ses partenaires, on serait de manière claire et durable femmes ou hommes. Même en le supposant, hétéromo ça voudrait dire repousser a priori l'idée qu'on pourrait être attiré' par la moitié des personnes qu'on rencontre : absurde. Vous faites ça, vous ?

lundi 12 octobre 2009

Les aventures du coït obligatoire #1 Le coït, star du sexe

Si nous vendons quoi ? Des digues dentaires ? Carrés de latex ? Ah mais oui ça y est, je vois de quoi vous voulez parler. Non je suis désolé' Mademoiselle, nous n'avons pas cet article en stock à la pharmacie pour le moment. Ni jamais d'ailleurs. Si vous voulez avoir un rapport sexuel avec une personne dont la séronégativité n'est pas établie, allez vous faire mettre.

Décidément la vie n'est pas simple pour les non-straight. Oui, les lesbiennes, mais pas seulement après tout : est-ce qu'un rapport occasionnel hétéro devrait forcément signifier baise-capote ? Est-ce qu'être séropositif implique d'avoir une sexualité aussi pauvre ? Omniprésent, ce connard de coït. Tout le reste n'est que préliminaires, rien qui vaille par exemple de voir autre chose que des capotes dans les distributeurs de capotes.

C'est décidé, je fais le tour des pharmacies juste pour savoir si vraiment, elles ne sont pas foutues (encore un mot dont je vais me débarrasser) capables de fournir aux amant's autre chose que des digues dentaires à découper soi-même dans des capotes. Et pour faire un scandale si c'est le cas, parce que certes ce n'est pas de l'hétérocentrisme, ou pas seulement, mais le coïtocentrisme ce n'est pas mieux. La baise nique ta mère j'te la mets enculé salope j'en ai une grosse va te faire foutre. M'énerve quoi.

Tiens au fait, une nouvelle imprécation : Va foutre !

vendredi 9 octobre 2009

Fantasmes (une libido de dominée)

Je veux parler de mes fantasmes, non pour ajouter à ce blog une touche croustillante, mais parce que je suis toujours surpris' d'y retrouver toute l'étendue des violences sexistes qui existent dans la réalité. Moi qui lutte pour que les femmes obtiennent respect et conditions de vie épanouissantes, je reproduis et cultive à plaisir en mon for intérieur les violences et les injustices que je dénonce. Quelle est cette étrange contradiction ?

Sans entrer dans les détails (j'espère ne pas causer de trop cruelles déceptions) ma branlothèque personnelle semble de prime abord tout droit tirée de Sade ou de Réage. Mais une différence me paraît cruciale : chez eux, cette violence est assortie d'un discours justificateur. Rien de tel dans mes fantasmes ; la brutale dissymétrie entre mon personnage (et éventuellement d'autres femmes) et les hommes y est un donné qui non seulement n'est pas justifié mais ne saurait l'être.

Bien au contraire, l'arbitraire de la situation est dans chaque scénario un élément central, mis en valeur par la conscience exacerbée qu'en ont tous les protagonistes. En ceci mon univers diffère également de la réalité, où la plupart des violences sexistes font l'objet d'un déni global, tant de la part de leurs témoins que de leurs auteurs, et souvent de leurs victimes mêmes. À lui seul, cet arbitraire explicite fait de la violence dans mes fantasmes quelque chose de très différent des violences invisibles, légitimées ou banalisées que subissent les femmes.

Mais au fait, d'où viennent-ils, ces fantasmes ? Libido, je désire. Que désiré-je en tant que femme, qui s'apparenterait à de telles violences ? Que ce soit bien clair : rien que je veuille en réalité ; le désir n'est pas l'expression d'une volonté, il émane directement de notre expérience émotionnelle. Quelle expérience émotionnelle peut faire qu'une femme désire le genre de violences qu'elle va probablement subir dans la société ? Tout simplement son éducation de dominée, qui sert notamment à lui façonner une libido de dominée.

On nous fait désirer être ce que j'appelle la princesse, c'est à dire un objet docile livré au bon plaisir des hommes. Bien sûr, ce n'est pas ainsi que nous est présenté notre condition(nement), mais sous une forme édulcorée et assortie d'arguments variés. C'est pourtant de là, selon moi, que naissent tant mon goût pour la soumission jouée du BDSM ou celle, imaginaire, de mes fantasmes, que les dispositions grâce auxquelles une soumission bien réelle est obtenue des femmes dans la plupart des circonstances de leur vie.

mardi 22 septembre 2009

Straight pride à Belgrade

Dimanche devait se tenir la deuxième gay pride de Belgrade. Après celle de 2001 qui s'était mal passée, rapport aux supporters de l'autre camp venus faire dédicacer leurs battes de base-ball, ce qui est tout de même étonnant pour des fans de foot. Ces derniers temps, les menaces de mort et autres polissages ostensibles de poings américains se sont multipliés.

Les autorités se sont d'abord engagées à protéger le défilé, puis ont saisi un prétexte minable pour se rétracter : un supporter français tabassé, c'est signe que ça va vraiment barder alors soyons raisonnables. Comme s'il n'était pas transparent que l'électorat homophobe compte plus à leurs yeux que les principes qu'ils affichent. Comme si les homosexuel's n'étaient en danger que lors d'une gay pride, comme si ce n'était pas à elleux de décider des risques qu'illes sont prêt's à prendre pour qu'elle ait lieu.

Au lieu du centre de Belgrade, la gay pride aurait donc dû se tenir dans une zone à l'écart, presque en rase campagne. Pour un symbole de lutte contre la ségrégation, c'est faire mouche. Les organisateur's ont décliné ces conditions et annulé la gay pride. La foule haineuse qui l'avait réclamé à corps et à cris crie victoire : illes ont même pu fêter ça entre "non-déviant's" à l'endroit où devait débuter le défilé. Personne n'est venu leur casser la gueule, et je sais que ce n'est pas comme ça qu'on résout les problèmes mais je me prends à le regretter.

vendredi 18 septembre 2009

Vos autres

La douleur est une sensation. C'est un signal qui nous incite à nous soustraire à sa cause, pour nous protéger. La peur aussi est un signal de danger, et pourtant il y a des gens qui se jettent dans le vide accroché's à quelques morceaux de toile et de métal. Et qui volent. Leur peur est une sensation agréable qu'on appellera par exemple "frisson", terme plus positif. Illes aiment voler, dépasser les limites terrestres des humain's, mais aussi éprouver cette peur intense et maîtrisée. Et heureusement pour ces apprenti's oiseaux, personne n'y trouve à redire.

Marcher pieds nus dans l'herbe, manger épicé procure des sensations que certain's aiment et d'autres pas. Les un's ne traitent pas les autres de malades pour autant. Qui glousserait en imaginant les deltaplaneur's dans leur harnais, gigotant sur leur barre pour se diriger ? Qui confondrait leur vertige exquis avec la peur affreuse du conducteur' qui voit arriver droit sur ellui la voiture d'en face ? Qui réduirait leur pratique à la sensation de peur qu'illes en tirent, qu'elle soit comprise ou non ?

C'est à ces réactions vexantes, à ces amalgames ineptes que nous, adeptes du BDSM, sommes sans cesse confronté's. Le plus souvent sans pouvoir rien objecter : nous sommes vivement incité's à ne pas étaler nos pratiques déviantes au grand jour. Question de pudeur. Et aussi : dire, ou plutôt avouer qu'on aime partager des liens, des coups, dans nos jeux amoureux, c'est se classer parmi celleux qu'on sait si mal compris', qu'on vient d'entendre railler ; c'est s'exposer à toutes sortes de plaisanteries douteuses, voire à des comportements déplacés. Puisqu'on "aime ça".

Alors nous nous taisons, nous vous proposons vite un autre sujet de conversation pour ne pas en entendre plus. Ou bien ça ne passe pas. Après avoir grimacé le sourire attendu, nous sortons fumer une clope et nous annonçons bientôt qu'il est tard, qu'on se lève demain, bref qu'on se casse, merci pour la soirée. Grand ras-le-bol du silence imposé, du mépris, de la honte. Je vous demande de ne plus faire comme si "les sado-masos" étaient forcément "les autres", des gens très loin de vous, très différent's, et que vous pouviez rire d'elleux en toute innocence, sans blesser personne.

mercredi 9 septembre 2009

Coming out

Je suis bisexuel' comme tout le monde, ce n'est pas un mystère. Quand je parle de coming out, c'est au sens de ne pas garder dans l'ombre tout un pan de ma vie, officiellement pour faire preuve d'une réserve de bon aloi, en réalité parce que les pratiques BDSM sont encore plus au placard que l'homosexualité, parce que l'amour vanille accapare la parole pour donner le mauvais rôle à son ennemi juré.

Cette réserve qui est un placard, je la quitte. Exhibitionniste de ma peau, de mon âme, exsangue après cette longue réclusion, je ferai encore pâlir vos mièvres simulacres, maintenant qu'ils ne sont plus défendus par un silence forcé.

dimanche 6 septembre 2009

Des gens merveilleuses

La Ladyfest c'était whaoh ! Inénarrable. Je me suis éclaté' comme un' petit' foulle, j'y ai rencontré et retrouvé des gens chouettes de chouettes qui sont comme moi : différent's, et tou's différent's. Et qui me manquent déjà, en plus d'une qui a brillé par son absence. Bref j'ai la tête pleine de tous ces moments partagés et j'attends avec impatience la prochaine occasion de retrouver les festives ladies.

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