Ceci est le premier épisode de notre grande saga : La contraception expliquée à ceux qui s'en passent très bien.

Le droit à disposer de son corps va de soi. Mais dans le corps d'une femme, il y a autre chose qu'une personne : cet intérêt supérieur qu'est la procréation ne lui appartient pas. La pilule, symbole d'une grande -mais partielle, mais fragile- victoire, le droit à la contraception, la pilule m'est devenue odieuse à force de rendez-vous pris en catastrophe, de frottis systématiques et brutaux, de faveurs exceptionnelles accordées par le pharmacien.

Pour s'assurer de les revoir régulièrement, les gynécologues refusent à leurs patientes d'autres modes de contraception que la pilule, prescrite pour trois mois, renouvelable une fois. Ce chantage simple mais efficace vient à bout des femmes irresponsables qui ne prendraient pas d'elles-mêmes rendez-vous tous les six mois. Au fait, et si votre dentiste vous faisait un coup comme celui-là ? Pour votre propre bien, n'est-ce pas.

Une femme peut espérer se voir autoriser le stérilet, si elle est méritante. Deux enfants, c'est tout ce qu'on lui demande, et elle aura enfin la paix, pour quatre ans. Ah pardon, c'est à cause du risque de stérilité. Elle ne peut pas décider elle-même de le prendre, ce risque, surtout si elle est jeune. Elles se rendent pas compte. "Non, vous ne pouvez pas avoir de stérilet." lui répond le gynécologue, et elle ne peut pas avoir de stérilet.

C'est seulement après deux enfants, ou après avoir réclamé pendant des années, quand elle aura dans la voix un accent désespéré qui dit "Faut-il que j'aille en Suisse pour avoir un stérilet ?", seulement alors, qu'elle pourra avoir une contraception qui ne soit pas une bataille permanente.