L'enragé'

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.. › Dur' à queer

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mardi 1 septembre 2009

Non-mixité

Oui, la non-mixité, c'est sexiste. Le monde entier depuis la nuit des temps comme espace sexiste subi par les femmes, quelques mètres carrés pendant quelques jours comme espace sexiste aussi mais où les femmes peuvent tout simplement exister. Il ne s'agit pas de compter les points, juste de ne pas se tromper de cible quand on critique.

Des lieux et des moments antisexistes, vous dites qu'il y a en a trop peu ? Mais faites ! Si vous voulez plus de débats entre personnes de tous sexes, il vous suffit de refuser la prochaine lâcheté, de ne pas vous taire opportunément et crac, vous aurez une discussion antisexiste.

Et moi je vais à la Ladyfest. Rencontrer des gens (oui des femmes, mais dites plutôt, rien qu'une fois : des gens) qui se posent les mêmes questions que moi et qui rient aux mêmes blagues. M'aérer un peu parce que dans la zone de sexisme non questionné qu'est le reste du monde, on étouffe. Me reposer un peu parce que des discussions antisexistes, j'en ai plein en mixité et c'est fatigant à force.

Je vais à la Ladyfest, voir non pas le monde tel qu'il devrait être, mais des femmes telles qu'elles peuvent enfin être. Et si des hommes sont frustrés de ne pas nous voir ainsi, ils peuvent filer un coup de main : pouvoir être nous-mêmes tout le temps, on se bat tous les jours pour ça.

vendredi 28 août 2009

Méfiez-vous des imitations

Par définition, lus-je trop jeune pour qu'aucune défiance envers les idées de Krafft-Ebing et consorts ne m'en prémunisse, par définition : le pervers n'aime pas. Et le pervers, c'était moi. Je devrais d'abord me défendre sur ce point, je ne le ferai pas. Peu m'importe le qualificatif, beaucoup m'importent les conclusions qu'on en tire, et surtout cette condamnation sans appel qui fut, à quinze ans, ma confirmation de paria.

On devrait retirer des bibliothèques municipales tous les ouvrages d'une psychiatrie périmée qui a déjà tant torturé au nom de la normalité, et continue à nuire jusque dans la perception que nous autres, sombres naufragé's, avons de nous-mêmes. Le premier livre que j'ai trouvé quand je cherchais à me connaître n'aurait pas dû être celui-ci, dont j'ai tout oublié sauf cette terrible phrase : le pervers n'aime pas. Même après avoir compris l'intérêt qu'une société peut avoir à asséner une telle horreur, et vu combien elle était fallacieuse, cette idée m'a poursuivi'.

J'aime ? Ou je crois aimer ? L'ai-je lu, l'ai-je déduit de cette prose putride, ce corollaire, évident : tout ce qu'on pourrait prendre pour de l'amour chez ledit pervers, qu'il pourrait lui-même prendre pour de l'amour, n'en est qu'une sordide imitation, comme le sont chez le chimpanzé ce qu'on prend pour des marques d'intelligence. Contrairement à la science, dont les affirmations portent leur propre réfutation potentielle, un tel propos ne peut être contredit. Pas plus ne peut-il être effacé.

Alors ? Peut-être que l'amour est une fiction bien réelle, que ne vivent pour de vrai que ceux qui croient la vivre. Peut-être qu'aimer, c'est d'abord s'en croire capable, nommer amour ce qu'on éprouve et relever en soi les doux souhaits qui en conforteront l'image plutôt que de se représenter ses mains soudain griffues d'un désir égocentrique, se tendant sans égard vers l'objet, ah, l'objet... bref. Peut-être qu'il suffit de le leur dire pour que ce soit vrai, et qu'après tout, puisqu'on le leur dit, les pervers n'aiment pas.

mercredi 15 juillet 2009

Toutes des salopes... sauf les putains

Si vous m'avez suivi', toutes les femmes sont des salopes, tandis qu'elles ne sont évidemment pas toujours des putains. Être une putain signifie qu'on pratique le sexe contre de l'argent, librement s'entend (les victimes de la prostitution forcée sont des esclaves et ne gagnent pas leur vie) aussi librement qu'on choisit n'importe quel métier, c'est à dire le plus souvent pour obtenir l'argent dont on a besoin.

Peut-on opposer la salope et la putain ? Les lesbiennes, dit Monique Wittig, ne sont pas des femmes. Et si les putains n'en étaient pas non plus ? La salope est pénétrée, c'est ce qui la caractérise. Ou plutôt, la nuance est de taille, pénétrable. Légitimement, par n'importe qui (n'importe quel humain normal, un homme quoi) à quelques détails protocolaires près. Et la putain ? Pénétrable aussi, mais il faut payer. Pénétrable aussi, mais pas "alorsheureusable". (Il faudrait approfondir l'alorsheureusabilité, ce serait peut être intéressant et à coup sûr amusant)

Il faut s'entendre sur ce que signifie ce pénétrable. Si c'est pénétrable tout court, sans qu'importent les conditions, alors la putain est une salope comme les autres. Mais je ne crois pas. On se donne tellement de mal avec ces quelques détails protocolaires, drague, voyage de noce, fidélité conjugale et j'en passe, ce ne doit pas être pour rien. Pénétrable, c'est possédable. Pour un soir ou "jusqu'à ce que la mort vous sépare", c'est pouvoir se dire "cette femme est mienne". Or l'amante se donne, ou la salope se prend, mais la putain se loue. Ne loue, même, que ses services. Dit-on "ma" putain ?

J'en suis là, bientôt (j'espère) la suite !

samedi 11 juillet 2009

Enculée !

Depuis le temps que je cherche à cerner le sens de ce mot : salope, j'ai fini par comprendre, sinon toutes les subtilités de la question, du moins de quoi récompenser mon acharnement.
Salope est très exactement le féminin d'enculé et signifie purement et simplement au destinataire de l'invective son infériorité de statut, par-delà des circonstances éventuellement contraires.

L'usage de salope et d'enculé est indépendant de toute réalité littérale.
J'en veux pour preuve la multiplicité contradictoire des contextes où ils sont employés : une salope serait celle qui couche, mais aussi celle qui refuse les avances, et plus généralement celle qui frustre le locuteur ou qui a le dessus sur lui. Un enculé le serait au sens littéral, mais aussi pour avoir mis le locuteur en échec, pour l'avoir baisé.
Cette image extrêmement phallocentrée va nous en dire plus. Baiser quelqu'un est unilatéral : le pénétré est le perdant, le faible, l'inférieur. Voilà qui met en lumière le véritable contenu, sexuel mais en tant que catégorie basée sur le sexe, de ce(s) mot(s) : enculé.e.

Les gens sont donc divisés en deux catégories, les pénétrés (Il serait plus exact de dire pénétrables mais de là à affirmer que les hommes hétérosexuels, théoriquement pénétrables, ne sont pas si différents, le pas serait trop aisé à franchir. Souligner la nuance comporte le risque de s'entendre répondre qu'elle n'est que provisoire... ou de se le voir prouver.) et les pénétrants, censés être supérieurs et le rappelant, notamment lorsqu'ils sont frustrés par le comportement d'un pénétré (par extension et/ou identification, enculé.e sera aussi utilisé envers les pénétrants et/ou par les pénétrés).
La catégorie pénétré regroupe les pédés (c'est à dire les homosexuels non exclusivement actifs), qui sont les enculés, et les femmes, qui sont les salopes. Mais si, bien sûr qu'elles le sont.

Femme et salope ne sont pas synonymes, mais "les femmes" et "les salopes" désignent les mêmes personnes. Jouons à un jeu qui va vous paraître idiot : écrivez votre nom. Merci, faites voir... S'il commence par une voyelle, vous êtes un meilleur, et sinon un minable. Dans ce jeu, "les gens dont le nom commence par une consonne" sont immanquablement "les minables". Vous vous révoltez, vous n'avez pas choisi les règles du jeu et ne tenez pas au qualificatif ? Eh...
Celles qu'un autre jeu idiot a caractérisées comme pénétrées peuvent alors être qualifiées d'enculés ou de salopes. Enculé est masculin, donc ce sont des salopes. Puisqu'on vous le dit : toutes des salopes.

dimanche 14 juin 2009

Politiquement correct

Et voilà, rien qu'au titre vous vous attendez à ce que je me lâche et écrive des choses vraies que personne n'ose dire. Très bien. Allons-y, n'ayons pas peur des mots : je soutiens le politiquement correct.
Choqué.e.s ?

Je vous rassure tout de suite, vous allez avoir droit à une explication. Ce n'est pas une chose qu'on peut encore dire comme ça, sans exposer ses motifs. On n'est plus dans les années 80 maintenant, et je m'en voudrais d'opprimer les décomplexé.e.s par mon intolérance sans leur fournir au moins quelque argument à tourner en dérision.

Voici une petite histoire, une histoire vraie authentiquement vécue par mézigue comme il se doit. Durant la période noire que fut mon emploi à la librairie Siloë, je tenais le coup à l'aide de l'équivalent non chimique d'un traitement anti-dépresseur : les jeux en réseau. J'avais notamment une partie sur Ogame et j'étais membre d'une alliance, à savoir un groupe de joueurs qui nouent des liens généralement très superficiels sur un forum.

Dans le monde des jeux en réseau, certains thèmes attirent tout autant les filles que les garçons, d'autres non ; Ogame est un univers nettement masculin et j'étais la seule fille de mon alliance. Cela ne posait aucun problème jusqu'à ce que l'arrivée d'une autre fille amène ce commentaire : "Hé les gars, maintenant on a deux filles dans l'alliance, attention bientôt elles vont nous faire fermer le bar." (le bar était la section du forum destinée à l'abus d'émoticônes sur le thème de la boisson)

N'appréciant pas d'être rangée ainsi dans la catégorie "filles" et opposée aux garçons (donc à l'alliance toute entière), trouvant stupide de supposer que je voudrais faire fermer le bar dont j'étais l'un des piliers simplement parce que j'étais une fille, je protestai. La réponse fut bien pire. C'est alors que j'essayai de transposer ce que signifiaient pour moi ces préjugés dans un registre où leur poids apparaîtrait plus clairement. Cela donna : "Hé les gars, maintenant on a deux arabes dans notre immeuble, attention bientôt ils vont nous faucher nos vélos."

Je n'ai pas convaincu le type en question, mais cette phrase a été une découverte pour moi. Ainsi, un cliché grossier et insultant pouvait passer comme une lettre à la poste s'il était sexiste (j'avais failli ne pas relever) et révéler des abîmes de haine et de mépris s'il était raciste. Loin de moi l'idée de minimiser la gravité du racisme alors qu'il est, comme le sexisme, plus meurtrier que jamais. Mais la phrase raciste avait incontestablement moins de chances de passer inaperçue que la phrase sexiste, la première suscitant immédiatement chez moi une réaction "touche pas à mon pote".

Cette différence correspond en effet à des années de lutte contre les idées racistes, à travers la chasse aux petites phrases qui font tant de mal : le fameux "politiquement correct". Depuis cette découverte, je tente de le faire exister au sujet du sexisme et, face à l'absence de complexes très émulée de notre karscher national, de le faire survivre au sujet du racisme.

Après, il faut bien reconnaître qu'il n'y a rien de plus barbant que le politiquement correct. Aussi barbant que la Princesse de Clèves, sans doute.

dimanche 17 mai 2009

Mise en boîte de la mise en cases

Certain.e.s disent Adrien, quelques-un.e.s choisissent de ne pas choisir, m'appellent Adrien-ou-Adrienne. Beaucoup s'en tiennent sagement, obstinément, à Adrienne. Le choc est rude dans leurs yeux quand je dis mon comment-tu-t'appelles : Adrien. Un temps, brûlant, suspendu. Qu'est-ce qu'elle raconte ? ... ou Adrienne, c'est comme on veut, j'ajoute alors et les voilà soulagés. C'était juste une blague, un caprice. Une femme ne peut pas vraiment s'appeler Adrien. L'ordre du monde a eu chaud. Pour eux, pour elles mais surtout pour eux, ce sera Adrienne, Adrienne-la-bizarre qui prétend porter un prénom d'homme. Mais non, que j'aimerais leur dire -j'essaie parfois- ce n'est pas un prénom d'homme que je veux, ni un des prénoms de femme les plus extravagants qui soient, Adrienne mon rockyname. Je veux un prénom de gens. Qu'on m'appelle juste par mon prénom, Toi-qui-t'appelles-ainsi et non Toi-femme-qui-t'appelles-ainsi, et pas non plus Toi-homme-qui-t'appelles-ainsi. Incompréhensible. C'est bien d'une femme.
Avec les vêtements, même cirque mais en moins tranché. Des femmes qui ne s'habillent pas "en femme" il y en a. On n'aurait même pas remarqué cette bizarrerie chez moi si mon prénom ne cherchait pas lui aussi à échapper à la dichotomie. Travestie, alors ? Certains le croient, se raccrochent à leur dernière chance de me classer : travestie, donc pas étonnant, anormale de façon normale. Mais regardez mieux ! Je ne suis pas déguisée en homme. Mon menton leur jette à la tête son absence de faux poils de barbe, ma voix s'obstine dans les aigus. Personne ne peut prétendre que je cherche à tromper sur la marchandise. Homo alors ? Homasse, une butch qui ferait rouler ses biceps en un viril affrontement avec ses rivaux, les hommes ? Mais regardez-moi ! L'hypothèse n'a été soulevée qu'hors de ma présence, elle ne tient pas la route face à ma légèreté, mon aplomb de plume.
C'est quoi cette fille-garçon-mais-pas-garçon ? Le contraire de la dichotomie, ne vous déplaise. Juste quelqu'un, pas plus volumineux que n'importe qui mais pas rangeable, encombrante comme cette question qui court toujours, poursuivant ses ravages dans l'ordre du monde.

samedi 2 mai 2009

Travestie, moi ?

La question revient souvent. Je ne cherche pourtant pas à avoir une apparence masculine, seulement à ne pas avoir une apparence féminine. La croyance en une dualité naturelle des genres est telle que cela revient au même dans l'esprit de bien des gens.
De nombreuses femmes ne sont pas plus "féminines" que moi mais s'attirent moins de remarques. (Si j'accepte l'existence d'une notion d' "apparence féminine" univoque ici et maintenant, ce même qualificatif nécessite tout de même des guillemets quand il s'applique à une personne. Que serait "être féminine" sinon avoir une apparence -attitude comprise- "féminine" ?)
J'estime que cela tient pour une part au degré d'acceptation de propos sexistes, hétéro- ou phallocentrés ; je ne les tolère presque plus jamais, quitte à me faire qualifier de "féministe" (je n'aime pas ce mot, qui recouvre autant de sexisme que d'antisexisme). Mais ces remarques tiennent plus encore à l'usage questionné que je fais de mon prénom féminin.
Est-ce à dire que me renommer comme je le fais : "Adrien' " ou "Adrien ou Adrienne", est un acte de travestissement ? Cette réaction peut s'interpréter trivialement comme un amalgame entre des notions très liées dans les représentations sociales. Mais aussi, comme l'aveu -par les forces mêmes qui répriment les dépassements de genre- de la nature de vêtement social du nom, et du nom en tant que marqueur du genre.
Non, je ne suis pas travestie, je souhaite simplement être moi-même avant d'être "une gonzesse" dans le regard d'autrui. Rejeter cet habit de bagnarde est encore souvent perçu comme la volonté d'être un homme. Le droit d'exister en tant qu'individu est pourtant une aspiration légitime de tout être humain. Qu'on le refuse aux femmes ne me fait pas regretter d'en être une, mais le réclamer pour toutes.

dimanche 29 mars 2009

Hors des cases

Plusieurs costumes : étudiante la journée, j'ôte dans le bus du matin mon costume de super maman pour le remettre le soir. Arriver en cours pour 8h, en amenant mon fils à la gare à moins cinq, c'était mes débuts dans l'ubiquité. Un vélo, ma cape... (note pour ceux qui veulent tenter le coup : prévoir un vélo avec des freins).

Plusieurs casquettes, souvent : étudiante et salariée, j'ai fait ma rentrée pendant mes vacances puis manqué un mois pour finir mon BP. Les profs sont humains, vous savez. C'est aussi pour ça que le gouvernement les hait. Étudiante et prof dans la même promo, mon meilleur gag : des enseignements transversaux m'avaient été confiés ; j'ai repris mes études la même année. Une sorte de casquette de Moëbius.

Plusieurs chances aussi : étudiante et maman, étudiante en maths avec un bac littéraire, je sais mieux que personne pourquoi je suis là. Pour me faire cet immense cadeau : pouvoir apprendre, sans me laisser arrêter par les détails matériels ou les lacunes, sans chercher à rentabiliser ce temps, apprendre simplement parce que c'est ce que je veux vraiment.

Tout ça, juste pour dire que je ne pourrai jamais cocher une seule case. Le monolithe qu'est une personne regardée à travers une grille. C'est absurde. Arrêtez.

samedi 28 mars 2009

Biblio

Un parcours de découverte des problématiques du genre et du sexisme.

Essais
Le deuxième sexe - T1 Les faits et les mythes - T2 L'expérience vécue - Simone de Beauvoir - 1949 - Folio essais - ISBN 9782070323517 et 9782070323524
L'ouvrage qui a permis de formuler le concept de genre. Bon d'accord, mille pages, mais dans un style très fluide. Lisez au moins le premier tome.

Troubles dans le genre - Le féminisme et la subversion de l'identité (Gender trouble) - Judith Butler - 1990 (2005 pour la traduction française) - La Découverte / Poche - ISBN 9782707150189
Une clef indispensable pour aborder le questionnement contemporain sur le genre.

Les mots et les femmes - Essai d'approche sociolinguistique de la condition féminine - Marina Yaguello - 1978 - Petite bibliothèque Payot - ISBN 9782228895743
Malheureusement toujours d'actualité, ce livre est d'une grande utilité pratique dans le décodage du sexisme incrusté dans la langue.

L'un et l'autre sexe (Male and female) - Margaret Mead - 1948 (1966 pour la traduction française) - Folio essais - ISBN 9782070324668
Étude d'ethnologie sur le genre (avant la lettre), établissant sa relativité culturelle.

La domination masculine - Pierre Bourdieu - 1998 - Points essais - ISBN 9782020557719
Un livre presque abordable de Bourdieu, qui propose de découvrir les structures et les mécanismes de la domination masculine à travers la grille de lecture originale du célèbre sociologue.

Article
La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation - Corinne Monnet - 1998 - sur Infokiosques.net

Document
Mariages et homosexualités dans le monde - L'arrangement des normes familiales - dir. Descoutures V. & Digoix M. & Fassin É. & Rault W. - 2008 - Autrement Mutations / Sexe en tous genres - ISBN 9782746710771
Un tour d'horizon des lois, pratiques et enjeux autour du mariage homosexuel en Europe, Amérique du nord et Afrique du Sud, mis en perspective avec la parentalité.

Romans
Un bras dedans, un bras dehors - Emmanuelle Peslerbe - 2007 - Éditions du Rouergue - ISBN 9782841567997
Dénaturalisé, le genre peut très vite perdre sa consistance. Un court roman semi-épistolaire qui saisit dans leurs moindres détails les failles de l'identité.

Les mouflettes d'Atropos - Chloé Delaume - 2000 - Folio - ISBN 9782070426171
Créativité verbale débridée pour une vengeance d'une cruauté réjouissante.

Les stances à Sophie - Christiane Rochefort - 1963- Livre de poche (disponibilité non vérifiée)
Une femme aux prises avec la normativité du couple bourgeois des années 60.

Romans jeunesse
J'ai décidé de m'appeler Dominique - Brigitte Smadja - 1991 - L'école des loisirs - ISBN 9782211037135
Émilie décide de changer de prénom. Difficile de faire respecter son choix !

Menu fille ou menu garçon ? - Thierry Lenain & Catherine Proteaux - 1996 - Nathan - ISBN 9782092508978
C'est gênant quand papa se fâche à la caisse du Hit-Burger : "Vous avez mis une fusée parce que vous pensiez que ma fille était un garçon ! Et moi je veux que vous lui donniez une fusée parce que ma fille est une fille qui préfère les fusées !" Une histoire simple pour aborder des notions subtiles.

Théâtre
Les monologues du vagin (The Vagina Monologues) - Eve Ensler - 1996 (1999 pour la traduction française), actuellement indisponible - Denoël - ISBN 978-2207257555
Un texte écrit d'après de nombreux entretiens avec des femmes pour faire exister cette partie du corps jusqu'alors presque systématiquement impensée.

Guide
Non c'est non ! Petit manuel d'autodéfense à l'usage des femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire - Irène Zeilinger - 2008 - La Découverte - ISBN 2355220026 - Également disponible sur infokiosques.net.
L'animation de stages d'auto-défense pour femmes a amené la sociologue Irène Zeilinger à formuler les principes qui permettront à chacune d'obtenir le respect de soi, à commencer par la simple conscience d'y avoir droit.

dimanche 22 mars 2009

Et si on arrêtait vraiment de parler homophobe ?

Enculé !
Pourquoi devrait-il être insultant de supposer que quelqu'un pratique passivement la sodomie ? Si c'est salaud que vous voulez dire, eh bien dites-le : Salaud !
Pédé, tapette, et j'en passe, sont employés parce que considérés comme plus insultants, et sont pourtant plus faciles à dire que les qualificatifs qui seraient vraiment adaptés. Traitez quelqu'un de lâche, par exemple, et vous verrez si cela l'affecte moins. De lâche, de traître, de salaud, d'abruti,... soyez précis, le vocabulaire ne manque pas.
Vous pouvez aussi retourner le problème, en décidant d'utiliser d'autres mots comme insultes : pauv' Sarko, espèce d'UMP, sale trader, retourne dans ton paradis fiscal !

mardi 10 mars 2009

Évolution

Mon lexique évolue avec mes lectures et ma réflexion, je vous propose de retourner y jeter un coup d'œil, en attendant une biblio que je ne suis toujours pas en mesure de vous promettre pour bientôt.

jeudi 5 mars 2009

Salope !

Les femmes sont des salopes, et il serait temps que ça change.

C'est une question de définition, n'est-ce pas. Je considère que tant qu'il y aura quelqu'un pour traiter une femme de salope, toutes les femmes seront des salopes : potentiellement, à ses yeux. Il n'est peut-être pas inutile de préciser les sens habituels du mot :

Comme féminin de salaud, le mot s'utilise dans une situation où la personne désignée possède un avantage sur un locuteur ami, beaucoup plus rarement à propos d'un comportement jugé immoral. (C'est l'inverse pour le masculin.)

Sans point d'exclamation, il prétend dénoncer un intérêt pour le sexe considéré comme voyant et exagéré, et signifie, éventuellement à l'intéressée, qu'on n'accepte pas qu'elle ait l'air de disposer de son corps sans tutelle masculine.

Avec un point d'exclamation : rappel à l'ordre et volonté de blesser une femme qui passe outre son statut supposé d'inférieure et frustre le locuteur de ses prérogatives supposées, notamment en refusant ses avances. Salope ! signifie : N'oublies pas que tu n'es qu'une femme, je saurai te remettre à ta place.

Ces définitions ne sont pas celles qu'on trouve dans le commerce. Je les ai formulées après avoir coupé mes cheveux très court et décidé de porter exclusivement des vêtements mixtes, quand j'ai constaté que cette insulte m'était adressée nettement plus souvent qu'avant.

lundi 26 janvier 2009

Rêve de princesse, vie de cauchemar

Savez-vous pourquoi les femmes se maquillent et se parfument ? Parce qu'elles sont moches et qu'elles puent. Pourquoi cette blague me fait-elle rire ? Parce qu'effectivement, se maquiller et se parfumer n'a pas tellement de sens.
Sauf à supposer que c'est naturel pour les femmes. Et en effet, il existe un atavisme : la guenon en chaleur a la vulve qui gonfle et rougit pour attirer les mâles. Mais nous ne sommes pas des singes. Nous avons rompu avec bien des comportements animaux, et celui-là ne me semble pas avoir plus de raison qu'un autre d'être maintenu.
Chausser les lunettes du genre permet d'expliquer ces comportements, non par la nature mais en voyant que les femmes, par leur éducation, par la façon dont se construit leur personnalité, sont poussées (pour ne pas dire contraintes) à ces absurdes obscénités cosmétiques. Avec pour conséquence de faire d'elles des sortes de poupées, de simples jouets. Mais pourquoi est-ce qu'elles acceptent ça ?!

Il faut souffrir pour être belle, me disait ma cousine un jour de mon enfance, en me tirant sur les cheveux avec application. Si c'est comme ça, je ne tiens pas à être belle, pensai-je, et je trouve toujours cette phrase aussi stupide. Ce que j'ai appris depuis, c'est combien elle était dangereuse. Combien "se faire belle" était attendu des femmes par la société toute entière : C'est une question de politesse. Je ne pourrais pas sortir dans la rue sans être maquillée. Comme elle est mignonne cette petite avec sa belle robe, on dirait une princesse ! (Souvent à la troisième personne, ce genre de compliment : être une chose, ça s'apprend.)
En grandissant, j'ai vu ces rengaines qui n'avaient pas prise sur moi se changer en Tu pourrais faire un effort. On m'offre du parfum, des bijoux. Je pourrais faire un effort, évidemment. M'apprêter pour plaire au sexe laid... heu non, ça ne doit pas être comme ça qu'on dit. Mais au fait, est-ce que je veux plaire, et qui a dit que je ne plaisais pas ?
Dites plutôt que je déplais : je refuse d'être un objet, et ça froisse, d'abord toutes celles qui jouent le jeu, elles souffrent pour être belles alors merde, je pourrais au moins respecter ça. Et puis tous ceux qui tiennent à ce que les femmes jouent le jeu. Beaucoup de monde. Faut être gonflée pour ne pas s'y plier. Mais t'as raison, Jacquot : vaut mieux être gonflée que gonflable.

vendredi 2 janvier 2009

Petit lexique pour penser l'hétérosexisme

Voici quelques termes que j'ai éprouvé le besoin de définir pour moi et sur lesquels je vous propose de réfléchir, et d'autres qui sont trop peu connus et que je vous propose de découvrir :

  • Bi-, Homo-, Hétéro-, sexuel' : catégories officielles de l'orientation sexuelle. Le choix de distinguer non entre attirance pour les femmes ou pour les hommes, mais entre attirance pour les personnes de même sexe ou de sexe "opposé" est cohérent avec l'hétérosexisme, puisqu'il crée une catégorie pour l'orientation sexuelle privilégiée.
  • Constructionisme : perception du genre comme construction sociale (on encourage les filles à plaire, à se soucier d'autrui, etc, et les garçons à s'affirmer, à produire la meilleure performance, etc), illustrée par la célèbre phrase de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. »
  • Essentialisme : naturalisation du genre (par nature, les femmes cherchent à plaire, les hommes à s'affirmer). Des recherches sont en cours pour localiser le gène de la vaisselle afin d'étayer ce point de vue aussi moderne que son plus ardent défenseur, l'Église.
  • Féminisme : prise de position en faveur des femmes en tant que groupe social opprimé. S'oppose le plus souvent au sexisme, mais peut aussi y participer.
  • French feminism : terme d'origine étasunienne désignant un féminisme essentialiste qui glorifie les attributs du genre féminin (douceur, passivité,...).
  • FtM : transsexuel né de sexe féminin.
  • Galanterie : comportement serviable envers les femmes, supposant de leur part l'absence d'autonomie (financière, motrice). Support du machisme.
  • Genre : ensemble de comportements, de goûts, d'aptitudes, etc, couramment associés au sexe d'une personne, attendus et suscités chez elle par la société. On parle parfois de sexe social.
  • De genre fluide : personne qui ne performe de manière continue ni le genre couramment associé à son sexe, ni celui associé au sexe "opposé".
  • Hétérosexisme : représentations hégémoniques ne laissant place qu'à une orientation sexuelle, l'hétérosexualité, et qu'à un type de performance de genre, celle associée au sexe de la personne. Englobant essentialisme, sexisme et homophobie, l'hétérosexisme est courant même chez les personnes se décrivant comme non sexistes et non homophobes.
  • Homophobie : attitude, pensée s'opposant aux droits des personnes homosexuelles. En particulier : violences interpersonnelles physiques ou verbales, violences institutionnelles législatives ou symboliques exercées contre les homosexuel's.
  • LGBT : Lesbiennes, Gays, Bisexuel's, Transsexuel's et -souvent- Transgenres.
  • Machisme : attitude, pensée sexiste qui hiérarchise les sexes et leur associe des rôles spécifiques, soutenue par un ensemble d'attitudes "agréables" envers les femmes. (galanterie)
  • Misandrie : aversion, mépris pour les hommes. Vise parfois le genre masculin mais non les hommes s'éloignant des stéréotypes de genre.
  • Misogynie : aversion, mépris pour les femmes. Vise parfois le genre féminin mais non les femmes s'éloignant des stéréotypes de genre.
  • MtF : transsexuelle née de sexe masculin.
  • Monosexuel' : pourrait désigner ensemble les homosexuel's et les hétérosexuel's en tant qu'illes excluent a priori la moitié de l'humanité du champ de leurs partenaires sexuel's potentiel's (Freud qualifie l'hétérosexualité et l'homosexualité de restrictions de choix d'objet). Une pareille remise en question de l'hégémonie de l'hétérosexualité n'étant pas à l'ordre du jour, l'usage de ce terme n'est pas recensé actuellement et on le suppose extrêmement confidentiel.
  • Orientation sexuelle : le fait d'être homosexuel', hétérosexuel' ou bisexuel'.
  • Phallocratie :

1. Principe de domination masculine basé sur la symbolique du sexe masculin, proposé comme phallus universel.

2. Aspect sexuel de la domination masculine. Ce qui contribue dans la société à favoriser l'exploitation sexuelle des femmes par les hommes, notamment l'exclusivité du coït comme pratique sexuelle allant de soi.

  • Sexisme :

1. Préjugés sur la moitié de l'humanité, perçue comme un groupe homogène voire comme une entité unique (la Femme). Le sexisme est sans cesse réaffirmé par des phrases comme "Tous/toutes les mêmes."

2. Regard porté sur une personne, l'identifiant à son sexe puis lui appliquant les préjugés en vigueur. Ceux-ci se substituent au besoin de connaître l'autre, à tout questionnement sur lui et ainsi à sa reconnaissance comme individu.

3. L'ensemble des avantages conférés aux hommes sur les femmes à partir de ces préjugés.

  • Transgenre : personne qui performe le genre couramment associé au sexe "opposé" ou (improprement) personne de genre fluide.
  • Transsexuel' : personne qui a changé ou est en train de changer de sexe.
maj le 12 septembre 2010

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