L'enragé'

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. › Au fil des jours

Fil des billets

vendredi 9 octobre 2009

Référentiel

Peu visible, presque jamais questionné, le référentiel moral qui s'insinue dans un discours n'en est que plus efficace. Non, ce ne sont pas "juste des expressions". Porter un jugement de valeur en s'appuyant sur une notion ou une catégorie, c'est assimiler celle-ci à celui-là : "de gonzesse", "de gayzou", "en juif", "polio", c'est mal, c'est nul, c'est à éviter. Avoir "de la classe" ou "des couilles" est un modèle de mérite.

Bâtard ! En voilà une insulte. Contre celui-là j'ai un argument en béton : mon fils est un bâtard, ça n'a rien d'infamant si vous permettez. Les gens sont tous penauds et s'excusent ; si seulement ils retiraient aussi facilement leurs insultes sexistes et homophobes.

Encore plus discrets et non moins ravageurs : c'est pas normal, c'est pas du boulot, c'est pas clean. Comme si normalité, travail, propreté, j'en rate et des meilleures, étaient des références pour dire ce qui est bien, l'absolu du bien. J'ai pourtant à ma disposition : c'est inacceptable, c'est de la négligence, c'est malsain, sournois,...

Quant à "la chatte", "la motte", moi qui n'en ai pas de, mais une, autant dire que je n'en ai pas. Une femme à baiser, ça tombe tout cuit dans un lit au hasard et c'est évidemment le vœu le plus cher de tout un chacun. Je ne persisterai pas dans le coïtocentrisme hétéro, mais fallait voir la tête des mecs quand je me suis prévalu' d'avoir "du paquet" ou "du nœud".

lundi 5 octobre 2009

Papiers

Je les sème au fur et à mesure qu'ils arrivent. Ils volètent dans ma tête, "dans un délai de quinze jours" "avant le 4 octobre" et les autres. Les délais approchent, les délais sont dépassés, ils clignotent rouge dans ma tête. Alors il faut bien. Je les rattrape. Je les récolte. Un tas, entrecoupé de dessins, de numéros de téléphone. Trier. Répondre, faire un chèque, mettre sous pli. Montant de vos sous de 2007, j'en sais rien.

Fouiller la boîte à papiers importants. Mettre les mains dans des liasses de mauvais souvenirs. Ne pas frôler la pochette "Siloë". Tenter d'ignorer sa venimeuse présence. Dénicher, dérisoire triomphe, le papier qu'on voulait. Personne pour applaudir. Indiquer le montant. Cocher la case. Endurer les voix criardes qui jacassent "au stylo noir et en majuscules d'imprimerie", "ne pas indiquer les centimes".

Dater, signer, mettre sous pli, racheter des timbres. Ne pas devenir timbré'. Garder pour la fin le courrier d'excuse, "Madame Monsieur vous me voyez désolé' de ce retard incompréhensible, les jours ont filé comme le vent et mon paiement qui n'arrivait pas, mais tout est fini maintenant rassurez-vous, je suis là je m'occupe de tout va rentrer dans l'ordre veuillezagréer signer fermer timbrer. Ouf.

S'affaler dans un fauteuil, souffler, fumer, pleurer un peu. Ne pas penser fahrenheit 451 ne pas serrer son briquet dans sa main ne pas jeter un regard mauvais à la boîte à papiers importants, ne pas se demander combien de temps combien de secrétaires de la CAF, de la sécu ou des impôts pour maîtriser le forcené' et éteindre un début d'incendie. Peut-être que les autres usagers, les gens quoi, me fileraient un coup de main pour tout brûler.

lundi 28 septembre 2009

Cocktail : le Double-cursus

Prenez un grand verre bien solide. Sur trente minutes de marche à pied, versez trois bonnes heures d'équadiffs. Ne touillez surtout pas. Laissez poireauter trois quarts d'heure dans la file du RU puis jetez rapidement un repas dans le tout. Ajoutez sans tarder un changement de salle, pulvérisez un siphon de corrigés en surpression, saupoudrez avec une pause sans clope puis faites couler quelques propos perfides bien brûlants. Quand le mélange est presque à ébullition, sortez-le du TD et faites-le sauter dans le bus. Glissez-le discrètement dans un cours entamé et imprégnez-le avec une biblio sur le don. À ce stade le mélange écume et se porte volontaire pour un exposé. Laissez reposer une demi-heure sans ajouter de café. Terminez votre préparation par une lecture calme et copieuse ; surveillez bien le refroidissement pour éviter projections et débordements. C'est prêt ! Ramenez votre cocktail à la maison, buvez, allez vous coucher.

jeudi 24 septembre 2009

Deuxième rentrée

Mon emploi du temps était bien rempli, bien ficelé jusqu'à cette semaine ; maintenant que j'ai mes horaires de socio à y ajouter, il m'évoque un vieux puzzle aux épaisses pièces en bois toutes gondolées d'humidité, qu'il faut emboîter à coups de marteau. Le marteau s'appelle courir-bûcher dans le bus-courir-arriver en retard quand même-emprunter des cours-recopier-bûcher tard dans la nuit. Je sais, pas comme je fais là.

Bon mais l'ubiquité, je connais. Plus qu'à trouver une transversale d'histoire après 18h, un jour où je suis libre après 18h.

dimanche 20 septembre 2009

Copyleft

Ce blog est enfin officiellement copyleft. Tous les billets passés et à venir en sont librement reproductibles à condition de rester sous la même licence : mentionner l'auteur, ne pas modifier ou commercialiser le contenu sans autorisation. C'est ainsi que je l'entendais depuis le début, mais puisqu'à ma grande fierté on m'a demandé l'autorisation de diffuser certain texte, la voici.

dimanche 13 septembre 2009

Libraire pour la vie

L'an dernier je n'aurais pas parié que ma vocation tiendrait ; toujours plus difficile d'être enthousiaste sous cachetons au fond de son lit que sur le pont par beau ou même gros temps. Ce weekend, j'ai retouché aux piles de bouquins pour la première fois depuis [ce n'était pas un accident]. Cette fois j'en suis sûr', j'ai ce boulot dans la peau.

Dans les doigts aussi : j'ai pu constater que je bossais bien, occasion qui ne m'a pas vraiment été donnée quand j'étais apprenti', car je n'avais qu'une vision fragmentaire du métier, ni ensuite, quand j'avais un secteur en responsabilité mais un patron qui me mettait des bâtons dans les roues en douce dès que j'enfreignais ses exigences implicites ou que je tentais de les rendre explicites.

J'aime mon métier. Ce métier dur physiquement avec de la manut' et des journées interminables, ce métier dur psychiquement qui demande une cogitation permanente et parfois une bonne dose de sang-froid, ce métier mal payé et peu reconnu que beaucoup de gens croient pouvoir exercer du jour au lendemain (ça consisterait à bouquiner derrière un comptoir) je ne l'échangerais pour aucun autre.

vendredi 11 septembre 2009

La rentrée des mots

Pour la rentrée, j'ai cueilli une brassée de mots. Les maths, c'est d'abord pour leurs mots que je les ai aimées. Voyez comme ils sont beaux :

  • faiblement multiplicative
  • isomorphisme chinois
  • un irréductible
  • des idéaux
  • topologie grossière, discrète, métrisable
  • la famille des ouverts
  • stabilité par réunion quelconque
  • un portrait de phase
  • on rajoute le temps à l'espace des phases
  • les isoclines seront des hyperplans
  • un champ de vecteurs

J'ai même fait une promenade dans ledit champ. C'est comme une pâture où chaque brin d'herbe montre une direction avec son petit bras en disant : Par là ! Toutes ces petites voix flûtées qu'on entend à peine, c'est ravissant.

Je voudrais aussi vous parler des ouverts ; plusieurs de mes meilleurs souvenirs concernent ces bidules-là. Je me souviens de Jacky, l'enthousiasme barbouillé de craie, annonçant gaiement : Soit un ouvert. Je voyais ça comme une sorte de fenêtre ouverte qui s'ouvrait à chaque fois tout en restant ouverte. Ensuite, Jean-Nicolas m'avait expliqué que c'était un endroit pour faire des bulles : on pouvait toujours faire de nouvelles petites bulles près du bord, sans jamais le toucher même quand on croyait qu'il n'y aurait plus la place.

Cette année, les ouverts ont décidé de sortir sans prendre leurs distances, faisant fi des inégalités. Ils se réunissent toujours de la même façon et ça leur suffit. Comme je les approuve !

jeudi 3 septembre 2009

Le haut mal

Après les bas maux de ces derniers temps (j'ai cumulé arthrose, rhume, gastro, hémorroïdes, dents de sagesse, menstrues douloureuses et migraine, bref : tout le dictionnaire médical sauf l'hydarthrose des femmes de chambre), c'est le haut mal qui frappe à ma porte. Jusqu'à présent, je ne me comptais pas dans les 1% de la population susceptibles de se transformer sans avertissement en spectacle gesticulatoire.

Ce matin, quand mon fils m'a annoncé cette invraisemblable nouvelle, j'ai réalisé que mes souvenirs de la veille s'arrêtaient vers 19h, lorsque, confortablement installé' dans un fauteuil, je remplissais avec lui des papiers pour le collège. Quelques fugaces réminiscences provoquées par son récit et des courbatures inhabituellement localisées ont eu raison de mon incrédulité.

Au contraire, me savoir épileptique éclaire un mystérieux comportement nocturne qui remonte à plus d'un an ; au cours de la nuit, j'étais soudain devenu' tout' raide, la mâchoire fortement serrée et impossible à réveiller. J'avais attribué cet épisode au bruxisme qui m'affectait à l'époque.

Bon, et maintenant ? Il faut que je me soigne : l'épilepsie abîme le cerveau et je n'ai pas prévu de devenir gâteu' ces douze prochaines années. Mais pas question pour autant de faire une place à raisonnable dans ma vie. Je n'ai pas non plus prévu de vivre à demi. Ah, je sais : il n'y a pas de plan A. C'est un bon plan ça.

mercredi 2 septembre 2009

Recette : le gâteau de rien

Ingrédients : un peu d'ombre

Matériel : un moule à gâteau

Temps de préparation : variable

Posez un moule à gâteau dans un endroit sombre. Laissez reposer. Un peu plus tard, passez à côté et regardez votre moule du coin de l'œil. Cette opération est la partie délicate de la recette : il faut voir le gâteau dans son moule. Dès que vous y êtes arrivé', c'est prêt. Sa conservation étant problématique, le gâteau de rien doit se déguster rapidement.

Tête de caillou

tête de caillou J'me suis coupé les tifs ! Sauf une petite ligne sur la nuque. C'est tout doux.

dimanche 30 août 2009

Ménage d'anniversaire

Une fête d'anniversaire est une occasion parmi cent autres dans l'année de passer une soirée entre copains. Un peu différente, certes, parce qu'être au centre de l'attention, attirer sourires, cadeaux et souhaits absolument immérités, est terriblement gênant.

Mais c'est aussi un excellent motif pour faire le ménage. Nos trois anniversaires et le nouvel an ne semblent stratégiquement disposés aux quatre coins de l'année, qui ne s'en connaissait pas tant, que pour nous fournir une bonne raison de récurer jusque dans ceux de l'appartement, de coins.

Est-ce à dessein combiner cette sorte de temps, l'immuable cycle de la crasse et de la serpillère, avec celle, plus redoutable, du temps qui file et ne revient pas, pour tenter d'en dissimuler la sourde menace ? Peut-être. En tous cas c'est propre, nous voilà tranquilles pour trois mois.

vendredi 21 août 2009

Resistentes

Des amies se retrouvent une ou deux fois par an, amenant à chaque fois d'autres amies. Un lieu pour parler de nos vécus de femmes ou simplement être ensemble, s'affranchir du poids des rôles de genre au moins un peu, au moins cette fois.

Même si de tristes circonstances ont assombri ces quelques jours, cette expérience m'a réchauffé le cœur. Et même, a changé quelque chose. Quoi au juste ? Difficile à dire. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'est impossible de faire comme si rien ne s'était passé.

Les visages des femmes que j'ai rencontrées là-bas me visitent, je voudrais leur sourire mais je sens toute une journée de soleil, de marche et de hasard nous séparer ; peut-être que si j'étais rentré' en train elles me sembleraient moins loin.

De retour sans en être revenu', je hante ma vie en songeant à ce possible et plutôt que de me faire rêver, il me fait espérer.

mardi 18 août 2009

De retour

Ahhh... *se frotte sous le nez* ça fait du bien de se connecter. Je n'ai même plus l'air d'un' geek, j'ai bronzé en stop. Maintenant que j'ai bien vu le soleil, je me replonge dans le monde bleu néon du peuple cyber. Encore quelques prises de tête sur Wikipédia et je pourrai décrocher pour dormir avant le petit matin.

Comme tous les moments trop denses, j'ai du mal à attraper ce que j'ai vécu par un bout pour le raconter. Demain, peut-être.

samedi 1 août 2009

Cure IRL

Je n'aurai pas internet pendant deux semaines. Une expérience intéressante. Vais-je courir au cybercafé le plus proche (au moins à quarante bornes, je parie) au bout de trois jours ? Attaquer une grand'mère pour me procurer ma dose ? Au collège, quand quelqu'un venait nous causer des dangers de la drogue, on nous disait que ça finissait toujours comme ça. Gare à vous, imprudentes grand'mères qui sortez seules, un portable sous le bras. Adrien' débarque in ze ril laïf.

lundi 13 juillet 2009

Susceptible ?

Terriblement susceptible. J'imagine tout le temps l'image que les gens se font de moi, parfaite ou pas loin, un malentendu terrifiant. Comment pourrais-je être à la hauteur ? Peut-être qu'en faisant semblant, ça ira. Mais les choses ne se passent jamais comme prévu : je me trouve acculé', il faut donner la bonne réponse, là, tout de suite, sinon je serai démasqué', sinon... sinon...
Ou alors c'est un faux-pas. Sans prévenir, le cours du temps se retrouve suspendu, on me regarde avec cet air "Non ? C'est toi la chose qui a dit ça ?". Le temps alors ne veut pas repartir, tout est cassé, et c'est moi, c'est moi qui ai tout cassé.
Il peut arriver des choses terribles si je ne contourne pas les passages difficiles, si l'image qui me recouvre se déchire. Pourtant ce risque, parfois, je le prends sciemment. Je m'avance vers une ouverture, un passage lumineux en direction d'un monde où chaque pas est facile, où le sol ne se dérobe jamais. Il faut la confiance du funambule.
Alors oui, si je dis une énorme bêtise, un truc vraiment à côté de la plaque, et qu'on se moque, je me fâche.

vendredi 10 juillet 2009

L'été du gréviste

Voilà, je l'ai mon bout de papier. On vous l'avait dit que les bloqueurs ne sont pas les payeurs.

Espaces fonctionnels : 12. Théorie des groupes : 14. Projet : 16. Confortable.
Calcul différentiel : 4,5. Théorie des probas : 4. Aie.
Hé non, on ne peut pas manifester, aller à deux AG et quarante réunions par semaine, distribuer des tracts, etc, et s'en sortir dans toutes les matières. Ce n'est pas une surprise. Et tu fais quoi l'année prochaine ? Un master ? Ouille !

Dans d'autres domaines, avec des lacunes, on peut continuer à avancer et s'en préoccuper un peu quand on veut. En maths, être plombé dans une matière, c'est être plombé dans au moins une matière l'année suivante.
En outre je me mets à la socio et j'aimerais bien couper à la première année, ce qui implique d'arriver en ayant bossé le cours et lu les auteurs au programme. Hors de question donc, de me tourner les pouces cet été.

Parvenir à cette conclusion est chose aisée ; restait à la mettre en pratique. J'ai eu beau me lancer dans mes révisions dès le lendemain des partiels, mon corps épuisé par l'intense mobilisation de ces derniers mois a protesté (sous forme de jambes impossibles à déplier) et réclamé des vacances.
Le compromis actuel est très confortable : une dizaine d'heures de boulot par semaine. Du repos. Encore deux semaines comme ça et j'aurai vraiment du retard.

dimanche 28 juin 2009

Le mammouth est un animal à poils laineux.

C'est bientôt l'été, saison d'affrontements discrets mais rudes entre poilu.e.s et tondu.e.s. Entre peaux de poulets et peaux de singes. Soyons d'une partialité révoltante, c'est si bon : le singe est plus mignon que le poulet, sans parler de l'intellect.

Holà ça part mal, je n'arrive pas à rester sérieux plus de trois mots. Et j'ai pas pris de chiantos. Recentrons le propos.

Ce que je voulais vous demander, c'est : Vous en faites quoi de vos poils pendant l'été ? Je suis sérieux. Vous n'imaginez pas le nombre de gens qui partent en vacances sans eux, quitte à être plus que nu.e.s, ou plus nu.e.s qu'à poils, vêtu.e.s qu'illes sont d'une artificielle glabritude ? glabrité ? un truc comme ça. Et qui disent que les poils c'est sale. Et qui même paraît-il insultent les poilu.e.s à la piscine. Pas moi, illes n'osent pas.

Chacun fait ce qu'il veut, ouaip. Jusqu'au jour où ne pas s'épiler demande confiance en soi et surdité sélective. C'est laid un corps au naturel ? Peut-être parce que ça rappelle qu'on est des animaux, c'est choquant dans une société où les animaux sont maltraités sous prétexte de différence fondamentale avec l'espèce homo babylis. Peut-être que les femmes n'ont jamais vraiment obtenu le droit de montrer leurs jambes, leurs poils aux mollets qui sont l'apanage de la virilité.

A poil les nœuds ! Mouarf. Métonymie ? A poil seulement ceux qui ont des nœuds ?

mardi 23 juin 2009

Des profondeurs athées de mes vieux carnets

Heureux ceux qui font de l'hypotension,
car ils n'ont pas besoin de croire pour s'agenouiller.

Ce matin après avoir retrouvé ça, qui m'a beaucoup amusé, je me suis levé sans vertige mais sans verticalité non plus : mes guiboles se vengent pour les courbatures et refusent de se déplier, me contraignant à une danse simiesque. Décidément, qu'il est difficile de se tenir debout !

vendredi 12 juin 2009

Rentable de jardin

Voilà longtemps qu'on ne me l'a pas posée, cette question qui revenait souvent il y a quelques années : ça sert à quoi les maths ?

Le peuple de Sarkozy tout entier hausse les épaules. Si il y a bien une discipline universitaire dont l'utilité n'est pas remise en cause, c'est les maths. Même la physique peut sembler suspecte d'improductivité, avec ses regardeurs d'étoiles ou de gluons sur le dos du contribuable, mais les maths c'est du sérieux. Tout le contraire de la poésie par exemple. La question ne se pose même pas, d'autant que la réponse risquerait de surprendre.

Aujourd'hui on me demande plutôt : elles servent à quoi tes études, dans le cadre de ton projet professionnel personnalisé d'insertion réussie sur le marché du travail vers un emploi stable et bien rémunéré ? (Je rallonge à peine et ne souscris point à l'implicite évidence d'un tel projet.) La réponse n'a pas changé : à rien m'sieurs-dames, à rien qui serve à quelque chose.

samedi 30 mai 2009

Boris Crack revient parmi les siens

girafe.jpg
Boris Crack est de retour, le Québec dans ses valises en la sulfureuse personne de Berta K. Ensemble, ils mènent girafes et spectateurs au bord d'un grand mystère : l'amour. C'est quoi cette chose, est-ce que c'est rose et peut-on le commander à la Redoute ? J'en doute.
Un texte résolument pas moderne nous éclaire sur ces questions : si il est dans l'ordre naturel des choses que les femmes serrent les dents quand vient le moment d'éteindre la lumière dans la chambre conjugale, il convient que leurs époux en aient conscience et savourent leur mâle privauté à sa juste valeur... et avec modération; l'acte ne doit pas être frustré de sa destination première, la procréation étant l'accomplissement et la gloire du sexe futile.

Ponctuée par le vrombissement d'une machine à coudre et la suspension toute ménagère de pages de l'évangile à une corde à linge, de navrante la lecture devient réjouissante. Une spectatrice est prise d'un interminable fou-rire. Sorti fumer, j'en découvre la probable cause. La dame a amené son fils de dix-sept ans à un spectacle qu'elle pensait convenable, elle est choquée par son caractère pornographique. La pastorale des futurs époux serait-elle trop osée pour ce grand garçon ?

Notre conversation tourne vite au matraquage traditionaliste sur la terrible "masculinisation" des femmes de notre époque. La famille est en danger ! Les valeurs se perdent ! Et les claques ? C'est tout juste si je pense à protester, médusé que je suis par ce splendide spécimen d'une espèce que l'on pourrait croire éteinte -elle n'hésite pas à citer au premier degré des passages lus dans une évidente dérision.
Le décalage flagrant avec l'intention des artistes m'amène -après son départ précipité : le cher fils en a bien assez entendu- à formuler l'hypothèse que ce fou-rire était un rire des fous : un rire de gêne destiné à contrecarrer la subversion de cette lecture impie. Un hommage donc, à Berta K et Boris Crack qui ont su fourrer leur nez dans les petites affaires de l'amour.

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