L'enragé'

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mercredi 2 février 2011

Le minou, l'athlète et le gène SRY - Sur quoi repose la définition d'une identité ''femme'' ?

On le voit avec la controverse qui entoure la légitimité de certaines athlètes à concourir dans la catégorie que leur a pourtant fait attribuer une lecture dualiste de leur apparence physique : la féminité n'est pas si simple à établir qu'on l'entend souvent prétendre.
Est-on une femme quand on a l'air d'une femme, quand on a un minou, quand on a des chromosomes XX, ou seulement si ils ne portent pas le gène SRY ? Et ces questionnements lourds d'enjeux sportifs s'assortissent d'une série d'épineuses décisions. Doit-on accompagner chaque exclusion de la catégorie féminine, d'une rectification d'état-civil ? Mais alors, faut-il considérer que ces athlètes sont des hommes, en l'absence d'un organe qui a toujours été présenté comme l'indispensable support de la virilité ?
D'autres critères pour caractériser une femme se font jour avec ces problématiques : peut-être, après tout, est-on une femme quand la sage-femme s'est exclamé : "C'est une fille !". Ou quand l'officier d'état-civil a coché la case F sur son formulaire. Peut-être même, puisqu'on en est là, est-on une femme quand on se dit femme.
Dans ce cas, quid des tracasseries et des embûches gratuites dont est encore parsemé le parcours de changement d'état-civil des trans ? (J'écris trans pour souligner qu'illes ne sont pas toujours transsexuel's par choix, mais parfois simplement pour avoir des papiers qui ne leur imposent pas leur genre de naissance : transgenres ou agenres desquel's la loi française exige qu'illes subissent de la chirurgie lourde pour reconnaitre leur identité).
Ne se souciant pas réellement de cohérence, la normativité transphobe a encore de beaux jours devant elle.

mercredi 12 janvier 2011

Déjeuner en paix

Pendant que la Tunisie se soulève (des dizaines de morts, et c'est une bonne nouvelle) et qu'on ne sait toujours rien de ce qui se passe en Islande, pendant que nous digérons tranquillement notre repas de réveillon, le pays que j'habite (Pourquoi dirais-je : "mon" ou "notre" pays, quand je constate tous les jours que je ne puis y accueillir qui je l'entends, ni empêcher qu'on m'y filme et qu'on m'y espionne ?) leur pays donc, continue les expulsions. Voilà, c'est tout, ce n'est pas une grande nouvelle. Je m'étonne presque de pleurer encore.

dimanche 9 janvier 2011

Je ne suis pas une femme

Je ne suis pas une femme, parce que je dis que je ne suis pas une femme.

Je ne suis pas une femme, parce que parmi les humain's né's avec un destin de femme, il en est maintenant, et j'en suis, qui sont suffisamment empuissancé's pour que ce dire soit totalement performatif, pour que le genre, qui n'est qu'une idée et son expression, se trouve détourné par cet énoncé.

Je ne suis pas une femme, parce que ces jambes poilues sont mes habits de non-femme ; parce que mon prénom réépicénifié : Adrien-ou-Adrienne, n'est pas un prénom sous lequel on peut trouver une femme. Bien sûr, ce n'est pas non plus un prénom sous lequel on peut trouver un homme, et ce visage glabre m'est un habit de non-homme.

Mes performances de genre sont faites de bidouillages, à partir de matériaux de récup' (je donne des cours de soutien : care - en mathématiques : cerveau-phallus) et autres (goût pour la provoc', caféïnomanie).

Je ne suis pas une femme. D'ailleurs mon numéro de sécu commence par une lettre, et dans les toilettes publiques, je choisis la porte ornée de l'icône ? .

lundi 3 janvier 2011

Le monde merveilleux du Cap'tain Foudre

Charly_couv_1

Quand j'ai vu Charly Lasalle se faire offrir le vaisseau du Cap'tain Foudre, j'étais à peine plus grand' que lui. Je lisais Spirou et moi aussi, je rêvais parfois d'avoir entre les mains le pouvoir de faire plier la réalité, d'être l'ami' d'un vaisseau spatial intelligent, qui vole vraiment et tire au laser sur tou's celleux qui m'embêtent.
Même si je commençais à comprendre que les choses n'étaient pas si simples et que je ne détenais pas forcément la clef d'un monde juste et heureux qu'il suffirait d'imposer aux autres (oui à six ans j'étais stal', le tout c'est de ne pas le rester).
Charly devient donc l'ami du Cap'tain Foudre, ainsi que l'objectif stratégique numéro un de l'armée française, qui évalue le potentiel du jouet maléfique comme équivalent à celui d'une arme nucléaire et se dote de moyens de capture en conséquence.
Les adultes qui entourent Charly sont des gens ordinaires ; incrédules devant ce jouet en plastique doté d'une vie propre, terrifiés et révoltés par l'attitude de l'armée, illes sont capables du meilleur comme du pire.
Entre la brutalité guerrière du colonel Henrik ("un homme de terrain") et la toute-puissance enfantine de Charly et de son dangereux ami, Catherine Lasalle tente de trouver une issue pour ramener son fils à une vie normale.
Malgré son allure de gentille BD belge et son héros en culottes courtes, cette histoire fantastique où des crabes géants ne laissent d'un personnage de premier plan qu'une succession de détails macabres, pourrait sembler un peu raide pour le lectorat de Spirou mais elle m'a fasciné' et je la lis toujours.

jeudi 30 décembre 2010

Une question de définition

à Fred, qui m'a éventré' sans le vouloir

Qu'est-ce qu'un' humain' ?
Si on fait de l'humanité, non la nature des animaux de l'espèce humaine, mais une qualité, dont ces êtres peuvent être pourvu's ou non, alors qui peut se dire humain' ? Pas moi.
Ô, ne déniez pas l'humanité d'un' seul' d'entre nous, fût-il le pire des mes bourreaux.

mardi 28 décembre 2010

Ce que je sais sur les monosexuel's

C'est juste des gens comme vous et moi. Enfin, je crois, plutôt comme vous.

La monosexualité est ce que Freud appelle une restriction de choix d'objet : l'absence d'intérêt sexuel ou amoureux pour une catégorie de personnes ; en l'occurrence "les femmes" ou "les hommes". Une sorte de perversion sexuelle par la négative. Ceci dit sans jugement aucun : je trouve ça plutôt intéressant, les perversions. Même si celle-ci est si courante qu'on n'y prête même plus attention, voire qu'on regarde de travers celleux qui ne la partagent pas.

Les monosexuel's se classent en deux catégories : les femme-sexuel's et les homme-sexuel's. Non, c'est pas ça ? Zut, je me suis encore trompé'. En fait, illes se classent d'abord comme femmes ou hommes, puis illes se répartissent en deux catégories : d'une part les femmes femme-sexuelles et les hommes homme-sexuels, d'autre part les femmes homme-sexuelles et les hommes femme-sexuels. Mais non c'est pas compliqué du tout, mais non c'est pas tordu. Vous allez voir.

L'idée, c'est que parmi les monosexuel's, certain's sont attiré's exclusivement par des personnes de même sexe : femmes femme-sexuelles et hommes homme-sexuels, et d'autres sont attiré's exclusivement par des personnes de sexe opposé : femmes homme-sexuelles et hommes femme-sexuels (on dit homosexuel's pour les premier's et hétérosexuel's pour les second's, mais je ne veux pas vous assommer avec le jargon du milieu). Alors vous voyez, c'est assez logique finalement.

Certes, ça implique de se définir et de définir les autres comme "femme" ou "homme", si possible systématiquement, sans erreur et de manière permanente. Par exemple, un femme-sexuel qui tombe sur une jolie pute blonde aux jambes interminables, mais avec une pine au lieu d'un minou, sera obligé, soit de la débarquer et d'aller s'en chercher une autre, soit de renoncer temporairement à sa perversion femme-sexuelle. Et si un homme homme-sexuel change de sexe, il change de catégorie sans avoir changé de goût, et son compagnon si il en a un, change de catégorie en continuant à coucher avec la même personne.

Bon d'accord, je reconnais qu'on s'y perd un peu. Mais au fond, ce qui se passe au pieu, c'est leur affaire. La chose importante à retenir, c'est que ces choix, pour exotiques qu'ils nous paraissent, n'ont absolument aucune incidence sur leur comportement dans la vie de tous les jours. Illes ne sont pas particulièrement dévergondé's, ni sales ni plein's de maladies. Et ce n'est pas parce que vous avez un' voisin' femme-sexuel' qu'ille va sauter comme un' affamé' sur la première femme venue. Illes font même, dit-on, de bons parents quand on le leur permet.

Pousser mémé

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samedi 25 décembre 2010

La féminine de service

Avec 1/5 de femmes parmi ses licenciés (et seulement 1/9 chez les adultes), le petit monde des échecs français n'a pas vraiment pris le tournant de la mixité.

Pourquoi les échecs sont-ils si peu mixtes ?

Puisque la question viendra de toutes façons, posons-la sans atermoyer : Qu'est-ce que les femmes n'ont pas ? Précisons crûment : Qu'est-ce que les femmes n'ont pas et qui, chez le joueur d'échecs, est ferme, volumineux et invasif ? Une fois la question posée en ces termes, la réponse s'impose d'elle-même : un ego. Un bon gros ego construit chez les garçons à coups de robots, de pistolets, d'encouragements à jouer des coudes jusqu'à la plus haute marche du podium tandis que les filles sont cantonnées dans le paraître et le care à grands renforts de poupons, de maquillage et de censure de l'autonomie.

Ce n'est pas faute d'essayer !

La FFE propose, avec une candeur qui serait touchante n'était la condescendance patente de ces efforts, toute une panoplie de catégories, championnats, prix et titres spécifiquement féminins, à côté des mixtes. En effet, explique la fédération, si aucune différence de performance intellectuelle n'est intrinsèque au sexe des joueurs, une énorme différence de participation entre les unes et les autres demande un correctif, apporté par la mise en valeur des meilleures joueuses et par des incitations à la participation des femmes.
Fort bien. Mais pourquoi alors, ce traitement de faveur est-il associé par tant de gens aux catégories de l'athlétisme, où le sexe des concurrents influe sur leurs performances ? Imaginerait-on, pour pallier à la sous-représentation des femmes aux postes de pouvoir, un recrutement mixte et un recrutement féminin, une élection mixte et une élection féminine ? Mais me direz-vous, dans ce cas on embaucherait ou on élirait deux personnes pour un seul poste, et l'une de ces personnes serait nettement moins légitime que l'autre. C'est exactement ce que je pense des championnats féminins d'échecs : on n'est ni champion ni championne quand dix ou vingt personnes sont mieux classées que vous.
Si jusqu'à présent les champions du monde d'échecs ont tous été des hommes, c'est qu'aucune des femmes qui auraient pu l'être (et sans doute peu des hommes qui auraient pu l'être) ne s'est consacrée aux échecs comme l'ont fait ceux qui ont obtenu ce titre. Pour remédier à cela, décerner des titres de pacotille est inutile ; le manque d'intérêt des femmes pour une activité à la fois compétitive, guerrière et égotique est directement lié au genre, c'est à dire à l'éducation qu'elles reçoivent et qui est faite pour les en détourner. Le genre masculin n'est pas pour autant exempt de critique : s'il est parfait pour encourager les hommes à jouer aux échecs, il les invalide dans bien d'autres aspects de leur vie.

La féminine de service

La seule mesure véritablement intéressante pour la parité prise par la FFE, c'est l'obligation faite aux équipes de présenter au moins une joueuse (les équipes de nationale 4 en sont dispensées car elles peinent déjà à aligner le nombre de joueurs requis). La pénalité en cas d'équipe entièrement masculine rend plus intéressant de traîner sa grand'mère aux matches pour faire acte de présence que d'ignorer cette obligation, avec pour conséquence effective une présence féminine qui n'existait pas avant.
L'on ne saurait toutefois se contenter de ce résultat. Depuis cette mesure, à quoi ressemble un match d'échecs ? Une longue rangée de tables, sur lesquelles alternent pendules et échiquiers. Devant ceux-ci, tout au long, des hommes. Au bas bout de la tablée, face à face devant le dernier échiquier, les féminines de chaque équipe. Bien sûr, elles aussi sont là pour apporter une victoire à leur équipe ; mais peu importe. N'était ce "F" sur leur carte d'identité, le club disposait de nombreux joueurs plus forts. Elles sont là, avant tout, pour éviter cette pénalité. Et si l'une d'elles ramène un point, ce sera seulement parce que le club d'en face n'a pas trouvé de féminine présentable à lui opposer.

Qu'est-ce qui ne va pas là-dedans ?

Pourquoi, en s'y prenant de la meilleure façon, n'arrive-t-on qu'à un résultat si médiocre, qui reste passablement humiliant pour celles qui en bénéficient ? La FFE est certes une institution sexiste, mais pas plus que le monde qui l'entoure. Une mesure contre le sexisme, isolée dans un océan de sexisme, ne peut pas résoudre le problème contre lequel on la dresse. Il faut, et pour des bénéfices bien plus larges que la parité aux échecs, commencer par donner aux femmes un ego qui réclame des victoires.
Vous regardez la fillette qui vous sourit mais ne vous tire pas par la manche pour garder à tout prix votre attention, et vous vous dites qu'être disponible pour les autres, c'est avant tout une qualité... Vous la ramassez après une chute, et vous vous félicitez qu'elle ne fasse pas de colère, au lieu de trouver qu'elle manque de persévérance et de l'encourager à recommencer son escalade... En classe aussi, elle aura droit à moins d'attention et on ne lui demandera pas non plus de persévérer : réussir n'est indispensable que pour les garçons.

Je pourrais continuer longtemps à raconter comment on fabrique des non-joueuses d'échecs, à peine de quoi recruter la féminine de service, et des joueurs d'échecs à la pelle, à partir de bébés habillés en rose ou en bleu. Mais je veux seulement dire : Arrêtez ! Faites-en des humains, rien que des humains.

jeudi 2 décembre 2010

Bankrun : mardi 7 décembre, on vide les caisses !

Les banques ont-elles l'argent qu'on leur prête ? Certes non ! Quand A est à découvert, elles lui facturent (fort cher) l'usage d'un argent qui est celui de B, et pas le leur. Alors voyons un peu comment elles feront pour vendre cet argent si on ne le leur prête pas.
Mardi 7 décembre, on retire tout notre fric des banques. Qui ça on ? Tou's celleux qui en ont assez que les nantis et les multinationales spéculent avec la laine qu'illes nous tondent sur le dos. Annoncée mondialement, cette action sera aussi un test, à la fois pour le niveau de mobilisation qu'elle pourra obtenir et pour l'impact qu'elle aura sur le système bancaire.

mercredi 1 décembre 2010

Fanatique

L'usage du mot enculé comme insulte est l'une des violences normatives les plus répandues, je ne m'y fais pas et il paraît que c'est mal. Je proteste gentiment, une fois, deux fois, dix fois. Et puis je m'énerve : je demande à l'insupportable perroquet pourquoi il est si fier d'être puceau du cul, je lui rappelle que l'hétérosexisme tue, et là, paf, je suis un' fanatique.
J'explique que mon indignation est de même nature que celle que peuvent causer des propos racistes -par bonheur nous avons au moins ça en commun- mais il ne reviendra pas sur le terme. Fanatique. Même pas mal.
L'humour qu'il partage avec ses copains ne m'est pas accessible, je suis l'emmerdeur' de service, le dragon qu'on évite de réveiller tout en échangeant des regards complices dans son dos. Et puis merde. Pourquoi j'essaie ? De quoi est-ce que j'espère convaincre des gens comme lui ?
On peut tirer l'échelle, alors je me tais. C'était le but. Je vais digérer ça dans mon coin et essayer d'avoir encore un peu de niaque la prochaine fois, de ne pas écouter la petite voix qui me dit de laisser pisser au lieu de pourrir l'ambiance et de m'attirer des insultes pareilles, tout ça en vain. Fanatique. Merde alors !

dimanche 21 novembre 2010

Empêchement

Voici un mois que je n'ai rien écrit. Depuis que quelqu'un qui se prétendait mon ami m'a agressé' pour la deuxième fois et m'a terrorisé'. Je lutte pour sortir de ce silence, de cette confusion qui plonge mes mots dans un brouillard mortifère. Comme je ne veux parler de rien d'autre, et que je ne veux pas décrire ici, de la manière qui s'imposerait à moi, ce que j'ai vécu, je vais vous parler des livres de Marie-France Hirigoyen.

En manière d'introduction, je vous recopie ce que, m'interrogeant sur le titre que j'ai choisi pour ce billet, j'ai trouvé dans le Robert historique de la langue française.

EMPÊCHER v.tr. est issu (v. 1120, empeschier), comme sa variante ampagier (XIIIe s.) du bas latin impedicare prendre au piège, entraver, dérivé de pedica piège pour prendre les animaux par la patte, lui-même dérivé de pes, pedis (pied).
Le verbe a d'abord eu le sens repris du latin de mettre (qqn) dans l'impossibilité d'agir, entraver et s'empêcher (v. 1160-1174) s'empêtrer, s'entraver, acception qu'il conserve jusqu'au XVIIe siècle. Il signifie parallèlement mettre obstacle à ce qu'une chose ait lieu (1297), toujours en usage, alors que l'expression empêcher le chemin barrer la route (XIVe s.) a disparu. Au XIIIe s. apparaît l'emploi aujourd'hui courant du verbe suivi d'un infinitif : empêcher (qqn) de (faire qqch.) puis, au début du XVIe s., empêcher que (1534), ordinairement suivi de ne et du subjonctif. De là les locutions il n'empêche que, n'empêche que et familièrement n'empêche.
Empêcher qqn a signifié le gêner moralement (1415) et l'occuper (1538). La forme pronominale s'empêcher réapparaît à la fin du XVIe s. (1580, s'empêcher de) avec le sens de s'abstenir, se dispenser de, qui a fait place à celui de se retenir de. EMPÊCHÉ, ÉE adj. a eu des emplois variés, liés à l'idée d'entrave. L'adjectif a signifié accablé (1283), encore au XVIIe s., et être empêché de embarrassé (XIVe s.) s'est maintenu jusqu'au XIXe siècle. ...

Marie-France Hirigoyen a écrit Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien, un livre indispensable, un précieux secours qu'elle a décliné en Malaise dans le travail, harcèlement moral : déméler le vrai du faux et Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple.
Vous en lisez un, dans lequel ce qui vous semblait spécifique à votre cas, ce que vous aviez admis comme découlant d'une situation particulière, de la personnalité de votre tourmenteur' ou encore ce que vous aviez, hélas, attribué à vos propres défauts et insuffisances, est minutieusement décrit par quelqu'un qui ne vous a jamais vu'.
Vous comprenez enfin qu'il ne vous a jamais appartenu de mettre fin à cette situation par un comportement plus conciliant, mais que le plus souvent, seule la fuite pouvait vous délivrer.
Vous réalisez aussi que vous n'êtes pas resté' à subir ça par stupidité mais que cette issue vous avait été barrée par la mise en place d'une emprise psychique, véritable lavage de cerveau dont les techniques dignes d'une secte sont maîtrisées avec une effrayante subtilité par nombre de personnes aux dehors anodins.
Et là, vous êtes en colère.

Mais pour salutaire qu'elle soit, cette colère ne suffit pas à vous sortir du puits dans lequel on vous a jeté'. Une fois tiré' des griffes du sinistre individu, la peur persiste. Impressionné' par ce qu'il a été capable de vous faire accepter, vous continuez à lui prêter des pouvoirs surnaturels et à le redouter au-delà de toute raison. De ça aussi, on guérit, quoiqu'avec une douloureuse lenteur.
Ce n'est pas encore fini.

Une fois dressé' à être une bonne victime, vous devenez une proie de choix pour tous les pervers narcissiques dont vous croiserez la route. C'est là qu'intervient ma récente mésaventure. Or les techniques mises en oeuvre dans l'emprise psychique, outre qu'elles vous paralysent de terreur, sont destinées à vous empêcher de penser et de vous exprimer. D'où ce silence.

vendredi 22 octobre 2010

De la correspondance entre organes sexuels masculins et féminins

Dire que « les garçons ont un pénis et les filles ont un vagin » me semble à peine moins nocif que la version précédente : « Les garçons ont un pénis et les filles n'en ont pas ». Un vagin, la belle affaire. La vérité, c'est que si les garçons ont un pénis, les filles ont un clitoris.
Pourquoi dit-on aux filles qu'elles ont un vagin ? Pourquoi ne leur dit-on pas qu'elles ont un clitoris ? Voilà deux questions intéressantes.

Pourquoi le vagin serait-il l'équivalent du pénis ?
Si l'on se place du point de vue de la reproduction, certes, les femmes ont un vagin, au fond duquel le pénis dépose son sperme, qui remonte aussitôt plus haut pour féconder l'ovule et former un embryon qui s'installera lui aussi plus haut, dans l'utérus. Neuf mois plus tard, on reparlera du vagin pour quelques minutes, comme lieu de passage de l'enfant naissant.
Où est-ce que le rôle du vagin est prépondérant dans tout ça ? En fait, le vagin n'a une telle importance que pour permettre au pénis de remplir ses fonctions, de reproduction et surtout de plaisir masculin.
Si l'on se place du point de vue du plaisir, motivation beaucoup plus présente dans les rapports sexuels humains que ne l'est la reproduction, le plaisir féminin existe aussi au niveau du vagin, mais pas le moins le monde grâce à lui : si ses parois étaient abondamment innervées, chaque accouchement serait dramatique !
En réalité, elles sont à peu près inertes et le coït vaginal ne fait que stimuler le clitoris à travers. Les femmes préfèrent souvent une stimulation indirecte du clitoris, mais les parois vaginales sont beaucoup plus épaisses que ne l'est le capuchon du clitoris, une culotte, ou pour donner un exemple qui parle aux hommes, un préservatif.
En définitive, le coït vaginal n'a d'importance dans la sexualité des femmes hétéro que parce qu'il compte beaucoup pour leur partenaire.

Pourquoi le clitoris n'est-il pas présenté comme l'équivalent du pénis ?
Encore faut-il connaître son existence. Le clitoris est un organe féminin dédié au plaisir, qui mesure environ huit centimètres, comporte huit mille terminaisons nerveuses (le pénis en comporte quatre à six mille pour une plus grande surface), se dresse et double de volume quand il est excité.
Tout cela le rend bien proche du pénis, même si ce dernier est chargé de plusieurs fonctions qui sont remplies par des organes féminins distincts : miction, plaisir, procréation. L'autre différence considérée comme cruciale tient à la façon dont l'organe se détend après l'orgasme ; là encore, les femmes ont été bien servies par la nature. Toutefois, ce ne sont pas ces raisons qui sont mises en avant pour refuser au clitoris un statut équivalent au pénis.
D'ailleurs, aucune raison n'est vraiment donnée ; la plupart du temps, on se contente simplement de l'ignorer. C'est d'autant plus facile qu'on explique aux petites filles qu'elles ont un vagin (sous-entendu : rien d'autre qu'un vagin), organe de grandes personnes qu'elles n'ont pas besoin de connaître, et qu'on leur apprend à être honteuses de leur vulve, présentée comme un unique organe servant surtout à faire pipi, que ses plis rendent en permanence suspecte de saleté.
Par la suite, elles commenceront souvent à découvrir leur corps selon l'intérêt qui lui sera porté par un garçon, auquel on aura appris que c'est son pénis qui sert à faire l'amour aux femmes et expliqué la bonne façon de s'y prendre. Pas étonnant si il se focalise sur le vagin de sa partenaire. Il ne s'agit même pas d'un malentendu : cette perception faussée du corps des femmes est hélas couramment partagée par les principales intéressées !

Mais je me suis laissé' emporter et n'ai pas encore répondu à cette double question : pourquoi est-ce ainsi que l'on présente les choses, aux enfants et même aux adultes ? La réponse est bien évidemment politique : le vagin est présenté comme central pour mettre le corps des femmes au service du plaisir masculin et de la procréation.
Au contraire, le clitoris pose la question d'un plaisir donné à l'autre, non par la magie d'une baguette dont seules les dimensions importeraient, mais par des caresses où l'attention à la personne de l'autre est très largement requise. Dans ce contexte, le coït vaginal pourrait prendre sa juste place : l'un des moyens donnés aux amants hétérosexuels de partager du plaisir.

vendredi 15 octobre 2010

Les lycéen's

Venus mardi faire de la manif', la plus grosse qui se soit vue à Besançon depuis vingt ans, illes ont continué : mercredi devant et dans les lycées, puis dans les rues du centre-ville, asticotant les Galeries Lafayette, hier matin au medef (... onçons-les !), hier aprem, après une intrusion à Darty (récemment acquis par la famille régnante), à la chambre de commerce, ce matin à la gare avec les cheminot's...
Organisé's et plein's de vie, très conscient's de la situation (non seulement illes ne manifestent pas pour sécher les cours, mais leurs revendications vont bien au-delà des retraites), attentifes à ne pas se laisser utiliser, et surtout, très déterminé's, les lycéen's que j'ai vu ces jours-ci sont un véritable espoir pour la lutte contre le capitalisme.

dimanche 3 octobre 2010

L'âge du capitaine

Je fume la pipe. Comme bateau, étant la crédulité même j'ai tous ceux que vous voudrez me monter.
Le début de l'énoncé s'est perdu, remplacé par un plus qu'apocryphe ne laissant qu'une question certaine : Quel est l'âge du capitaine ?
Premier indice : ça fait douze ans que j'en ai trente.
Second indice : j'en ai toujours dix-sept.
Remarque : c'est pas sérieux.

mardi 21 septembre 2010

Une bonne nouvelle, pour une fois

La Casa Marulaz et ses nouvelleaux occupant's nous invitent à découvrir comment une maison vide peut devenir un lieu de vie, ce que n'ont pas su faire celleux qui ne vont peut-être pas tarder à se réclamer comme plus légitimes en ces murs.

La Casa Marulaz vous invite !

Installé.e.s depuis une semaine au 24 Place Marulaz (un ancien local syndical abandonné depuis des années), nous avons le plaisir de vous annoncer l’ouverture de la Casa Marulaz. Cette maison sera ouverte, en dehors de tout enjeu politicien, aux curieux (et curieuses) d’alternatives concrètes comme à ceux (et celles) porteurs d’initiatives, qui ne trouvent aucun local pour les faire vivre.

Nous n’avons ni demandé, ni payé pour faire revivre ce lieu car il n’était utile à personne jusque-là… sauf à la spéculation immobilière qui entraine l’augmentation des loyers. Nous pensons que c’est en agissant contre ce genre d’aberrations que nous reprendrons possession de nos vi(ll)es.

La maison restera fermée le temps d’accomplir les formalités administratives mais aussi de rendre les lieux agréables. Cela dit, nous vous convions à la soirée d’ouverture sous forme d’auberge espagnole où nous partagerons nos premiers moments

le 24 septembre à 19h

lundi 13 septembre 2010

Un témoignage

C’est vrai que j’ai fait l’amour à 15 ans. Le jour de mon anniversaire, je me suis offert ça ! C’était avec un garçon qui me plaisait bien sûr. On fréquentait les mêmes écoles, séparées côté filles côté garçon. On chantait bien tous les deux dans la même chorale de l’école. Il était beau, il chantait bien et il faisait très bien l’amour... Cela, je ne le savais pas encore, vu que c’était le premier. Il avait 16 ans et deux jours. On était vraiment adultes...

Évidemment j’ai été enceinte tout de suite. Mes parents ont dit "c’est pas possible ! A quinze ans !" Mais ils n’étaient pas idiots, ils connaissaient pas mal de trucs et mon père m’a amené à Paris pour me faire avorter dans de très très bonnes conditions, chez un médecin.

Seulement papa, il a pris un air très grave et il a dit : "Et tâchez de ne pas recommencer !" Comme information, c’était un peu juste. Pendant la guerre, les préservatifs n’étaient pas fameux. Et puis, bon, on ne voyait pas le danger. Bref, je suis retombée enceinte.

Cette fois, j’ai laissé faire, c’est comme ça que j’ai eu ma fille, à 18 ans. Au bout d’un moment, mon amant et moi on s’est mariés, il a arrêté ses études et il est venu faire les marchés avec nous. Mais le problème de la fécondation n’était pas du tout résolu. On a tout essayé, les injections d’eau savonneuse, avant et après, la méthode Ogino, le retrait, puis ceci, puis cela, tout y est passé... Rien ne marchait. A cause de cette absence de contraception, j’ai avorté 10 fois. Un ami de la famille m’a dit : "Je vais t’apprendre, si tu le fais dans de bonnes conditions ça doit aller."

Il m’a expliqué comment mettre une sonde, en prenant les mesures d’hygiène. Il a très bien expliqué et mon mari a appris aussi. Je n’ai jamais eu de pépins, sauf une fois... Là, j’ai failli claquer. Je croyais que tout était sorti, mais il en restait. Il y a eu une infection rapide, avec une grosse fièvre. J’ai eu peur ! Le médecin était bien ennuyé. En plus, c’était la guerre. Or, c’était un médecin juif, qui s’était réfugié en zone libre. Et bien il ne m’a pas laissé tomber ! Il m’a dit : "Je vais faire tout ce que je peux pour ne pas vous envoyer à l’hôpital." Vous voyez les risques qu’il a pris, lui qui n’avait pas le droit d’exercer. S’il m’était arrivé quelque chose, il allait en taule. Il m’a fait un curetage sur la table de la cuisine. Heureusement, c’était une table avec des rallonges. Sous la table, il a mis une cuvette, tout ce qui sortait tombait dedans. Il y avait du sang partout. Non, je n’ai pas souffert. Il m’avait mis un masque pour m’endormir. J’ai été très bien opérée. Bon, c’était assez dramatique, quand même ; mon mari ne se sentait pas bien. Enfin, ce médecin m’a sauvée, il prenait de drôles de risques. Merci docteur juif.

Mais je n’avais toujours pas les moyens de ne pas recommencer. En tout, dans ma vie de jeune fille, de jeune mère, et après, dans ma vie de femme libre, j’ai avorté 10 fois. Si ça faisait mal ? Bien sur, on savait qu’on allait avoir mal. On se demandait aussi à quel moment c’était mieux de le faire. On avait compris que c’était mieux à partir de trois mois, ça se décrochait mieux, c’est l’ensemble qui sort, parce que avant c’est résistant. Mais ça fait beaucoup plus mal. Les avortements autour de deux mois, ça descend mal, et on ne sait pas si tout est parti ; il sort des petits trucs. C’est pour ça que moi, j’ai failli crever.

En tout 10. Je ne suis pas la seule. A cette époque-là, c’était la débrouille. Ma mère avortait aussi. Ce n’était pas un plaisir, mais il faut savoir choisir entre les inconvénients. Je ne me plains pas, c’est l’instinct de survie. Ce qui est marrant, c’est que je ne suis pas devenue frigide. J’ai eu un seul enfant : j’avais des idées "politiques" très arrêtées. C’était la guerre, et j’ai dit : "Je ne ferai pas d’enfants pour qu’ils aillent à la guerre, j’ai eu une fille par accident ; je n’aurai pas d’autre enfant."

J’ai divorcé. Quand mon ex-mari a eu une deuxième femme, c’est moi qui l’ai avortée. Il m’a demandé si je pouvais le dépanner ; il savait que je savais faire une fausse couche. Je l’ai fait pour elle, pas pour lui. Cela s’est bien passé. Mais elle, elle avait la trouille. Ensuite j’ai fait des avortements, quand des femmes venaient me voir et me le demandaient. J’ai même fait un avortement sur la fille d’un gendarme. Je sais pas si vous voyez.

Parce que quand même, j’ai été dénoncée un jour. En 1950. C’était complètement fou ! La femme d’un copain croyait que j’étais la maîtresse de son mari. C’était faux. Lui avait dû trop parler. On a toujours tort de raconter des trucs comme ça. Elle m’a dénoncé à la police. J’habitais Paris, à cette époque. Les flics sont venus m’arrêter chez moi.
- Police. Suivez-nous !
- Qu’est-ce que j’ai fait ?
- On va vous expliquer.
Ils ont vidé mon placard de correspondance. Ils ont cherché mon matériel, il était bien caché, je ne vous dirai pas où. C’était le matin, de bonne heure, ma fille n’était pas encore partie à l’école. elle avait 12 ans. Les flics lui ont dit : "T’en fais pas ; ta mère va rentrer."
Je lui ai dit : « Ne t’inquiète pas, ils se trompent, ils viennent chercher quelqu’un d’autre. » Elle a été impeccable, elle n’a pas bronché. Et quand elle est rentrée, j’étais là.

Bref, je me suis retrouvée Quai des Orfèvres. Je suis tombée sur un flic qui n’était pas bête du tout, il y en a quelques uns. De temps en temps, il me disait : "Madame, je ne suis pas si bête que ça, voyons..." Mais je n’étais pas là pour cracher : je suis une avorteuse. D’abord je ne me suis jamais considérée comme telle. Et puis, il ne faut pas en dire plus qu’ils ne vous en demandent. N’empêche que j’avais un peu la trouille, parce qu’il y avait des lettres qui disaient : "Madeleine, excuse moi de te le redemander, mais j’aurais besoin de ton matériel." Finalement, on a trouvé un compromis, j’ai dit le minimum, j’ai avoué pour ce cas-là. Je n’ai pas dit que j’avais fait je ne sais combien d’avortements !

Je suis passée devant un tribunal. J’avais un excellent avocat, il a été parfait. J’ai été condamnée à deux ans de prison avec sursis. Comme j’avais beaucoup d’amis, ils se sont cotisés pour payer l’amende, parce que moi, je n’avais pas un rond. Donc je n’ai pas fait de prison.

Ce qui m’a rendu service, question contraception, c’est que j’ai eu un cancer. Quand j’ai été opérée d’un sein, le médecin, qui n’était pas idiot m’a aussi enlevé les ovaires. Résultat : j’aurais pu faire l’amour toute la journée et toute la nuit. C’est dommage, je n’en ai pas assez profité, c’était un peu tard. Mais ça m’a rendu service quand même. Car tout ça, ça ne m’avait pas enlevé l’envie de faire l’amour. Il y a une espèce de petit jeu, on joue avec le danger, on va s’en sortir ! Mais pas à tous les coups...

De toute façon, à un moment, ça me pesait un peu. Je voulais que les médecins se mouillent, que, lorsqu’ils voyaient une femme en difficulté, ils aient l’humanité de la sortir de là. Que ce ne soit pas toujours nous qui fassions le boulot.

Je militais au MLAC. Il n’y a que comme ça qu’on pouvait s’en sortir, pour avoir des contraceptions. On faisait du bon boulot, toutes ensemble. On tenait un stand sur le marché d’Aligre. Il arrivait que les femmes viennent nous voir et se mettent à pleurer. Elles disaient : "Enfin, on en parle !" Les permanences ont été un grand lieu de conscientisation des femmes. Et nous, heureusement, on n’avait pas peur, même si c’était interdit.

A un moment donné, j’ai été au PSU, mais faut dire la vérité : mes opinions sont plutôt anarchistes. Anarchiste collectiviste, on ne peut pas se libérer tout seul. Pendant la guerre d’Algérie, j’ai souvent planqué des Algériens dans ma maison, ils dormaient dans mon entrée, à cause du couvre feu. Les flics venaient interroger ma concierge. J’ai un dossier comme ça !

Je ne pourrais jamais me refaire une virginité.

Extrait de Paroles d’avortées, pioché dans Les témoignages des chattes sur cette mine qu'est Infokiosques.net.

mercredi 8 septembre 2010

L'Art de retour dans le pré

Sharon et Richard savent réunir de belles choses et des coeurs purs dans une ambiance exceptionnelle. Ce furent de nouveau trois jours magiques, où j'ai découvert et retrouvé de nombreux artistes (je savais que Vanni ne pourrait pas venir, mais je n'ai pu m'empêcher d'espérer) et où j'ai écrit et partagé le plaisir d'écrire.

L'une de ces rencontres a été particulièrement féconde. Du haut de ses quatorze ans, Lucy sait ce qu'elle veut ; elle aime lire, écrire, se passionne pour les vampires et compte bien devenir écrivain. Elle et sa copine Julie se sont prêtées au jeu de l'écriture collective et nous avons imaginé l'histoire de cette jeune femme. Voici le résultat de ce moment de partage jubilatoire :

Renaissance

Ainsi, voilà ce qu'on ressent : ce feu qui envahit mon corps ne me fait pas souffrir, bien au contraire ; il me remplit de confiance et de force.
Je sens une plénitude inconnue me gagner... et me perdre. Est-ce vrai, ce que l'on dit des nôtres ? Suis-je devenue un monstre ?

En le voyant, j'ai songé qu'il était tout sauf monstrueux. Immédiatement, j'ai eu cette certitude, que je pouvais abandonner ma vie entre ses mains.
Quelle force guida mes pas en ces lieux ? Il me semble que je n'ai vécu jusqu'à ce jour que pour recevoir ce sang précieux qu'il fit couler entre mes lèvres.

Mon passé se brouille, comme ce reflet dans l'eau, mon image qui peu à peu disparaît. Ai-je eue une mère ? Ai-je eu un père ? Un fiancé ? J'ai soif...

J'ai aussi écrit un texte d'après un tableau de Jean-Louis Hubschi.

La ville

La ville

Viens !
Parcours mes rues, foule mes places. Le monde commence ici, ou presque.

Immobile, interdit, l'arrivant écoute la rumeur des lieux.
C'est vrai, pense-t-il : je viens de nulle part. Mais, ville, ne sois pas si impatiente à m'engloutir. Laisse-moi t'écouter, te sentir, laisse-moi t'observer, imaginer la suite.
Bientôt, j'avancerai vers toi. En hâte, en fièvre, je marcherai dans tes rues. J'irai jusqu'à cet immeuble, jusqu'à cet autre, et celui encore. Je me dévisserai le cou, je voudrai tout voir de toi.

Peu à peu, j'apprendrai ta géographie. Cette fenêtre, là-bas, ou celle-là peut-être, sera celle d'un ami. Et cet immeuble, ce sera chez moi.
Je connaîtrai par coeur la course du soleil sur tes cimes, la caresse de ses premiers rayons sur tes lieux familiers.

Oui, pense-t-il, le menton pointé vers le soleil levant. Ce sera là : chez moi.
Puis il se met en marche, il entre dans la ville.

mercredi 1 septembre 2010

Poème à deux sous

En fouillant dans mes carnets pour amener quelques textes pas trop pourris à L'art dans le pré (vous savez, quand c'est pour les montrer, tous vos textes vous jouent soudain le sale tour d'être complètement nuls), j'ai retrouvé celui-ci, qui me plaît bien avec son ton benêt et ses rimes naïves.

Faisons briller la Sarkozie
Tiens ! Un flic sous mon lit.
(ça pue l'ul, ces temps-scie)

Faudra qu'je mette
Partout
Des tapettes
Des pièges à loups.

Pour appâter, facile :
Un caténaire
Du Baudelaire
Faisons l'imbécile.

Ah d'ailleurs : ça fait longtemps que je ne vous ai pas rappelé l'adresse de Plumes, cet accueillant (j'espère) petit forum d'écriture, où je poste des textes un peu plus sérieux.

jeudi 19 août 2010

Admettre l'épilepsie

J'émerge étonné' de plusieurs jours de brume. Des souvenirs se collent aux mots ; j'ai bien vécu ça, et ça, mais quoi entre ? L'épilepsie : quatre crises de suite. Ma langue porte une vilaine entaille violacée. Pas de courbatures cette fois, juste une énorme migraine et la comprenette en berne. Le souvenir d'en avoir eu le pressentiment n'est qu'un mystère de plus, à éclaircir avec les docteurs... Depuis le temps que je dois me faire scruter la cervelle, et qu'à la place je fais semblant de croire que ça va s'arrêter tout seul. Mais non : si je peux sans erreur attribuer l'apparition de mon épilepsie au stress que j'ai subi au travail en 2008, à ce stress qui a été utilisé pendant des mois comme instrument de rétorsion à mon encontre, me causant coups de fatigue surnaturels, abominables douleurs intestinales et finalement une vraie grosse dépression, l'arrêt des causes n'annule pas, hélas, les effets.
Me voilà une fois pour toutes victime de ce mal et obligé' de composer avec lui ; me voilà traitant chaque jour avec ma haine redoublée, caressant des projets de vengeance à la hauteur d'une souffrance assez profonde pour me poursuivre jusque dans mon sommeil, des années durant. Je serais le préfet de sarko de responsable de tout ça, je m'inquiéterais.

mercredi 21 juillet 2010

Vorsicht Stufe

De retour de Berlin, où j'ai appris à dire "attention à la marche" et "étoile filante". Vocabulaire peu utile au quotidien, mais c'est comme trouver des cailloux bizarres : je les garde, sans vraiment faire de collection.

J'y ai fait plusieurs séjours très différents : d'abord tourisme en famille la journée, et le soir, tous les lieux où bière et maté coulent à flots. Quelques photos :

Une andouille et son fils, arrivés à minuit à la mauvaise adresse avec un mauvais numéro de téléphone, traînant sous une pluie d'orage un sac de voyage contenant la bibliothèque d'été de la plus jeune andouille, se font tirer dessus au pistolet à eau. Lenhart recueille ses victimes et leur prépare une tisane d'une grande beauté.

Au VoCu (prononcez focou ; cuisine populaire, un lieu de convivialité anarchiste), un grand type amical et froid (combinaison quelque peu déstabilisante) me propose de modeler des objets en grillage. Je fais un avion en papier qui ne volera jamais.

Une danseuse nous invite à filer avec elle à un concert punk après son spectacle. En fin de concert, on reprend tous en choeur un slove dégoulinant de miel second degré à propos de ce monde tellement gentil, en se tenant par les épaules avec des yeux roses en forme de coeurs. Quoi too much ?

C'est la nuit, nous marchons dans cette ville au calme irréel. L'horizon est traversé de cyclistes silencieux. Schnee Suppe, Sternschnuppe.

Parking de vélos. Dix fois plus de vélos que je n'en avais vu dans toute ma vie.

Je fume des cigarettes "Cabinet".

Micro ouvert féministe. Lectures de grande qualité, je ne comprends pas tout mais quelque chose passe, c'est fort. Incapable d'applaudir, j'ai l'impression que tout le monde le remarque. Qu'il est pénible d'être parano. Ensuite, bonds enthousiastes autour de Karin, innombrables projets d'écriture. Retour en porte-bagage, ma première chevauchée depuis la fois où j'ai cabossé une voiture avec ma tête. Même pas peur.

Le doux Valentin va être expulsé, il donne son frigo. "Je croyais que tu le prenais demain." Il le vide devant nous, s'excuse de ne pas l'avoir lavé alors qu'il est tout propre, nous propose de prendre aussi les épinards congelés. Nous emportons l'engin. Le lendemain, Valentin mange des épinards.

Un soir, la langue nous a manqué pour nous protéger. Deux filles qui ne répondent pas quand on les insulte, une aubaine pour les lamentables machos ordinaires que nous avons croisé. On a eu de la chance, puisqu'on s'en est tiré's "seulement" avec une belle entaille au doigt de ma copine. C'est là qu'a commencé mon troisième séjour : j'ai visité les urgences berlinoises, le commissariat berlinois, la peur de sortir seul' dans les rues berlinoises.

Il m'a fallu deux jours pour m'aventurer seul' dehors. Trois cents mètres, de jour. Ce soir, deux semaines plus tard à Besançon, j'ai senti que ce n'était pas terminé. Les femmes doivent sans cesse défendre leur droit à fouler le territoire mâle, le monde extérieur. Je n'avais pas peur et je ne vais pas me laisser intimider comme ça. Le premier obstacle, ce n'est pas ce qu'on risque en sortant, c'est d'éviter de le faire. Alors je vais sortir, exprès, faire un tour tous les soirs. Une ronde obstinée.

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